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Critique de boudicca


Depuis plusieurs mois, les éditions ActuSF semblent avoir fait le pari de varier les formats de leurs livres et de particulièrement soigner leur présentation. Aux magnifiques éditions imitation « livres anciens » comme « Royaume de vent et de colère » de Jean-Laurent del Socorro (ou plus récemment « Un éclat de givre » d'Estelle Faye) ont ainsi succédé les deux ouvrages de la collection ActuSF Graphic (respectivement signés Jean-Laurent del Socorro et Allan Moore) et enfin « Zombies », un ouvrage atypique tant sur la forme que le fond. L'ouvrage a en effet été construit et édité sous la forme d'un leporello, soit un livre qui, grâce à une technique de pliage particulière, se déplie tel une frise ou un accordéon (Wikpédia nous informe que ce joli mot dont j'ignorais jusqu'à peu l'existence tirerait son nom du valet de Don Juan, qu'on voit dérouler une liste interminable énumérant les amantes de son maître dans l'opéra « Don Giovanni » de Mozart). La frise que se déploie une fois l'ouvrage ouvert est composée essentiellement d'illustrations, accompagnées de courts textes, et doit se lire des deux côtés. le recto de la frise mêle le jaune et le noir et met en scène notre monde dans sa banalité : métro, rue remplie de passant, arrêt de bus… Lorsque le livre a été entièrement déroulé, le lecteur est invité à la retourner pour poursuivre sa lecture. le rouge vient alors remplacer le jaune, et on constate que les passants ordinaires sont devenus des zombies. On retrouve alors un certain nombre de représentations classiques de ce type de récit : des individus courbés, les yeux vides et la bouches pendantes déambulent dans les rues, le cerveau à l'air et le visage émacié.

L'originalité de l'histoire vient du fait que le narrateur considère qu'aucun véritable changement majeur ne s'est opéré entre la première frise et la seconde. Pour lui, les humains se comportaient déjà comme des morts-vivants avant leur transformation par un mystérieux virus : ils ne pensent qu'à trouver à manger, ils ne se regardent pas, ils ne se respectent pas les uns les autres et la politesse ou la sollicitude dont ils font parfois preuve n'est rien d'autre qu'un masque. D'ailleurs il explique les fréquenter aussi peu maintenant qu'ils sont morts que lorsqu'ils étaient vivants, les regarder par la fenêtre suffisant à susciter son dégoût pour l'espèce humaine. Vous l'aurez compris, le narrateur est profondément misanthrope et ne semble éprouve que mépris pour la foule d'individus qui déambulent devant ses carreaux, et ce avant comme après la catastrophe. On devine bien sûr dans le discours du protagoniste une critique de la société de consommation, de la routine dans laquelle les individus se laissent parfois enfermés… mais cela ne va pas plus loin. Difficile en effet de raconter une histoire ou de faire passer un message au lecteur avec seulement quelques images et une poignées de lignes de texte, si bien que la publication de cet ouvrage me rend un peu dubitative. La lecture n'est pas inintéressante, loin de là, mais, même en prenant bien son temps, elle prend fin au bout de cinq minutes, si bien qu'on a du mal à voir ce qu'on pourrait en retenir une fois l'entièreté de la frise déroulée puis repliée…

Réalisé sous la forme d'un livre accordéon dont la présentation a été particulièrement soignée, « Zombies » est un ouvrage déroutant qui peut séduire par son format et son traitement atypique du récit de zombie mais qui se révèle bien trop bref pour véritablement marquer le lecteur. A réserver peut-être aux collectionneurs amateurs de morts-vivants… ?
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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