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Critique de fabienne2909


Dans une Italie de la renaissance imaginaire, Bianca doit bientôt se marier. Si elle accepte sans problème cette union arrangée par ses parents, en revanche elle ne regrette qu'une chose : ne pas connaître son mari avant le mariage, savoir qui il est vraiment. Idée audacieuse dans cette société traditionnelle qui ne laisse pas beaucoup de libertés aux femmes en dehors de la gestion ménagère et des enfants.

Soucieuse d'informer sa filleule de ce qu'implique la vie maritale, la marraine de Bianca lui révèle alors le secret des femmes de la famille : une peau d'homme qu'il suffit de revêtir comme un habit pour devenir un homme. Bianca osera-t-elle la mettre pour découvrir ce que c'est que d'être un homme ? En soi et dans la société ?

Ok je crée du faux suspense car on connaît la réponse dès que l'on regarde la couverture de cette bande dessinée particulièrement réussie : prenant des éléments qui m'ont fait penser aux tableaux de la renaissance représentant l'Annonciation (dans sa composition, dans cette jeune fille à la peau blanche et blonde symbolique d'une pureté innocente), on comprend que la jeune fille va avoir une révélation. Mais on se situe aussi dans le conte, par l'histoire en elle-même et la structuration en trois parties, introduites chacune par une page de titre comme une enluminure et ornées d'éléments importants qui prendront place dans ces chapitres (j'ai pensé aussi aux enluminures de la Belle au bois dormant du Disney des années 30).

Notre Peau d'âne va ainsi découvrir la vie des hommes, leurs libertés (pouvoir circuler de jour et de nuit où l'on veut, multiplier les conquêtes) teintée par une certaine hypocrisie (les noceurs sont aussi ceux qui se trouvent au premier rang de la messe dominicale) mais aussi parfois marquée par les contraintes de la société ou d'une image à conserver (le peintre drag qui ne se reconnaît pas dans les vêtements masculins qu'il doit porter le jour, les hommes homosexuels qui doivent cacher leurs préférences pour assumer au contraire une virilité…).

Cette seconde peau va ainsi permettre à Bianca de devenir plus libre, en premier lieu dans sa tête en s'affranchissant des carcans de pensée, de la tradition qui pouvaient l'entraver, et dans un second temps dans la société en partant en croisade contre l'hypocrisie moraliste et religieuse représentée par son frère, un prêtre rigoriste qui prend de l'essor dans la cité avec ses prêches violents (et hypocrites). Réussira-t'elle dans son entreprise ? Sera-t'elle plus heureuse dans sa vie de femme après avoir connu celle d'un homme ?

J'ai beaucoup aimé cette bande dessinée féministe qui met en scène un jeune fille forte, déterminée, sûre d'elle, qui s'affirme en tant que femme pensante dans une société conservatrice. Elle réussit à être forte, libre et indépendante, je ne dirais pas « comme un homme », mais à sa propre manière.

En revanche comme c'est un conte, j'aurais aimé que cette bande dessinée soit un cran plus féministe encore, car malgré toute sa volonté de liberté, en revanche elle va plus vite que la société et reste encore bien contrainte par elle…

Toutefois c'est un petit bémol pour une bande dessinée à message, qui m'a permis de réfléchir à des questions importantes tout en passant un bon moment.
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