Citations sur Michael Singer : Miroir obscur (17)
Les médias ne s’y trompaient pas et adaptaient leurs publications. Les sites people, notamment, n’exposaient plus l’affaire en première page. La règle était simple. La rentabilité avant tout. Les sujets qui fascinent le public en priorité. Curieuse époque.
Ils se levèrent et quittèrent la pièce. Ils suivirent le chemin inverse sans s’égarer dans le dédale des couloirs. Kostas était dotée d’un sens de l’orientation imparable. Un unique trajet à l’aller, même complexe et emprunté rapidement, lui suffisait pour savoir comment le reproduire au retour, à pied comme en voiture. Un véritable GPS.
J’en ai marre de l’artifice, marre de la superficialité, marre du fric facile. J’ai envie de faire quelque chose de plus sérieux. J’en ai assez des mensonges et des manipulations. Le people, c’est du flan. Il y a d’autres choses plus gratifiantes à faire.
C’était la seule ville du globe où marcher dans la rue pouvait paraître suspect et vous amener directement chez les flics. Dans ce temple mondial de l’automobile, où celle-ci était reine au point que toute la cité s’organise autour d’elle, les piétons pouvaient par endroit attirer l’attention et se voir signalés au 911. Fou, mais réel. Année après année, les trottoirs de certains secteurs diminuaient en largeur au gré des aménagements, pour finalement disparaître du paysage.
On ne se réinsère pas aisément dans la multitude de ses semblables après une période d’autarcie aussi longue. On encaisse en pleine face la promiscuité du monde. Panique, angoisse et affolement, voilà les émotions qui ferraillaient dans les nerfs du rasta. Sentir les gens bouger, vivre, bouillonner autour de lui, voir rayonner toutes ces couleurs, cette lumière, ces éléments en mouvement l’aiguillonnait à un tel point que sa seule envie était de faire demi-tour pour réintégrer sa tanière.
Les mains du hacker tremblaient à présent. Il tira une profonde bouffée, espérant sans y croire que ça le calmerait. En période de tempête, quand il s’agit de retrouver la paix intérieure, le shit produit souvent l’effet inverse.
La pauvre femme n’avait rien d’intéressant à dire, mais, comme la pratique le voulait sur toutes les chaînes d’informations, il fallait meubler et occuper l’antenne. Alors, on interrogeait le premier badaud venu pour qu’il donne ses impressions. Comme en général les gens se sentaient flattés de pouvoir passer à la télévision, il n’était pas difficile de trouver des postulants.
Oui, le scoop de l’année. Peut-être de la décennie. Les jumelles Barbi, en 2016, c’est passé de mode, mais ça reste du costaud. On a du glamour, des jumelles, une série de deux meurtres, même trois avec le toubib, et la vidéo des crimes. Si on joue bien le coup, on est riches.
L’effet sidérant fonctionnait toujours. On n’était plus dans les films de James Wan, qu’il aimait regarder pour se faire peur, mais dans la pure réalité. La réalité d’un épouvantable double meurtre, saisi en direct par un malade mental.
Un médecin de stars abattu, cela pouvait à la limite faire un article de remplissage, mais au fond, le public s’en moquait. En y ajoutant deux homicides – deux jumelles célèbres – dans ce qui apparaissait comme des exactions commises par un tueur en série, pour un paparazzi ou un limier de faits divers, on touchait au divin.