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Citations sur Il était une fois Lamartine (26)

La grande affaire de cette année 1840 fût le projet de Thlers en faveur d'un retour des Cendres de Napoléon, encore à Sainte-Hélène.

Mon mari, désormais âgé de cinquante ans, s'y opposa farouchement, seul contre tous, même Hugo : « Si je m'associe, comme Français, au pieux devoir de rendre une tombe dans la patrie à un des hommes qui ont fait le plus de bruit sur la terre. .., je ne me prosterne pas devant cette mémoire ; je ne suis pas de cette religion napoléonienne, de ce culte de la force que l'on veut depuis quelque temps substituer... à la religion sérieuse de la liberté. Je ne crois pas qu'il soit bon de déifier ainsi sans cesse la guerre... Je n’aime pas ces hommes qui ont pour doctrine officielle la liberté et l’égalité, le progrès, et pour symbole un sabre et le despotisme. »

Encore une fois prophète, il assénait qu'il fallait à tout prix « décourager les imitateurs de Napoléon » : « Prenez garde de donner une pareille épée pour jouet à un pareil peuple... Que vous choisissiez Saint-Denis ou le Panthéon, ou les Invalides, souvenez-vous d'inscrire sur ce monument, où il doit être à la fois soldat, consul, législateur, empereur, souvenez-vous d’y écrire la seule inscription qui réponde à la fois à votre enthousiasme et à votre prudence, la seule inscription qui soit faite pour cet homme unique et pour l’époque difficile où vous vivez : A Napoléon... seul ! »

Hélas ! malgré un succès avéré, il ne put convaincre, la monarchie bourgeoise ayant décidé de se réchauffer aux cendres de cette gloire. Le ver était dans le fruit, car ces Cendres étaient des braises.
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Aujourd'hui, il prétend qu'avant la fin du siècle « le journalisme sera toute la pensée » ; « l'humanité écrira son livre jour par jour, heure par heure » ; la pensée « se répandra à la vitesse de la lumière ; aussitôt conçue, aussitôt écrite, aussitôt entendue aux extrémités de la terre... Elle n'aura pas le temps de mûrir, de s'accumuler sous forme de livre; le livre arriverait trop tard ; le seul livre aujourd'hui, c'est un journal. »
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Tout en terminant ses Girondins, destinés à préparer le peuple et se préparer lui-même, « car je serai l'homme d'une société nouvelle », il défendit tour à tour à la tribune le charbon à bon marché, la création de caisses de retraite pour les travailleurs vieillis, mais aussi les Maronites de Syrie ; il allégea l'impôt sur le sel, sauva le théâtre en subventionnant l’0déon, s'indigna contre les folies de la conquête de l'Algérie... Désormais, il assenait ses vérités sans circonvolutions : il fit scandale en lâchant que la Bourse était une escroquerie publique et que, lorsque les actions seraient réparties entre les fortunes, leurs détenteurs auraient gagné le pouvoir !
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Mme de Genlis écrivait qu'une femme ne devait jamais devenir auteur, au risque de perdre la bienveillance des hommes et de sortir de sa classe sans être admise à la leur. Bien sûr, j'aurais pu prendre un patronyme masculin, comme George Sand ou Daniel Stern, mais je suis trop fière de celui de mon mari pour vouloir le substituer. Et si la haute société se montrera choquée qu’une femme issue de la noblesse puisse s'abaisser à écrire, qu'elle se rassure : je ne suis pas de ces pédantes femmes de lettres dont Delphine de Girardin disait qu'elles mériteraient d'être reliées plutôt qu’habillées.
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Après avoir marqué un court répit, il reprit, cette fois en arguant de sa qualité de ministre des Affaires étrangères : « Si vous m'enlevez le drapeau tricolore, sachez-le bien, vous m'enlèverez la moitié de la force extérieure de la France ! Car l'Europe ne connaît que le drapeau de ses défaites et de nos victoires dans le drapeau de la république et de l'Empire ! » Mais il lui fallait encore exercer son don de fascination et trouver cette formule magique pour achever sa démonstration et vaincre les dernières réticences. Se hissant avec prestesse sur une chaise de paille, il proclama cette phrase déjà historique: « Je repousserai jusqu'à la mort ce drapeau de sang, et vous devez le répudier plus que moi, car le drapeau rouge que vous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. »
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Enfin, il s'est éloigné de l'arène, s’est retiré avec dignité, sans une plainte, mais sa fécondité ne s'étiole pas : la politique a été une passion, l'écriture demeure sa vie. Et c'est une étoile qui ne s'éteindra pas. Mon chemin est tracé : humble vestale de son feu sacré, j'ai la passion de défendre l'action de cet Icare égaré en politique, dans l'espoir de m'inscrire en faux contre ces vers de jeunesse, les Méditations, afin que les siècles futurs en conservassent « au moins le souvenir », ainsi que le gravait sa plume dans son poème le plus célèbre, « le Lac », écrit à Aix dans le précieux carnet rouge donné par celle qu'il aima avant moi et qui renfermait aussi ces vers tirés du Golfe de Baya :

« Ainsi tout change, ainsi tout passe ; Ainsi nous-mêmes nous passons,
Hélas ! Sans laisser plus de trace
Que cette barque où nous glissons
Sur cette mer où tout s'efface. »
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C’est à cette période que se tint l'inauguration du Salon annuel de peinture, de sculpture et d'architecture, à laquelle participèrent sept cents artistes dont Ingres, Delacroix, Vernet, Scheffer ou Isabey. Un concours d'esquisses pour représenter une allégorie de la République avait été lancé, mais aucun prix ne put être remis car nul artiste n'avait su la représenter autrement que d'une manière bien trop classique, et surtout sans inspirer d'émotion intime.

C'est peu après que mon buste, dont Alphonse ne se séparait jamais, ainsi que mon opportun prénom unissant les deux plus populaires de la fin du siècle dernier, a symbolisé, sur sa proposition, la Marianne de la République ~ qui n'avait été qu'une idée sous la grande Révolution.
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Lors de notre séjour en Angleterre, où nous nous rendîmes après notre retour en France pour visiter ma famille, Alphonse fut froidement reçu par Chateaubriand, alors ambassadeur à Londres. Celui-ci ne lui adressa pas la parole durant tout le repas, mais Alphonse n'en eut cure, préférant s'extasier sur le modèle anglais, me confiant combien il admirait les magistrats d'élite de ma patrie d'origine et l'élégance des Londoniens. Enfin, il ne manqua pas d'être impressionné par un pays qui se sent dignifié par l'aristocratie qu'il produit et honore, tandis qu'en France cette admiration se dégrade en envie jalouse contre tout ce qui s'élève.

Dans le couple mal assorti que forment la liberté et l'égalité, l'Angleterre a privilégié la première, tandis que la France repose sur la seconde.
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Il sera toujours un indépendant, le disciple de personne, ni dans les lettres ni en politique, et, d'ailleurs positivement indifférent à sa gloire littéraire. Le monument qu'il entend laisser, c'est un poème qu'il espère voir un jour dans la poche des cordonniers.
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"Malheur à ceux qui font les révolutions, heureux ceux qui en héritent".
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