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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici un témoignage plus qu'inattendu, puisqu'au départ, Jan Yoors est tout sauf un tsigane : il est un jeune gadjo qui rencontre, un soir, à proximité de chez lui, des femmes, des hommes, des enfants, installés dans un campement. Il sera fasciné par eux, par cette soirée qu'il passera avec certains enfants du camp, au point de les suivre, sans en parler à personne, ni à sa famille, ni à la famille de Putzina, son nouvel ami qui le cache le jour du départ sous des édredons. Six mois de route suivront avant que le jeune Jan ne rentre chez lui, accepté non seulement par Putzina, mais aussi par Pulika, le père du garçon, et le reste de sa famille. Il repartira peu de temps plus tard avec sa famille d'adoption, sillonnant les routes, jusqu'aux jours fatidiques de la Seconde Guerre Mondiale qui signeront des moments difficiles pour les Tsiganes, entre déportation/extermination, interdiction de déplacement, ce qui les poussera souvent à rejoindre la Résistance.

Et ce témoignage, bien qu'il soit de la plume d'un gadjo, est édifiant quant à une vraie connaissance et découverte du monde Tsigane : en effet, le jeune Yan a partagé beaucoup avec sa deuxième famille, pendant de nombreuses années, et il raconte de fait de nombreux évènements qui émaillent son quotidien, de la rencontre sur la route entre membres de la même famille ou communauté, à la difficulté à se faire accepter dans certains villages, en passant par l'organisation des mariages, des funérailles… Il raconte tout cela sans fard, sans, d'un côté, idéaliser l'attrait romanesque que pourrait sous-entendre une vie de bohème pour un jeune homme épris d'aventure comme lui, et sans, de l'autre, faire preuve d'un moindre jugement négatif qui en ajouterait une couche quant aux nombreux stéréotypes racistes dont sont déjà victimes les Tsiganes.

Le regard du jeune belge est, en effet, vraiment impartial, plein d'un relativisme salutaire, comme l'on aimerait le voir plus souvent. Je l'ai, en cela, trouvé particulièrement passionnant, et plutôt bien écrit pour un témoignage qui plus est. C'est donc une lecture que je n'oublierai pas de sitôt.
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.......
C'est un témoignage étonnant d'un jeune belge qui a choisi de vivre avec les Roms avant la seconde guerre mondiale. Ses parents l'ont laissé faire alors qu'il n'était qu'un enfant et il a ainsi grandi au milieu d'une famille Rom. L'explication des relations entre les Roms et les Gadge vu du côté Rom, m'a particulièrement éclairée. de même on comprend mieux pourquoi ils ont la réputation d'être des voleurs de poules et leur rapport à l'argent et aux biens, très différent du notre. le plaisir du voyage, de retrouver les autres membres de la famille, les interdits, les règles de vie , les lois qui sont les leurs et qu'ils ne peuvent enfreindre, tous ses points sont décrits et petit à petit on comprend un peu mieux ce peuple qui n'est pas sans foi sans loi mais a ses lois, ses coutumes et sa foi.

