Spirou se balade tranquillement au marché aux puces lorsque la jeune Ninon vient le supplier de lui trouver un boulot à la rédaction de son journal. Elle est en admiration devant les exploits de Spirou et souhaiterait lui ressembler plus tard.
Elle quitte à peine notre héros lorsque celui-ci reçoit un appel de Fantasio l'enjoignant de le rejoindre dans les plus brefs délais dans sa plus belle tenue de groom ! S'agirait-il d'un bal masqué ? Si on veut… Il s'agit plus précisément d'un procès à l'encontre du journal Spirou ! Un procès ? Oui ! Un procès intenté par des familles qui prétendent que Spirou est responsable des malheurs qui frappent leurs enfants qui ont voulu revivre ses exploits : ceux qui se sont battus comme des bêtes, ceux qui ont sauté du balcon se croyant en apesanteur… Sans oublier des images de sexe racoleur, de la vulgarité ! L'avocate qui accuse le journal de tous ces maux est la splendide Miss Jones qui a séduit la cour autant par ses propos que par la plastique de son corps et sa gueule d'amour.
La décision du tribunal est sans appel : le journal Spirou est condamné à payer 1 million d'euros de dommages et intérêts ! Pour le journal, c'est la ruine assurée ! Mais ne voilà-t-il pas que très heureusement dans la salle du tribunal se trouvait un héros, adulé par Spirou dans sa jeunesse : Gil Coeur-Vaillant, le détective-explorateur. Ce dernier propose à Spirou d'accueillir dans le capital de son journal un investisseur américain qui va sauver l'entreprise de la faillite. C'est pratiquement les yeux fermés que Fantasio et Spirou signent ce contrat miraculeux…
Critique :
Fabien Vehlmann nous livre ici un extraordinaire scénario magnifiquement ciselé où il dénonce les coups tordus employés par des entreprises ressemblant étrangement à ces fonds de placements qui phagocytent jusqu'aux plus grosses entreprises du monde entier. En une histoire, il résume extrêmement bien quelques procédés courants mis en oeuvre par les « responsables » de ces boîtes pour déposséder les propriétaires avec l'aide de brillants avocats qui savent rédiger des contrats pleins de pièges ne laissant aucune issue à ceux qui sont condamnés à les signer.
L'auteur met aussi en scène la petite Ninon et Seccotine, une façon de permettre à la gent féminine d'occuper une place de choix dans les aventures d'un personnage né à une époque très machiste où les femmes ne pouvaient être des aventurières.
Mes seules réserves pour cet album vont aux dessins de Yoann. Les dessins de Spirou passent par tellement de genres qu'on a l'impression qu'une multitude de dessinateurs aux styles différents se sont succédés pour illustrer cette histoire !