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Critique de patloc


Mars. Fritz Zorn.
Un titre, un auteur, et déjà des noms qui claquent. Je me souviens, lorsque le livre parut dans les années…75 ! Ce fut un coup de tonnerre. Des années ont passé, un déluge de livres à été publié, des millions de pages ont été écrites et lues. Parfois retenues, souvent oubliées. Mars, Fritz Zorn, non. le livre, le récit est resté dans un coin obscur de ma mémoire. Il vient de reparaître , 40 années plus tard, dans une nouvelle traduction, plus enlevée, plus …”Rimbaldienne “ ai je lu, plus fidèle à l'esprit de l'auteur. Avec une somptueuse préface de Philippe Lançon. “Un coup de canon”nous dit il, et c'est vrai, le livre n'a rien perdu de sa force, de sa violence, un de ces livres intenses qui dérangent, qui font mal mais que l'on n'arrive pas à lâcher . Unique. Parce que, aussi, c'est une oeuvre unique. Fritz Zorn, est ce jeune homme Suisse , la trentaine sonnée, bourgeois, et même plus, couvé, étouffé, éteint avant même d'avoir été éclairé , dans une famille riche, où il ne manque de rien parce qu'il n'a besoin de rien. “Nous préférions être corrects que de vivre “ nous dit-il.” Et d'ajouter , “J'étais trop correct pour être seulement capable d'aimer; je n'étais d'ailleurs pas pleinement moi, j'étais simplement la correction faite homme.” Son récit est sa vie. Enfance plate, adolescence sans désirs et sans émois, études sans plaisirs et sans joies , sans rencontres , sans ambitions ni projets. Sans femmes.
“Mon problème, ce n'était pas du tout que j'avais des”difficultés avec les femmes “, c'est que je souffrais d'une impuissance totale sur le plan de l'âme.”
Et puis , le cancer, un lymphome , explose son cou, métastase son corps. Fritz Zorn, raconte, analyse, dissèque comme en salle d'anatomie, sa vie , son éducation bourgeoise, sa famille et ses connaissances, car d'amis, car de femmes il n'aura jamais. le cancer est là, vient de là, y plonge ses racines, et de façon féroce, intenable parfois , insoutenable souvent, il va montrer, raconter, à quel point une enfance, une éducation annihilée, une adolescence calcinée vont faire éclore la corolle d'une fleur vénéneuse qui va l'engloutir. “ La tumeur renfermait des larmes ravalées”. Tout être qui ravale sa souffrance au tréfonds de lui même sera avalé tôt ou tard à son tour par cette souffrance enfouie en lui. ”
“Je suis porté à croire que je ne suis pas moi même le cancer qui me ronge, mais que c'est plutôt ma famille, mon origine, un héritage dont je suis le dépositaire qui me dévorent tout vif. “ “Famille je te hais”pourrait il paraphraser. le livre est beau et terrible, il fascine, parce qu'il a quelque chose d'universel et parle ainsi à chacun d'un petit recoin de l'éducation qu'il a reçu. À quel point nous devons, tout au long de la vie, ne rien laisser de ce que nous avons reçu ou de ce dont nous avons manqué, au bord du chemin, car tôt ou tard, pourra ressortir, sous des formes diverses, l'expression d'une douleur, d'une frustration, parfois d'un malheur.
“Au sein de la société des hommes, je n'étais même pas un rouage utile; je me contentais d'être présentable.” Sa Névrose, fruit d'un manque d'amour absolu, pourrit son existence. Et pourtant, comment le croire et le comprendre, la mort va le ramener à la Vie , et aussi incroyable, le faire muter de chrysalide en papillon.
Ce livre, poignant , n'est pas toujours une partie de plaisir, dans sa lecture, tant il émeut, bouleverse , suscite émotions et réactions, quelque part il se mérite. Mais il est si beau et si fort, que la dernière ligne vue, il restera dans ma mémoire au Panthéon des livres lus. Très fortement recommandé.
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