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Critique de milan


Je me souviens très bien de ce jour, au salon du livre, une première pour moi , où je n'avais qu'une idée en tête: la littérature japonaise. Je n'y connaissais rien, aucun auteur, aucun titre, juste des noms qui me disaient vaguement quelque chose. le seul stand intéressant en ce jour d'ouverture était encore fermé...enfin fermé, il y avait juste un cordon de sécurité contre lequel on était tous agglutiné, se demandant avec impatience ce qui se passait....et en attendant, devant moi, sur un rayonnage du stand, un nom: Mishima.... une rangée entière de Mishima....et tout en panique , je craignais de ne pas pouvoir arriver la première pour tout rafler. Une heure après, le cordon est retiré et je me rue sur les livres, j'ai pris ce jour là plus d'une dizaine de titres sans rien savoir de ce qui m'attendait. Premier livre lu: La confession d'un masque. Un récit autobiographique de l'adolescence de Mishima, celui de la découverte de soi mais surtout de sa sexualité et de sa vision du monde. ça allait jusque là bien que l'univers particulier de l'auteur pointait son nez. Ont suivi Les amours interdites et rapidement tous les autres titres dont la célèbre tétralogie de la mer de la fertilité. Et depuis, je suis à la fois fascinée par cet auteur, bien que je l'aborde à chaque fois avec crainte, parce que trop profond, trop opaque, sans toutefois manquer de plaisir à le lire.....mais persistait toujours ce gouffre d'incompréhension. Des années plus tard, je découvre la merveilleuse Yourcenar, et aujourd'hui dans cet essai sont réunis ces deux étoiles. Dans Mishima ou La vision du vide, Yourcenar analyse à la fois l'oeuvre et le personnage. Elle utilise sa connaissance de son travail, son oeil aiguisé et surtout généreux, mais aussi le contexte personnel, familial et social de Mishima, et donc de tout le Japon qui connait à cette époque de profondes mutations, violentes et trop rapides.Jamais elle ne prétend pénétrer totalement l'esprit de Mishima, elle l'aborde avec respect et sagesse, sans en nier la complexité et la profonde humanité. Elle décortique ses principaux écrits et le rend plus humain que jamais, tout en signalant ses singularités et son génie littéraire et en insistant fortement pour ne pas l'accuser bêtement d'extrémisme ou de fascisme . A un moment elle écrit: " Avant de quitter son bureau, il a laissé sur la table un bout de papier: " la vie humaine est brève, mais je voudrais vivre toujours." La phrase est caractéristique de tous les êtres assez ardents pour être insatiables." Tout est dit. Mishima est loin de tout, il est ailleurs, de façon morbide, pathologique ou géniale peut importe.Encore une fois, et comme ça a été le cas pour Les Mémoires d'Hadrien, dès la dernière page tournée, j'étais prête à relire tout de suite....mais bon...il y a tant à lire....et relire...Mishima par exemple.
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