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EAN : 9782266298469
368 pages
Pocket (06/02/2020)
3.91/5   55 notes
Résumé :
Entrez dans la danse : une des plus sidérantes années de l'histoire de France commence.
Fraîchement débarqué de l'île d'Elbe, Napoléon déloge Louis XVIII pour remonter sur son trône.
" Son " trône ? Après Waterloo, le voilà à son tour bouté hors des Tuileries. Le roi et l'Empereur se disputent un fauteuil pour deux, chacun jurant incarner la liberté, la paix et la légitimité.
Sur la scène de ce théâtre méconnu des Cent-Jours, deux fidèles de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Un peu décontenancé par l'anonymat dans lequel Sylvie Yvert confine ses premiers rôles de la tragi-comédie des cent jours, j'ai apprécié cette fable intemporelle, enjouée et amorale.

Charles, alias Colonel de la Bédoyère, est le premier officier à se rallier, avec son régiment, à l'aigle débarqué de l'ile d'Elbe.
Antoine, Comte de Lavalette, est directeur des postes sous l'empire et pendant les cent jours.

Après Waterloo, ils sont condamnés à mort avec le Maréchal Ney.

Leurs épouses, Georgine de Chastellux et Emilie de Beauharnais, vont tenter l'impossible pour les sauver.
L'un est fusillé, laissant une veuve inconsolable, l'autre s'évade mais son épouse perd la raison.
Sous le second empire, Edgar fils du Maréchal Ney, épousera Clotilde, veuve de Georges de la Bédoyère, fils de Charles.

Le scénario invasion, occupation, libération, épuration se reproduit au fil des siècles de notre histoire comme le rappelle la romancière et cette année folle 1815 préfigure 1944 et le destin tragique de Georges Mandel, lointain successeur au ministère des Postes d'Antoine de Lavalette.

J'ai apprécié ces pages d'histoire, rédigées dans la langue De Chateaubriand et Vigny, autres acteurs de la restauration, et ai été séduit par Emilie et Georgine, héroïnes romantiques, broyées par l'amour, victimes d'une justice qui voulait « faire un exemple ».
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Dans cette vaste frasque historique, Sylvie Yvert s'attache aux pas de Charles et d'Antoine, deux hommes opposés par la naissance et l'âge mais tous deux fidèles de Napoléon.
L'histoire débute par la fin, lorsque Charles, doit se défendre durant son procès.
Charles, jeune aristocrate marié à Georgine qui vient d'une famille royaliste, « s'est rendu coupable, dit-on, de rébellion et de trahison après avoir succombé à des sentiments mal éteints. » Nous sommes en 1815, l'année du retour de Napoléon durant cent jours et qui se terminera tragiquement à Waterloo tandis que Louis XVIII retrouve son trône. Charles, traduit en conseil de guerre, est accusé d'avoir comploté et participé au coup d'état qui a permis à Napoléon de quitter Sainte Hélène pour retrouver son titre d'empereur.
Antoine, qui a épousé la nièce de Joséphine de Beauharnais, celui qu'on surnomme « le mamelouk » à cause de sa fidélité à l'empereur, a eu une carrière fulgurante en réorganisant la poste et l'acheminement du courrier.
Et pour comprendre tout l'enjeu de ces procès, quoi de mieux que de se plonger dans l'histoire palpitante et incroyable de ces Cent-jours qui ont mis la France sens dessus-dessous. « Rien dans l'histoire ne ressemble à ce quart d'heure, a écrit Victor Hugo à propos des Cent-jours, ce second empire avant la lettre »
C'est en suivant Charles et Antoine (dont la véritable identité ne sera dévoilée qu'à la fin du roman) que l'autrice nous raconte ce fragment d'histoire riche en intrigues politiques où se succèdent ascensions et chutes comme dans un jeu de domino. On y croise Talleyrand « le diable boiteux » et Fouché « le caméléon » qui vont tirer les ficelles d'un jeu de dupes. La loyauté n'est plus de mise et chacun va vers le plus offrant. Mais qui de Napoléon ou de Louis XVIII incarne vraiment la paix et la légitimité ?
Sylvie Yvert se faufile avec aisance dans ce petit monde de courtisans, d'aristocrates, elle décrit avec réalisme l'espoir et l'obstination des épouses et des proches de Charles et Antoine, raconte avec truculence les compromissions et les revirements d'opinion qui sont la règle des deux côtés.
Jamais didactique, ce roman parfaitement documenté m'a enchantée et ses personnages féminins m'ont beaucoup touchée.





