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Critique de Marcellina


Quelle plume merveilleuse que celle de Zola dans cet univers doux et secret d'un jardin clos où la nature s'éveille doucement, explose en mille couleurs, se fane lentement jusqu'à mourir en blanc en suivant son cycle éternel…
Et Paris, qui vit du haut des fenêtres de l'immeuble de la rue Vineuse, Paris qui change au fil des saisons, au fil des jours, au fil du jour. Comme le jardin qui s'éveille et compte les heures qui passent, Paris passe par toutes les couleurs, du gris sale au bleu acier, du jaune cru au rouge flamboyant, du vert tendre au brun tristounet, de l'argent mouillé au vermeil éblouissant en passant chaque fois par le noir intense illuminé seulement des mille étoiles du firmament.
Comment ne pas se laisser entraîner par un coeur qui s'éveille comme un jardin au printemps, par un corps qui connaît pour la première fois les affres du désir, par ces regards qui s'enchaînent et qui déversent dans l'autre la douceur, la chaleur d'une passion naissante.
Comment ne pas rager de voir l'amour exclusif d'une enfant chétive pour sa mère, amour jaloux d'une femme amoureuse dans les yeux d'une enfant, amour fou qui ne veut rien partager et qui atteint le sublime dans l'horreur quand la mère finalement répond à l'appel de la chair.
Comment ne pas sourire à l'évocation du bal des enfants où la table de banquet parée de mille friandises, les plus alléchantes, les plus colorées, trouve un écho dans l'histoire de Peter Pan où l'on retrouve une même table garnie de nourritures imaginaires…
Comment ne pas pleurer à l'enterrement de Jeanne où le jardin tout de blanc vêtu accueille le petit cercueil tout couvert de fleurs blanches entouré d'une nuée de petites filles déguisées en mariée pour accompagner l'enfant si blanche maintenant pour son dernier voyage.
Quelle richesse dans le vocabulaire mais aussi dans la façon de décrire Paris, cinq fois pas une de moins, comme les cinq étapes de la passion ; l'éveil d'une sensation inconnue, la maturation par petites touches, l'accomplissement foudroyant, la chute glaciale et le retour à la vie normale.
Un roman d'une grande violence de sentiment où la poésie de l'auteur remplace les mots furieux par de superbes envolées qui font rêver.
Dans le cadre du challenge multi-défis 2016, je place cette lecture pour l'item « Un classique du 19ème siècle ».
En 1892, Zola parle de son roman en ces termes : « Une page d'amour, écrite entre « L'assommoir » et « Nana », a dû être dans ma pensée une opposition, une halte de tendresse et de douceur. J'avais, depuis longtemps, le désir d'étudier, dans une nature de femme honnête, un coup de passion, un amour qui naît et qui passe, imprévu, sans laisser de trace. Ce titre veut dire cela : une page dans une oeuvre, une journée dans une vie. »
Un très bon roman qui démontre, s'il le fallait encore, l'immense talent de l'auteur que j'adore :-)
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