Regarde. Mes bras. La peau et les os se touchent. Aïe, aïe. Il faudrait rire mais je n'ai pas de muscle pour. Pas de muscle pour pleurer non plus. Je suis une forme osseuse. Moi -cette identité, quelqu'un l'a effacée au buvard. Moi je suis seulement -ma trace.
Si ça avait été possible, j'aurais aimé me débarrasser de ce masque d'homme qui n'avait pas de sens.
La société des hommes m'intimidait. Le quotidien m'intimidait.
Tout m'était une gêne.
Je me suis demandé à moi-même : as-tu un seul désir qui te pousse à vivre ? Mais je n'avais pas envie de répondre, ni par un oui ni par un non. Il m'était difficile de reconnaître ma propre existence.
Et soudain, ça gratte sous mes aisselles. Ah oui ! la cicatrice des ailes artificielles qui m'étaient poussées. Ces ailes qui n'y sont plus aujourd'hui. Des pages brillaient dans ma tête, comme un dictionnaire qu'on feuillette, des pages où l'espoir et l'ambition se sont effacés.
J'avais envie de m'arrêter pour cirer :
Ailes, poussez de nouveau !
Vole ! Vole ! Vole ! Vole encore, juste une fois.
Essayons de nous envoler juste une fois encore.