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Critique de milan


milan
16 décembre 2017
Ça fait un peu plus d'un mois maintenant que j'ai terminé cette lecture, et ça va faire plus d'un mois maintenant que j'y pense tous les jours. C'est simple, ce livre me manque, et j'ai eu envie de le relire de suite....et si ce n'est mon impressionnante PAL je l'aurais fait. Il est des livres comme ça, qui mine de rien laissent une belle empreinte, pour ne pas dire autre chose. Et justement que dire? ou plutôt comment dire sans trahir, sans insulter? J'ai découvert Mémoires d'Hadrien dans un des épisodes spéciaux de la Grande Librairie où des auteurs et des anonymes parlent de leur livre préféré, et que je regarde avec hâte de découvrir de nouvelles lectures.....mais ça ne marche jamais ( toujours les mêmes qui reviennent)....jusqu'à ce que le livre de Yourcenar soit cité, par je ne sais plus qui d'ailleurs, et ça a fait tilt, comme ça, sans aucune raison particulière, alors qu'en général- sauf rares exceptions- je rechigne à lire des auteurs français. Et environ une année après, il était entre mes mains. Marguerite Yourcenar se met dans la peau d'Hadrien, empereur romain vieillissant qui après une visite de son médecin, écrit une lettre à Marc Aurèle . Et cette lettre- ce "roman" donc- sont bouleversants de beauté. Hadrien raconte à son futur successeur les étapes qui l'ont mené de son Espagne natale à ce jour, à Rome, en passant par Athènes, Antioche, Alexandrie, Jérusalem, et autres villes du nord de l'Europe et du Moyen Orient. Il lui parle de la découverte de la rudesse et simplicité de la vie militaire, des intrigues politiciennes et mesquines de Rome, de la grâce et l'élégance de la Grèce, éternelle symbole de ce que l'homme peut atteindre de plus parfait. Il lui parle de lui même, sans détours, de sa jeunesse et de ses passions, de son désir d'accéder au pouvoir et des angoisses qui ont accompagné cette envie, désir qui ne relevait pas d'un rêve de puissance, mais de la volonté d'agir directement et positivement sur le destin des hommes. Il décrit les pensées et les moeurs des sociétés de l'époque, les analyse sans tabou mais toujours avec bienveillance: la puissante et violente Rome, le bouillonnant et toujours explosif Moyen Orient, et la magnifique mais endormie Athènes. Ses amis, ennemis et membres de famille sont dépeints tour à tour avec un réalisme non dénué de tendresse, mais surtout, lorsqu'il aborde le chapitre de son grand amour Antinoüs de sa fin tragique et de la douleur atroce que sa disparition lui a causé,et bien c'est le plus beau texte d'amour que j'ai eu à lire. Mémoires d'Hadrien est un mélange parfait de fiction romanesque, de biographie et d'histoire avec un grand H. Mais au delà du livre, du personnage, c'est aussi la découverte de Marguerite Yourcenar, auteur que je connaissais de réputation, mais sans l'avoir jamais lu. Cette édition est accompagnée des notes de Yourcenar, dans lesquelles elle nous dévoile et explique toutes les étapes de la rédaction de ce livre, 20 ans de recherches et d'écriture, et elle valent à elles seules la lecture. A travers la découverte d'Hadrien, elle découvre ( et nous fait découvrir) un homme, une époque, des époques, l'écriture, l'humanité, la vie, sa vie et le liens complexes entre tout ça...et c'est sublime. Extraits: " Refaire du dedans ce que les archéologues du XIX siècle ont fait du dehors.", " Prendre une vie connue, achevée, fixée (autant qu'elles peuvent jamais l'être) par l'histoire, de façon à embrasser d'un seul coup la courbe toute entière;bien plus, choisir le moment où l'homme qui vécut cette existence la soupèse, l'examine, soit pour un instant capable de la juger. Faire en sorte qu'il se trouve devant sa propre vie dans la même position que nous." Je pourrais parler encore des heures de ce livre, et ce ne sera pas suffisant, et surtout, je n'arriverais jamais à lui rendre justice. En plus des heures consacrées à sa lecture, il m'a accompagnée dans absolument tous les moments de mes journée, je l'ai utilisé comme bulle dans laquelle me réfugier dans les situations où j'étais confrontée à la bêtise humaine ( et il y en a!!!). Depuis, un mot me vient à l'esprit à chaque fois que j'y pense: apaisant.
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