AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur À vous tous, je rends la couronne (7)

- Taisez-vous, fantoches autoritaires, faiseurs de mots, dompteurs crétins, bateleurs impuissants à ramener la cacophonie en chaos véritable, les vers à la vie, contre ceux qui malgré tout s’échappent du corps, quadrillages sur les hanches, têtes d’épingle, furoncles emmanchés sous la peau et que vous lisez d’une langue inadaptée aux déroulés fleuves. Je ne veux pas que l’on me ferme les frontières de l’invisible, ni faire mien un réel dévasté et preuve, la richesse des galets au regard de la tristesse de vos tombes. Vert marbre contre minéral. Caporal-chef ès miel duveteux contre éboulis. Je vous tuerai tous. Un à un. Et morts, je vous tue sans relâche, et coupe vos gangues.
Commenter  J’apprécie          20
Taisez-vous. Crachoirs, réceptacles de mots prudents, jolis-jolis. Vous, vidanges de ceux que vous preniez malin plaisir à policer. Il n’y a rien de beau au monde crasse. Ou votre bohème. Rien de beau en effet à l’armure que je porte, protection aux claques, et rien de beau non plus, à son clapet qui me ferme.

Regardez mes mains ! Elles passent et repassent sur vos verbes. J’effacerai tout. Tout de ton nom gavé d’éternité.
Commenter  J’apprécie          10
Je ne sais pas ce que tuer voudrait dire. Je le veux pourtant. Je trinque à l’eau de vie une tasse dans chaque main. Puis, toujours accroché au beffroi ou lui à moi, je ne sais plus, je regarde ce chat crevé et au loin, le cimetière où il y a mon père auprès duquel meurt cette part de moi-même qui m’obligeait à me taire ou bien à répéter.
Commenter  J’apprécie          10
Mes langues qui, à coup de grandes pelletées, pourfendent leur atavisme et traquent leurs ombres puisque partout des mots depuis l’enfance. Graphies sur boîtes, étiquettes, chansons, néons clignant de sens, obus, béton, tags, pubs, discours ferrés dans des formules.
Puisque partout, à l’âge d’homme, des mots entravés dans des échafaudages d’architectes sous contrat, de graphomanes nostalgiques, de cultivateurs sédentaires, idiomes promus à la hauteur d’un clocher urbain, lui-même battant prétendument sa coulpe. Hou Hou, doigt tendu. Ah, Ah, la liberté, la Liberté !"
Commenter  J’apprécie          10
Ma première vision se corrode à la réalité, le ventre de l’océan est repu de navires de la marine marchande, de sérieux stratégique, de débarquements tandis qu’à la seconde l’albatros marche dans ses mille ans et boit le noir. Le gras de mon crayon – huile qui me conduit de pointillés en traits extatiques – m’absorbe dans son sillage, bouillonnant, et c’est tout entier que je chauffe, sorcier roux passé à la vindicte des épines dont on me troue le corps pour savoir si je nage ou si noyé, il me reste du temps jusqu’à une nouvelle image.
Commenter  J’apprécie          00
La machine à laver, j’aurais trouvé plus simple. Proche de notre siècle. Moins stupide qu’elle y enfile le linge et qu’elle appuie sur un bouton. Elle le faisait d’ailleurs, une fois certaine d’avoir gagné ses auréoles et de les avoir posées au-dessus de sa tête.
À ma mère, je rends la couronne, je n’en ai besoin d’aucune."
Commenter  J’apprécie          00
Il m’aura fallu attendre longtemps sur le seuil du nom afin de me soustraire d’une langue imprononçable. Ni la mienne, ni celle d’un autre, mais une langue commune : décor défraîchi sur lequel je collais quelques lettres ou, au mieux, des mots qui me venaient de derrière la tête. Je tentais de raccommoder des fluides, matières molles, substances larvaires, exhortant le mou à plus de fermeté, dur à l’image de mon corps tendu, comme cette plaque posée à même le sol, tombeau d’une famille par la mère, là où tout demeurerait inconnu sinon ce qui se disait dans l’incongruité d’un geste habité par la pierre.
C’est aussi celle que j’ai foulée au cimetière. Cette plaque entourée d’herbe. Sur celle-ci que j’ai mis un bouquet de coquelicots fanés piqué de la tombe d’un illustre poète.
Et je profane la langue. Je vole.
Et continue encore à l’affirmer en parcourant les allées ceintes d’aïeux qui, même raides, continuent d’expectorer.
Commenter  J’apprécie          00



    Autres livres de Catherine Ysmal (1) Voir plus

    Lecteurs (3) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3671 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}