J'ai adoré cette lecture, c'est une vraie ouverture sur le monde, j'en sors plus intelligente, enfin j'espère, et ça se lit sans difficulté. Bien sûr le témoignage date un peu mais néanmoins une bonne partie reste valable à mon avis, ne serait ce que parce qu'il nous ouvre les yeux sur une autre façon de vivre .
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Les Tsiganes, Rom, vu de l'intérieur par un gagje qui ne l'est ou l'était plus, ou encore.
Très intéressant, très riche, très authentique. Même les gens qui ne s'y intéressent pas apprécieront ces tranches de vie et de réalité d'un "peuple" qui véhiculent tant de mythes, de mystères, de cahots...
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Voici un curieux récit, celui d'une jeunesse nomade auprès des Rom Lovara. Un garçonnet de douze ans, Jan Yoors, passe une nuit dans un campement de Gitans puis, n'osant rentrer chez lui après son escapade, décide de suivre le clan où il s'est invité. Nous sommes dans l'entre-deux-guerres, dans les Flandres, et la première fugue de l'enfant va durer six mois, jusqu'à ce que la police arrête ce jeune sans papiers. Suivront bien d'autres départs, avec l'autorisation familiale cette fois, et Jan Yoors deviendra peu à peu l'un des membres de la tribu Lovara.
Ce récit m'a surprise à plus d'un titre. Tout d'abord, je m'attendais à une présentation ethnographique des Tsiganes, ce qu'il n'est en aucun cas. Jan Yoors ne parle pas des Rom, il raconte sa vie parmi les Rom, ce qui fait une grande différence. Il ne rédige pas une somme sur les us et coutumes des Tsiganes, il parle de son errance partagée avec ce peuple. Deuxième surprise, ce qui se vit ne s'explique pas pour autant. Si nous attendons de ce livre une description détaillée des moeurs tsiganes, nous resterons sur notre faim. Jan Yoors nous emmène avec lui sur les routes, mais sans pour autant s'étonner du monde qu'il découvre et nous expliquer son fonctionnement. Sans cesse, je me suis posée des questions sur les femmes du clan : Comment vivent-elles ? Comment s'organisent les rapports entre les deux sexes ? Quel est le rôle de la mère ? Comment décide-t-on des unions ? Comment les époux vivent-ils dans le clan familial ? Or, s'il y a une grande absence dans ce livre, c'est bien celle des femmes. Au-delà de leur accoutrement bariolé, de leurs nuées d'enfants, de leurs talents de diseuses de bonne aventure, on voudrait comprendre de quoi est faite leur existence. Ce silence de Jan Yoors tient-il au fait qu'il ait été intégré non pas au monde des hommes Rom puisqu'il est célibataire, mais au groupe des jeunes gens ? Ou la vision des Rom Lovara est-elle celle d'une société patriarcale peu encline à considérer l'univers féminin ? À la suite de la réunion d'une grande assemblée, Jan Yoors doit être marié à une jeune fille d'un clan ami, mais la rupture des fiançailles nous est présentée de manière ambiguë : Jan éprouve-t-il une peur à lier définitivement sa vie à celle du peuple tsigane, veut-il faire marche arrière tant qu'il en est encore temps ? Ou est-il amoureux de celle qui pourrait être considérée comme sa soeur dans la kumpania, Keja ? La pudeur ou un tabou implicite laisse planer le doute.
Jan Yoors essaie de nous faire ressentir toute l'originalité d'un mode de vie différent du nôtre, la complexité d'un monde que nous abordons avec notre code culturel alors qu'il s'en affranchit totalement. Il laisse entrevoir les multiples écrans de fumée que les Tsiganes ont placés entre eux et les gadje de manière à garantir leur survie dans un environnement qui leur est hostile. Cependant l'errance des Rom est-elle compatible avec des sociétés qui sont de plus en plus technocratiques, surveillées et contrôlées ? Jan Yoors ne peut répondre à cette question, mais il nous montre que l'exigence de liberté est un gage même de l'humanité. Les nazis, en s'attaquant à la diversité culturelle et raciale, ont mis en péril la société humaine toute entière et les Tsiganes, en leur résistant, les ont combattu non pas au nom d'un idéal, mais parce que la liberté est le ressort même de leur existence.
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le livre s'achève par quelques pages sur la seconde guerre mondiale, durant laquelle de nombreux tsiganes ont été exterminés, souligne que certains furent résistants. Il passe sous silence le rôle de Jan Yoors, qui fut agent de liaison entre les Forces alliées et les communautés tsiganes. Ce texte est un témoignage de l'intérieur d'un adolescent qui découvre de l'intérieur la vie des tsiganes (ou du moins des Lovara et des groupes qu'ils croisent au fil de leur pérégrinations), les persécutions dont ils sont victimes, mais aussi la façon dont ils se jouent des "gadge", lors de la déclaration de naissances par exemple, pour obtenir à manger, pour acheter les gendarmes, etc.
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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