Pour devenir votre propre psychologue, il n’est pas nécessaire d’apprendre quelque philosophie magistrale. Il vous suffit, chaque jour, d’observer attentivement votre esprit. Vous examinez déjà quotidiennement des choses matérielles : chaque matin, vous vérifiez la nourriture dans votre cuisine ; mais vous n’examinez jamais votre esprit. Inspecter votre esprit est bien plus important.
Q : Lama, tout comme vous-même, la plupart des maîtres tibétains que nous voyons sont des hommes. Je me demandais s’il y avait des rinpochés ou Toulkous qui étaient des femmes ?
Lama Yeshe : Oui, bien sûr. Hommes et femmes sont complètement égaux lorsqu’il s’agit du développement d’états d’esprit supérieurs. Au Tibet, des moines recevaient parfois des enseignements de femmes qui étaient des rinpochés. Le bouddhisme enseigne qu’il n’est pas possible de juger les gens vus de l’extérieur ; vous ne pouvez pas dire : « Il n’est rien ; je suis spécial. » Sur la base des apparences extérieures, il n’est jamais vraiment possible de dire qui est supérieur et qui est inférieur.
Q : Que dites-vous des drogues qui élargissent la conscience ? Peut-on expérimenter le bardo sous l’influence des drogues ?
Lama Yeshe : Oui, c’est possible ; faites une overdose et très vite vous ferez l’expérience du bardo ! Non, je ne fais que plaisanter. Il n’y a aucun moyen de faire l’expérience du bardo en prenant des drogues.
Q : Que doivent faire les gens en Occident lorsqu’ils ne trouvent pas de maÎtre ? Ceux qui sont vraiment dans cette quête doivent-ils aller en Orient pour en trouver un ?
Lama Yeshe : Ne vous inquiétez pas. Le moment venu, vous rencontrerez votre maître. Le bouddhisme ne croit pas que vous puissiez forcer les autres : « Tout le monde doit apprendre à méditer, tout le monde doit devenir bouddhiste. » C’est stupide ! Forcer les gens n’est pas sage. Lorsque vous êtes prêts, une sorte d’énergie magnétique vous amènera à rencontrer votre maître. Quant à aller en Orient, cela dépend de votre situation personnelle. Réfléchissez bien. L’important c’est de rechercher avec sagesse et non pas avec une foi aveugle. Parfois, même si vous allez en Orient, vous ne trouvez pas de maître. Cela prend du temps.
Q : Il est parfois difficile de trouver un maître. Est-il dangereux d’essayer de pratiquer le tantra, par exemple, sans maître, rien qu’en lisant des livres ?
Lama Yeshe : Oui, c’est très dangereux. Sans instructions spécifiques, vous ne pouvez pas simplement choisir un livre sur le tantra et penser, « Oh ! quelles idées fantastiques. Je veux pratiquer cela immédiatement ! » Ce genre d’attitude n’apporte jamais de réalisations. Il est nécessaire de recevoir des conseils d’un maître expérimenté. Bien sûr, les idées sont fantastiques, mais sans connaître la méthode, vous ne pouvez pas les inclure dans votre expérience, il vous faut la clé. De nombreux livres ayant trait au bouddhisme ont été traduits en anglais. Ils disent : « L'attachement est mauvais; ne vous mettez pas en colère », mais comment en réalité abandonnez-vous l’attachement et la colère ? La Bible aussi, recommande l’amour universel, mais comment intégrez-vous l’amour universel dans votre expérience personnelle ? Il vous faut la clé et parfois, seul un maître peut vous la donner.
Quand votre esprit est étroit, les petites choses vous agitent facilement. Faites de votre esprit un océan
Q : Si, par ignorance peut-être, une personne pense avoir atteint l’Eveil, quelle est sa raison de continuer à vivre ?
Lama Yeshe : Une personne ignorante qui pense avoir atteint l’Eveil est complètement polluée mentalement et ne fait qu’aggraver son ignorance, Il lui suffit d’examiner les actions de son esprit incontrôlé et elle se rendra compte qu’elle n’est pas éveillée. De plus, vous n’avez pas à demander aux autres, « Ai-je atteint l’Eveil ? » Examinez vos expériences. l’Eveil est quelque chose de très personnel.
Q : Que pense le bouddhisme du suicide ?
Lama Yeshe : Les personnes qui mettent fin à leurs jours n’ont pas compris l’intérêt ou la valeur d’être né en tant qu’être humain. Ils se tuent par ignorance. Ils ne peuvent trouver de satisfaction et pensent donc : « Je ne suis bon à rien. »
Q : Le rôle d’une moniale bouddhiste est-il très différent de celui d’un moine ?
Lama Yeshe : Pas vraiment. Ils étudient les mêmes choses et enseignent de la même façon à leurs étudiants.
Si vous n’essayez jamais, vous ne réussirez jamais, mais si vous essayez, vous risquez de vous étonner vous-même