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Critique de mumuboc


Je continue à piocher sur mes étagères ce que j'appelle "les classiques" que ce soit des auteurs ou romans, pour approfondir ma connaissance des styles, des courants d'écriture et pour celui-ci qui m'avait été offert dans le cadre "d'un gratuit pour deux achetés", bonne pioche car je n'en avais jamais entendu parler (je parle du roman). Il s'agit d'un roman inachevé, retrouvé dans les archives de Stefan Zweig après son suicide en 1942.

Avoir 20 ans en 1914, être une jeune femme autrichienne, timide et effacée, élevée dans la rigueur auprès d'un père militaire, orpheline de mère donc sans peu de repère féminin, ayant été pensionnaire durant toute son enfance, et découvrir la vie, l'amour, la guerre, la maternité en quelques années, en quelques rencontres mais aussi les différents visages de l'humanité, le rêve de certains d'un monde uni, social, mais aussi la lâcheté, les combines en temps de guerre et le mensonge.

Beau portrait de femme : écriture délicate, sensible et raffinée, l'auteur s'est glissé dans la vie et les pensées de cette jeune fille qui va découvrir le monde et sa réalité, à la sortie de la pension où elle a été éduquée, confrontée à la guerre et aux hommes. 

Grâce à son travail près d'un neurologue, intelligent, qui lui permettra de développer ses aptitudes à observer, écouter et se libérer du carcan familial et lui ouvrira la voix de la psychologie  et d'une certaine liberté

Freud veut faire découvrir aux hommes la cause de leur déséquilibre psychique, et moi, je veux la leur faire oublier. (p65)

Aimer en temps de guerre et en plus un homme du camp ennemi...... Un homme aux idées humanistes, sociales si lointaines de l'univers paternel et de son enseignement mais dont elle sera très vite séparée par le conflit qui s'installe en Europe. Perpétuer cet amour à travers son fruit, qu'elle porte et défendra courageusement, prête à tout, un peu candide parfois, mais volontaire et lucide sur sa condition et celle de son enfant.

Mon seul regret  : le fait que ce récit est inachevé car on abandonne Clarissa sans savoir ce que son créateur envisageait pour elle..... mais cela laisse également la place à notre imaginaire : à nous d'imaginer ce que sera son avenir pour elle et son enfant, au sortir de la guerre. Continuera-t-elle à avancer ou disparaîtra-t-elle dans le désespoir et la misère ?

Quand on abandonne ses habitudes, on ne peut que se retrouver soi-même. (p75)

Il y a une certaine désillusion, langueur, tristesse dans la narrration : une sorte de fatalité sur un monde qui ne change pas, sur ses absurdités et sur ceux qui le mènent, souvent pour leur seul intérêt

Après 24 heures de la vie d'une femme que j'ai eu la chance de voir au théâtre, qui était déjà un très beau récit d'une femme amoureuse, follement amoureuse mais bafouée, abusée et désespérée, je trouve que Stefan Zweig est un écrivain qui sait se glisser dans le corps et l'esprit des femmes mais aussi nous relater leur condition dans le monde. C'est un écrivain aux idéaux sociaux et humains mais conscient du monde où il vivait et peut-être son désespoir de ne pas le voir changer.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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