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Imaginez un roman qui raconterait les soubresauts politiques d'un pays qui en un an verrait passer trois régimes différents, enregistrerait l'une des plus humiliantes défaite militaire de son histoire, verrait un roi remplacé par un ex-Empereur, puis ce même roi revenir au pouvoir sans vraiment avoir pour autant l'adhésion de son peuple. Peut-être vous direz-vous alors que l'imagination doit avoir des limites et que le vraisemblable doit toujours présider le romanesque.
Seulement voilà Sylvie Yvert apporte la preuve qu'une fois de plus la réalité dépasse la fiction. Même si la formule peut paraître éculée, elle est tout ce qu'il y a de plus juste. Quand, le premier mars 1815 Napoléon débarque à Golfe-Juan, la France est dirigée par Louis XVIII. Un Monarque qui entend faire respecter son pouvoir et, en apprenant la nouvelle, envoie le Maréchal Ney qui s'était rallié à lui, arrêter ce petit caporal fauteur de troubles. Mais on sait aussi que le retournement de veste va devenir une habitude, non seulement pour lui mais pour de nombreux militaires et politiques. Parmi ceux qui rejoignent Napoléon, on trouve notamment Charles Angélique François Huchet de la Bédoyère et Antoine Marie Chamans de Lavalette.
La belle idée de Sylvie Yvert est de nous raconter cette année si particulière à travers le destin de ces deux hommes qui, s'ils n'ont pas joué les premiers rôles, symbolisent à la fois le tragique et le romanesque de la situation.
Lorsque s'ouvre le roman, la fête est finie. Nous sommes à l'heure du procès de ces aristocrates qui ont accueilli l'ex-empereur à bras ouverts. Charles dirigeait alors un régiment à Grenoble et fera allégeance à l'Empereur lorsque ce dernier croisera son chemin en remontant vers Paris.
Antoine se distingue quant à lui par son rôle d'agent double, en aidant notamment les fidèles à Napoléon à gagner l'étranger, en signant de faux passeports. Ont-ils été des fidèle sou des traîtres. Les chefs d'accusation de conspiration contre l'état et d'usurpation de fonctions sont-ils légitimes?
La suite de l'histoire a beau être connue, elle n'en demeure pas moins passionnante à lire. On y voit deux destinées, deux hommes bien nés se mettant au service de l'État et se retrouvant condamnés à mort pour cela. Des Cent-Jours à Waterloo, du retour de Louis XVIII à l'exil à Saint-Hélène, des compromis aux compromissions, il y a dans cette année des rebondissements extraordinaires, des drames déchirants, de la comédie la plus désopilante. On y voit Chateaubriand, Benjamin Constant ou encore le grand Hugo commenter la tempête et avec eux la presse se déchaîner dans un sens puis dans l'autre.
Nous voilà finalement en résonnance avec l'actualité. Car l'autre grande vertu de ce roman est de nous apprendre à la prudence et à la modération plutôt qu'aux emballements trop intempestifs. 1815 nous apprend aussi à être un peu plus lucides face au tourbillon médiatique. Ce n'est pas là la moindre de ses vertus.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Roman historique ? Fable ? Ou bien encore pièce de théâtre ? Cet ouvrage est un savant mélange des trois et autant vous dire que l'on ne s'ennuie pas ! D'ailleurs, comment s'ennuyer lorsque la France connait de tels soubresauts politiques. On assiste à la chute de Napoléon à Waterloo et, croyez-moi, lorsque Sylvie Yvert met en scène cette bataille, on a l'impression d'y être et d'être acculé par l'ennemi de tous côtés !

Et puis, l'auteure a également le talent de mettre en lumière une période que l'on survole généralement au long de nos études ou à l'université pour ceux qui suivent un cursus d'histoire, la première Restauration, ce léger retour en arrière pour le peuple français.

