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Critique de jeff2u12


Dans la formidable « Histoire de la littérature russe » chez Fayard en 6 volumes, les années 20 occupe un volume entier, tant la période est riche en création et en révolution littéraire. Entre la fin de la guerre civile qui a suivi la révolution de 1917 et la main mise de Staline sur la culture (et le reste), il y a une bulle de liberté culturelle que mettrons à profit, dans l'enthousiasme de la libération de siècles d'autocratie tsariste, une flopée de poètes et écrivains prêts à tous les excès et ouverts aux recherches formelles. Lénine est partisan de la main mise de l'Etat sur l'économie et la vie sociale mais laisse une grande liberté aux écrivains, même si ceux-ci se moquent ouvertement de « l'homme nouveau ».
Zochtchenko fait partie des écrivains les plus populaires de cette période. Son succès, dès les premières nouvelles en 1920-21 et le recueil Nazar Ilitch est considérable. Il rejoint les Freres de Serapion, un groupe littéraire constitué à Leningrad en 1921.
Dans le livre ici commenté, il y a 3 parties assez distinctes :
- Les récits de Nazar Ilitch : 4 nouvelles écrites dans un style où le skaz, cette écriture liée au langage parler argotique, est poussée à un extrême qui en font un véritable tour de force hallucinant que seul André Markowicz pouvait traduire sans réduction – point de vue tout abstrait de ma part qui ne suit pas russophone, mais le résultat est fantastique…
- Chroniques de Nazar Ventrebleu : plus classiques dans leur forme de mise en oeuvre du skaz, ces chroniques n'en contiennent pas moins leur lot de perles uniques en leur genre
- Feuilletons, lettres à la rédaction : 7 « courrier des lecteurs » satiriques et ébouriffés que Pierre Dac n'aurait pas renié et qui prennent l'homo sovieticus et la vie quotidienne en 1923, au moment de la NEP, en pure dérision. Ces feuilletons, je les ai adorés, c'est le bouquet final de ce feu d'artifice.
Mikhael Zochtchenko est peu connu en France et pourtant, il est à la fois, dans la lignée du Revizor de Gogol, un pur écrivain russe du grotesque et de l'auto-dérision, et en même temps l'un des auteurs les plus caractéristiques de son époque.
Très facile à lire, jouissif et drôle, un grand travail sur la langue, indispensable pour quiconque s'intéresse à la littérature russe, à la périiode révolutionnaire et aussi pour tous les autres !
Première lignes de la préface de l'auteur :
« Moi, comme mec, je suis le genre à tout faire… A la demande, je vous travaille la terre au dernier cri de la technique… Pour ce qui est des objets abseutraits, comme raconter un conte, exemple, ou éclaircir une affaire pas nette, ben voyons : pour moi, c'est très simple, et très charmant. »
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