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Critique de nathdesdo


"Le texte me parut essentiel, car il me donnait ce qu'un texte donne rarement : les pieds dans le plat avec violence, avec soin" écrit Philippe Lançon, journaliste et romancier, dans sa magnifique préface.

Le texte, c'est le récit autobiographique de Fritz Zorn, paru en 1977, réédité en avril de cette année, dans une nouvelle traduction d'Olivier le Lay. Il est essentiel. C'est exactement cela.

"Je n'ai pas grandi dans un monde malheureux mais dans un monde mensonger."
Fritz Zorn, atteint d'un cancer et au seuil de la mort, analyse avec lucidité, ironie mordante et parfois, tendresse, son éducation, son milieu et ses parents, représentatifs de la "bonne société bourgeoise", riches Suisses allemands, habitants de la Rive dorée du lac de Zurich.

Il décortique l'effrayante apparence du bonheur, l'éducation au conformisme et la "normalité qui vous [soulève] presque le coeur de dégoût". Il nous fait entrer dans le monde du "comme il faut" où priment courtoisie, paroles convenues et mots rayés du vocabulaire.

Il traque le mortifère d'une vie rétrécie, monotone et asphyxiante. Une vie sans désir. Une vie comparable à celle "des bernard-l'ermite; par-devant, (…) solidement carapaçonnés, mais par-derrière la nudité [pointe]."

Il dépeint le fade et le lisse. Une éducation polie, à être dans le ton, à penser ce qu'il est convenu de penser, à maintenir l'harmonie coûte que coûte. Ne pas s'exposer et taire les sujets d'importance ou possiblement conflictuels.

Malade d'une société qui l'étouffe, Fritz Zorn laisse exploser sa rage, longtemps contenue et dans un cri, à la dernière phrase de l'essai, se "déclare en état de guerre totale ".

Un texte qui sonne comme une invitation à la lucidité, brûlante, parfois; à la singularité, dérangeante, souvent et à la force vitale de la confrontation.
Un récit, à l'image de Mars, dieu de la guerre mais aussi dieu de "la force créatrice (…), du printemps et des commencements".
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