Ce que j'ai aimé dans ce livre, c'est que l'on est convié à une longue valse ; valse des ministres, valse des régimes politiques, valse des alliances, bref on virevolte sans pause, sans laisser ralentir le rythme et parfois on prend même le risque d'y perdre la tête !

À la façon d'une pièce de théâtre semi-tragique, semi-comique, Sylvie Yvert redonne vie à cette année si particulière en nous offrant une belle morale qui n'est pas sans faire écho à des situations actuelles.

C'est rythmé, c'est très finement écrit, ça transpire d'émotions, ça nous donne une belle leçon d'histoire, bref c'est un très très très gros coup de coeur ! Je ne peux que vous conseiller cet ouvrage, pour ma part j'ai hâte de me délecter d'un autre ouvrage de cette auteure.
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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1815: un Empereur déchu, le retour!

Révision de la période napoléonienne, dans les pas de deux proches de l'Empereur, Charles de la Bedoyère l'aristocrate militaire couvert de gloire et Antoine de Lavalette, le roturier bureaucrate à la fidélité sans faille. Ces deux hommes ne sont pas des personnages de fiction et le roman les ressuscite dans une tragédie en cinq actes, en procès de trahison. C'est tout le talent de l'auteure de manier le romanesque sans jamais délaisser la précision historique.

Après un récapitulatif accéléré de la gloire de Bonaparte/Napoléon, le récit vivant et très documenté se concentre sur la courte Restauration de Louis XVIII, suivie des Cent jours, période tumultueuse de conflit au spectre de guerre civile. C'est le résultat de l'impossible cohabitation d'une nouvelle génération qui a connu gloire et liberté face à la naphtaline honnie des idées royalistes. Un climat délétère qui va favoriser cette mythique remontée depuis l'île d'Elbe.

Une foisonnante période où tout semble possible pour l'ancien Empereur qui va faire vivre à la France trois mois fastes en rebondissements, au son de la mitraille de Waterloo. Un jeu de dupes par les retournements de casquettes et une appréciation erronée d'un chef face à un pays qui refuse la guerre et la dictature.

