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Critique de Aupaysbleu


Sur cinq journées, à la manière d'un carnet de voyage, Zola met en scène des personnages lors d'un séjour à Lourdes. Se basant sur les voyages qu'il effectua lui-même en 1891 puis en août 1892, il décrit la frénésie autour de cette cité aux miracles célèbres. La grande fresque des Rougon-Macquart est derrière lui, il souhaite se consacrer à un nouveau projet. On le devine ici sous les traits du jeune prêtre Pierre Froment, en proie à une crise de foi. Il accompagne Marie, son amie d'enfance, paralysée des jambes et trimballée dans une caisse en bois, « comme un cercueil ». Chacun attend un miracle de ce voyage très long (plus de vingt-deux heures à bord d'un train bondé en plein mois d'août).
C'est passionnant, les talents de conteur de Zola sont évidents, sa description des personnages est telle qu'on peut facilement se les représenter, et faire partie du voyage. du « monsieur tout seul » à l'hôtel, en passant par les Vigneron à l'affût d'un héritage, on retrouve la patte du naturalisme zolien. J'ai été particulièrement touchée par Mme Volmar, cette femme « aux yeux magnifiques » qui fait le voyage pour d'autres raisons, et pourquoi pas, celles de guérir son coeur de femme mal mariée. Beaucoup de réflexions à travers ces pages, l'hypocrisie des hommes, leurs faiblesses, et leur foi aveugle, sur ce qui lui semble être pure illusion. le commerce autour de la grotte, les ventes de cierges, d'eau bénite, de chapelets laisse perplexe. Zola évoque une « Lourdes gâtée par l'argent, transformée en un vaste bazar, où tout se vendait, les messes et les âmes. »
Sceptique quant à l'existence de Dieu, Zola observe un « monde de croyants hallucinés ». Il ne les raille pas, mais s'interroge. Il a étudié les différents cas de guérison au bureau des constatations, et connaît l'histoire de Bernadette Soubirous qu'il retrace ici à travers les lectures de la brochure que Pierre tient sur lui. Les notes de fin sont très utiles et donnent une idée de ce qu'il a réellement observé lors de ses voyages, faisant de ce roman un témoignage bien vivant. Un peu long par moments, dans les descriptions, cela reste une étude très intéressante, que j'ai réellement pris plaisir à lire, et les dernières pages nous montrent un Zola soucieux des hommes, leur folie, opposant la raison à la foi qui illusionne.
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