L'art d'établir des liens consiste pour une large part à découvrir ce qu'on peut donner à autrui et à cultiver la sensibilité qui nous permet de recevoir ce que lui-même est susceptible de nous donner.
J'ai pourtant du mal à trouver exaltante l'idée de chercher à étayer et rafistoler des institutions détraquées qui ne cessent de tomber en panne comme une vieille guimbarde, alors qu'il est évident qu'une nouvelle crise les abattra tôt ou tard.
Le "sens de la vie" n'est plus aussi clair qu'il était censé l'être jadis. Jamais encore autan d'êtres humains ne se sont posés autant de questions sur le but de leur existence, au-delà du labeur quotidien et des plaisirs nocturnes. Les vieilles croyances menaces de s'effondrer, réduisant l'individu à la nudité. Cela s'est déjà produit pour un grand nombre qui se retrouvent nus.
Je n'ai pour ma part aucune envie de couvrir ma nudité de vêtements d'emprunt ou usés. N'y a-t-il vraiment pas d'autres solutions que celles d'une "vie alternative" ou d'un destin en "retrait de la société"? Le utopies et les dystopies n'ayant mené à rien, où aller si l'on en croit plus aux promesses d'avenir meilleur et si on est las des prophètes de la sinistrose et du désespoir? Les idéologies qui répandaient jadis l'espoir ont perdu leur éclat. Le progrès a laissé trop de monde au bord du chemin, trop de gens ne savent pas comment y trouver place, ils sont trop nombreux à se demander où il les conduit. De nouvelles lois, de nouvelles structures, de nouvelles théories, de nouvelles thérapies instantanées pour les âmes troublées prolifèrent, et pourtant un nombre incalculable de gens sont toujours insatisfaits.
Le don de la vie comprend une invitation à se connecter avec l’infinie variété de l’environnement naturel et avec l’imagination et l’ingéniosité d’autrui, que l’on peut ainsi apprécier avant que ce sentiment ne se transforme en affection; et élargir le cercle de ses affections rend plus vivant. Quand je découvre des qualités intéressantes chez autrui et que je suis capable de lui apporter une forme,d’inspiration qu’un autre ne pourrait lui donner, j’ajoute quelque chose à la vie. Chaque rencontre entre deux êtres qui ne se limitent pas à un échange superficiel est une occasion d’élargir la vie, au-delà du banal, par la découverte et l’invention.
Les désillusions, les trahisons, les infidélités sont encore plus nombreuses dans le milieu du travail qu’au sein des familles (chaque mois, deux millions d’americains quittent leur emploi). Le sens premier du mot anglais « business « était « angoisse », « détresse », « excès de zèle », « difficulté ».