AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de encoredunoir


À l'image de Neal Cassady avec Jack Kerouac et Ken Kesey, Oscar Zeta Acosta est longtemps resté dans l'ombre de Hunter S. Thompson. Pour autant, comme Cassady, il est un personnage haut en couleurs qui gagne à être plus connu qu'il ne l'est. Et comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, il a pris soin, avant de disparaître en 1974, d'écrire deux ouvrages autobiographiques enfin publiés en France chez les jeunes éditions Tusitala : les Mémoires d'un bison, dont nous avons déjà parlé, et cette Révolte des cafards.

Devenu avocat des mouvements chicanos de Los Angeles au moment où ces derniers, à l'image des Black Panthers commencent à sérieusement envisager la révolution, Oscar Zeta Acosta, ou plutôt ici « Buffalo Brown, avocat chicano » se lance à corps perdu dans ce combat qui est aussi et surtout un moyen pour lui de retrouver son identité latina ; celle-là même qu'il a longtemps cherché à nier.
Mais Zeta est Zeta. Grande gueule, dépassé par ses propres paroles, grisé par le succès et le début de reconnaissance qu'il acquiert dans les milieux chicanos, cherchant à baiser toutes les filles qui passent à sa portée et cyclothymique – ce qui l'amène à partir du jour au lendemain pour quelques semaines de beuveries et d'orgies à Acapulco en laissant ses clients en plan – le Bison fonce dans toutes les directions et compte avant tout sur son énergie pour s'en tirer sans trop de dégâts pour lui et pour les autres.

Le parcours échevelé d'Oscar Zeta Acosta dans ce volume donne une idée de l'énormité du personnage et de sa désarmante sincérité. Si, impressionné par le courage des militants, à commencer par le charismatique César Chávez, il se trouve acquis à la cause, il n'en demeure pas moins que Buffalo Brown reste toujours légèrement en marge, y compris lorsqu'il devient un meneur un peu malgré lui, bien conscient du fait qu'il n'a pas l'étoffe d'un martyr et que l'on se sert aussi de lui, mais grisé par la folie de l'instant, entraîné par ses propres emportements. Cela donne lieu à de sidérantes scènes d'autopsie ou de procès dans lesquelles s'expriment l'opiniâtreté, le plaisir suprême de la provocation et l'humour déstabilisant d'un Oscar Zeta Acosta qui n'en finit pas d'étonner même les plus fous des vatos locos qui l'entourent.

Sidérant, hilarant, hallucinant… incroyable, La révolte des cafards, plongée autobiographique au coeur de l'esprit brillant mais dérangé d'un auteur en quête de son identité et sans doute aussi, tout simplement, d'estime de soi, est un livre encore plus formidable que les Mémoires d'un bison en ce qu'il laisse un peu plus de côtés les épisodes de prises de drogues pour se concentrer sur cet engagement hors-norme dans lequel se mêlent ouvertement égoïsme et don de soi.
Une lecture en tout point instructive et affolante ; bref, un réel plaisir.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}