Citations sur Le Cycle des Princes d'Ambre tome 1 : Les neuf prince.. (27)
J'aperçus les morts d'Auschwitz, leur peau parcheminée sous laquelle saillaient les os, noueux comme des sarments. J'avais été présent à Nuremberg. J'entendis la voix de Stephen Spender qui récitait "Vienne". Je vis Mère Courage traverser la scène le soir de la première. Je vis les fusées jaillir de lieux souillés, Peenemünde, Vanderberg, Kennedy, Kyzyl Klum dans le Kazakhstan, je touchai de mes mains la Grande Muraille de Chine. Nous buvions de la bière et du vin, et Shaxpur dit qu'il était ivre et il alla vomir. Je pénétrai dans la Réserve de l'Ouest et pris trois scalps en un jour. Je chantonnai pendant que nous marchions, et tout le monde reprit ma chanson en chœur : " auprès de ma blonde ". Je me souvenais, je me souvenais... de ma vie dans Ombre, que ses habitants appelaient la Terre. Encore trois pas... Je tenais une épée ensanglantée. Trois hommes morts, mon cheval qui m'avait permis de fuir la Révolution française. Plus encore, tellement plus, ça remontait jusqu'à...
Je fis un autre pas.
Ca remontait...
De toutes les cités qui existent ou existeront, Ambre est la plus grande. Ambre était au début et sera à la in de tout. Toutes les cités qui ont existé n'ont été que le reflet, l'ombre d'une partie d'Ambre. Ambre, Ambre, Ambre... Je me souviens de toi. Jamais plus je ne t'oublierai.
Ce salaud! dit-il. Je ne me fierais pas à lui même pour vider les pots de chambre. Il serait capable de mettre un piranha dans le mien. Non merci.
Si le prix de la mémoire était le danger et celui de l’occasion, le risque, alors qu’il en soit ainsi.
Les larmes me montèrent aux yeux à cause de tous ces hommes, si différents des seigneurs d’Ambre, qui ne vivent qu’un bref espace de temps et se transforment en poussière, et dont beaucoup sont condamnés à rencontrer la mort sur les champs de bataille du monde entier.
(Folio SF, p. 185)
De toutes les cités qui existent et existeront, Ambre est la plus grande. Ambre était au début de tout et sera à la fin de tout. Toutes les cités qui ont existé n’ont été que le reflet, l’ombre d’une partie d’Ambre.
Ça commençait à se dissiper, mais après ce qui me parut être une éternité.
J'essayai de remuer les orteils. J'y réussis. J'étais sur un lit d'hôpital, les jambes dans le plâtre. C'étaient bien mes jambes.
Je fermai les yeux avec force et je les rouvris. Trois fois.
La chambre reprit son aplomb.
Où diable étais-je ?
Les brumes se déchirèrent lentement et la mémoire me revint. Je me souvins de nuits, d'infirmières et d'aiguilles. Chaque fois que je commençais à reprendre mes esprits, quelqu'un entrait et me piquait avec quelque chose. C'était exactement ce qui s'était passé. Exactement ça. Mais maintenant j'étais à peu près conscient. Ils allaient bien être obligés d'arrêter leur petit jeu.
Non ?
Une pensée jaillit : [i]Peut-être pas[/i].
Un léger scepticisme, bien naturel, quant à la pureté des motivations humaines vint assombrir le cours de mes pensées. Je pris brusquement conscience qu'on avait dû m'administrer une bonne dose de narcotiques. Sans aucune raison, eu égard à mon état de santé. Aucune raison non plus pour qu'ils arrêtent si on les avaient payés pour. Alors fais gaffe et joue les drogués, me conseilla une petite voix intérieure qui, malgré sa sagesse, n'était pas ce qu'il y avait de meilleur en moi.
Dix minutes plus tard, une infirmière passa la tête par l'entrebâillement de la porte. J'étais évidemment en train de ronfler avec application. Elle s'en alla.
Pendant ce temps, j'avais commencé à reconstituer ce qui était arrivé.
- Des souhaits, des souhaits ! Qu'une de tes mains se contente de souhaiter, que l'autre agisse. Si tu les presses l'une contre l'autre tu verras ce qui se passera.
- Bien parlé.
Je pénétrai dans les Ombres et je découvris une race de créatures à fourrure dont l'intelligence égalait celle de lycéens moyens — navré, les enfants, mais je veux dire par là qu'ils étaient loyaux, dévoués, honnêtes et trop facilement menés en bateau par des salauds de mon espèce et celle de mon frère.
" Les sentiments personnels se marient assez mal avec une bonne politique, la loi, ou les affaires."