AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Wyoming


Il faudrait peut-être relire entièrement ce livre pour en écrire une critique qui commenterait en détail tout son contenu tellement il est dense et varié, touchant aux meilleurs comme aux pires des comportements humains, explorant ces conditions humaines insondables à travers les vécus des deux protagonistes principaux, le vieil homme, John Gload, et son gardien en prison Valentine Millimaki.

Ce sont deux êtres dont les vies ont débuté durement, marquées par leur condition orpheline, suicide ou décès dramatique des parents, aléas de deux existences qui vont se rencontrer, connaître finalement chacun l'intime de l'autre, devenir quasiment amis, écoutant chacun les confessions de l'autre, celles du vieux criminel au jeune gardien, et les difficultés de sa vie personnelle que celui-ci lui confie volontiers.

Tous leurs échanges s'inscrivent dans les paysages immenses du Montana que Kim Zupan décrit dans toutes leurs splendeurs, montagnes, rivières, champs de céréales, animaux sauvages, dans le vent ou la pluie, sous le soleil ou dans la neige, tout un florilège d'une nature que les deux hommes aiment, en partagent les saveurs, imprégnés chacun de cette éternité immuable.

Les femmes ont une place importante dans les vies de l'un et de l'autre, ils n'ont pas vraiment réussi leurs vies sentimentales, chacun ressentant une profonde dépression de leurs vécus tumultueux. Les femmes sont d'abord les mères, disparues prématurément, puis les compagnes, mais aussi de simples rencontres éphémères, souvent sans paroles échangées, mais auxquelles l'auteur donne une aura presque magique.

Le meurtre, la mort sont omniprésents, du côté de John qui a tué sans hésiter, sans même réfléchir parfois, et du côté de Val qui recherche ponctuellement des disparus, vieillard ou jeune fille que la nature a engloutis dans ses griffes impitoyables.

La méditation sur la condition humaine est d'un réalisme saisissant, par exemple dans ce passage où John, observé depuis les fenêtres d'une "maison pour les vieux", finit par y entrer, interpellé par la déroute de ces vies finissantes, pitoyables, qu'il pourrait envisager d'abréger pour libérer ces malheureux prisonniers d'une destinée qu'ils ne maîtrisent plus.

C'est vraiment un très beau roman noir où les idées fusent à chaque page, où les dialogues ont une ampleur exprimant le dit et le non dit, où les silences parlent, où l'humain est au coeur de toutes les lignes écrites par Kim Zupan, lignes que le lecteur arpente et ne voudrait plus quitter...
Commenter  J’apprécie          962



Ont apprécié cette critique (96)voir plus




{* *}