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Critique de Ledraveur


Ce traité* décrivant une méthodologie spirituelle très spécifique, est ciselé et d'une clarté rare sur le sujet, limpide comme un lac de haute montagne, ce qui s'en dégage est frais, vif et puissant, va à l'essentiel dans la profondeur. Il pourfend nombre d'idées reçues et d'incompréhensions malvenues souvent accompagnées de comportements malsains voire scandaleux, contre-vérités colportées par des “sujets indélicats” aux intérêts temporels très divers, qu'ils soient d'origine occidentale ou “tibétaine”, (voire les deux en collusion ?) et autres ! Les interactions entre la culture tibétaine et l'Occident ont donné lieu trop souvent à un fourvoiement fatal dans bien des cas, où il est fait main basse sur cette tradition spirituelle ![1]
Ici, Lama Thoubten Yéshé décrit avec un langage franc et sobre à la fois, les diverses “conditions” du cheminement dans le vajrayana ainsi que le contenu réaliste d'une sadhana liée aux tantras, avec son parcours “d'initiations” (ou “abhisheka” en sanskrit), car en fait il s'agit bien plus d'une “immersion”, voire d'en être “imbibé” !
En outre, il est très clair quant à son positionnement sur ce cheminement (voir page 34) : « Toutefois, à cette époque de transition où les enseignements tantriques émigrent d'Orient en Occident, étudier la langue tibétaine, par exemple, présente de gros avantages. Mais nous ne devons jamais, à mon avis, nous départir de l'idée que le tantra dépasse, et de loin, tout langage et toute coutume. Car ce que le tantra doit nous enseigner, c'est un moyen d'échapper à tous les conditionnements limitant la compréhension de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons devenir. »
Ainsi, bien que se sourçant dans le giron du bouddhisme culturel, le vajrayana en son essence, en est “affranchi” en quelque sorte. Et là, nous sommes en but à de nombreuses difficultés où se sont embourbés très souvent et irrémédiablement ces dernières décennies, divers représentants des clergés de cette tradition orale (ou aurale) en Occident. Les conséquences n'ont pas fini de drainer leurs lots de “désenchantements” !
En outre, il n'hésite pas parfois à pointer du doigts les dangers réels qui jalonnent cette quête intérieure, qui reste une aventure souvent périlleuse et risquée, où la vigilance et l'authenticité de la démarche, sont de mise ! Il précise aussi clairement le problème organique et fondamental qu'est “l'ego” (p. 92)** et donne les contours on ne peut plus précisément de la relation qu'il faut entendre dans l'Inspiration avec le Maître spirituel Vajra, et ce avec une grande pondération, qui dès lors coupe court aux fantasmagories en tous genres à ce sujet !
Il y a dans cette écriture une réelle intelligence de la description des processus concernant la “fin de vie” dans la perspective spirituelle de “l'esprit résident” du corps de vajra, et cela à mettre en oeuvre dès à présent, ne dissimulant pas pour autant les désagréments potentiellement sévères à ce stade de méditation puissante, qui engendrera forcément une forme de prostration des concepts sur soi auxquels nous nous sommes trop souvent fixés ; expérience authentique donc pouvant être qualifiée d'aperçu sur la vacuité, fruit de la bodhicitta, ( ou : “motivation altruiste de travailler au bien du manifesté”) élément fondamental du processus en question ; comment s'inscrire en notre monde contemporain « bodhisattva », tendre vers ce cheminement, et ne pas s'imaginer l'être  !
En ce qui nous concerne nous ne pouvons que recommander chaleureusement ce livre exceptionnel dans l'approche du sujet dont il est question, entreprendre le parachèvement de notre Humanité, là, maintenant où nous sommes !
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* [c'est un ouvrage de référence incontournable si l'on veut aborder sérieusement ce sujet délicat des tantras de la voie du Vajrayana (“véhicule résultant”, ou encore, “véhicule de fruition”), en occident]
**le problème organique et fondamental qu'est “l'ego” (p. 92) : structure organisationnelle de l'enfant dans son développement vers l'être adulte, nécessaire à sa croissance, celle-ci devient un poison quand elle ne conduit pas à la maturité épanouie, étant semble-t-il rarement atteinte dans les faits.
[1] Pour autant que nous avons pu le constater “in vivo”, à travers divers témoignages dignes de foi et dans leur sérieux (des traducteurs occidentaux de tibétains en particulier), ainsi qu'études universitaires, ces entités spirituelles du “bouddhisme tibétain” sont devenues des structures organisationnelles de type féodal, marquées par la roideur d'un intégrisme certain menant au sectarisme fondamentaliste, surnommé par l'écrivain tibétain en exil Jamyang Norbu, “les ayatollahs en robe rouge” ! de fait il s'agit à tous le moins d'un anachronisme très dangereux dans nos contrées !
Lien : http://camisard.hautetfort.c..
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