Je vous accorde qu'il faut aimer l'Histoire et avoir plaisir à comprendre l'évolution des courants de pensée, les changements de mentalité politique et sociétale. L'auteur rend limpide cette turbulence française dans les destins de deux anonymes qui jouent leur vie dans leur fidélité.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
S’il y a eu un soleil à Austerlitz, c’est aussi parce que, en rentrant de l’expédition d’Égypte, Antoine a aidé Bonaparte à devenir Napoléon. Peu après son mariage de raison, il a quitté provisoirement Émilie pour rejoindre son maître au Caire. La ville poussiéreuse aux étroites ruelles encombrées de chameaux surchargés de ballots, la lumière dorée et la chaleur étouffante le surprennent, comme tout voyageur plongé dans ce mirage oriental qui inspire les poètes. Du bas des pyramides, il contemple ces quarante siècles qui ont précédé le nouvel Alexandre. Sa faveur naissante se confirme lorsque ce dernier lui offre le sabre recourbé du chef ennemi – Mourad Bey – qui vient d’être défait. Antoine se révèle bientôt un compagnon plein de franchise, de gaieté, lyrique à ses heures. C’est ainsi qu’il devient un intime du jeune prodige, tantôt pour suppléer son secrétaire – sa plume et sa subtilité ont été remarquées en sus de ses talents militaires –, tantôt, quand il cesse de parler politique, pour lui faire la lecture, privilégiant les histoires de fantômes dont il est paraît-il friand : « Voyons, monsieur l’enthousiaste, lisez-moi cette fameuse lettre de Lameillerie », demande Bonaparte abrité sous une mousseline pour se protéger des insectes.
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Chateaubriand estime que "toutes les lâchetés avaient acquis par les Cent-Jours un nouveau degré de malignité". Or le "vice" et le "crime", la fameuse "ligne courbe", le cynisme et la trahison sont non seulement impunis mais récompensés, tandis que la pureté et la droiture sont pénalisées, écartées, proscrites. La voici donc, la "morale" immorale de cette histoire. Comme toutes les paraboles, elle est simple et tient en quelques mots : les fidèles sont évincés, les traîtres avancés. Rideau!
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INCIPIT
La parole est à l’accusé.
« Messieurs », commence Charles avec résolution.
Son regard droit et ardent s’adresse, tout comme sa voix, aux jurés qui l’écoutent avec sévérité, visages fermés, sourcils froncés.
« Si dans cette journée importante ma vie seule était en cause, j’espère avec raison que celui qui, quelquefois, a su conduire de braves gens à la mort saura s’y conduire lui-même en brave homme. Je ne vous retiendrai pas longtemps… Mais ce n’est point devant vous, messieurs, que je dois appuyer sur le sentiment. Elle passera dans vos cœurs, messieurs, cette conviction intérieure que j’ai, que je proclame hautement, dans ma pensée, dans mon action : l’honneur est intact. »
Ses yeux clairs et francs se perdent maintenant vers les murs de cette salle comble, dont le grain se floute. Puis fixent de nouveau avec gravité ceux qui lui font face, assis sur une estrade semi-circulaire : « Je n’ai ni l’intention, ni la possibilité de nier des faits publics et notoires ; mais je proteste que je n’ai trempé dans aucun complot qui ait précédé le retour de Bonaparte ; je suis même convaincu qu’il n’a point existé de conspiration pour ramener Bonaparte de l’île d’Elbe. »
L’infortuné jeune homme de vingt-neuf ans, à la tournure élégante, est doté d’une physionomie fine et agréable. À peine plus pâle qu’à l’accoutumée, il est vêtu d’une longue redingote verte, conforme à sa haute taille, celle qu’il portait le jour de son arrestation. Belle allure, cheveux blonds implantés à la Chateaubriand, favoris, front haut, petite bouche finement ourlée, nez long et fin, yeux bleus, teint clair, il apparaît dépouillé de ses décorations puisqu’on vient de lui retirer sa Légion d’honneur. Celui qui déclamait naguère sur scène des vers avec fougue veut cette fois donner avec le calme de l’honnêteté les raisons qui ont déterminé sa conduite. Mais à peine a-t-il commencé son plaidoyer qu’il se voit déjà interrompu par un juré redoutant, à juste titre, une défense propre – qui sait ? – à prétendre le sauver. Voici donc ce colonel (ou bien est-il général ?) traduit au conseil de guerre. Il s’est rendu coupable, dit-on, de rébellion et de trahison, après avoir succombé à des sentiments mal éteints. Comprenant qu’il est condamné par avance, Charles ignore les feuillets volants qu’il tient à la main pour passer aux dernières lignes de son exposé, sans se départir de son attitude mêlant douceur et fermeté : « Une grande erreur que je reconnais, que j’avoue avec douleur, a été commise par l’ignorance des intentions du roi ; aujourd’hui les promesses royales sont exécutées, un peuple, se pressant à l’envi autour de son souverain, reconnaît que lui seul est digne de régner et peut faire son bonheur… Peut-être ne suis-je pas appelé à jouir de ce spectacle, ajoute-t-il avec noblesse, mais j’ai versé mon sang pour la patrie, et j’aime à me persuader que ma mort, précédée de l’abjuration de mes erreurs, sera de quelque utilité. »
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La raison est parfois gênante, elle nous poursuit sans cesse soit par des avertissements, soit par les regrets qu'elle nous donne de n'avoir pas suivi ses conseils ; on ne peut pas s'en débarrasser.
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Quoi? La microscopique île d'Elbe serait en passe de conquérir la France? Ridicule! On sait que plus rien ne pourra stopper la progression du "bandit corse", qu'on n'arrête pas l'eau de la mer avec les mains, comme dit Ney, ni l'Empereur au son du tambour. "Quelle démence!" s'exclame Mme De Staël .
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Voici un petit livre formidable qui nous plonge dans les coulisses de l'histoire de France peut-être pour mieux interroger notre rapport actuel à la fidélité et à la loyauté.
« Une année folle », de Sylvie Yvert, c'est à lire en poche chez Pocket.
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