Une auteure prénommée Banana qui écrit
Kitchen, je me dis: ça démarre bien, quelle poilade, go.
Evidemment à côté de la plaque totale. Car les thèmes de prédilection de
Banana Yoshimoto tournent plutôt autour du deuil, de la mort, de l'abandon, de la solitude. Oups... Donc de poilade même pas le début d'un soupçon d'une micro-miette ici. Hop, on dégage le nez rouge, on sort les mouchoirs.
Au fil des deux nouvelles, on va donc croiser la mort sous toutes ses formes : maladie, meurtre ou accident, avec cette même conclusion : un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Yoshimoto (on oublie Banana, on se concentre) illustre le célèbre vers de notre Alphonse en jonglant entre violence de la perte de l'être cher et douceur et force des protagonistes. Tous ont en commun d'avoir perdu la personne la plus proche d'eux, leur repère, leur raison de se lever le matin. le monde s'écroule alors, douleur et isolement envahissent les coeurs, le goût de vivre s'estompe. Mais autre point commun, tous sont jeunes, la vingtaine, âge auquel la vie prévaut, les larmes laissant vite place à la perspective de jours meilleurs (âge aussi de l'auteure lorsqu'elle publie
Kitchen). Allez hop, rangez les mouchoirs.
Yoshimoto signe finalement un ouvrage épuré, empreint d'onirisme et débordant d'espoir et de sensibilité bie
n plus que larmoyant ou marqué d'u
n pathos affecté.
Le deuil amènera nos héros à réfléchir plus tôt que prévu sur le sens de la vie, et leur jeunesse, leur optimisme et leur fraîcheur les aideront à surmonter la détresse et se reconstruire. Sans effacer une tristesse palpable et inévitable, l'amitié, l'amour, la sincérité et la simplicité des sentiments apaiseront les douleurs.
La poilade, on l'oublie définitivement, pour ne retenir qu'un doux moment de pureté, de délicatesse et un éloge à la vie avant tout.