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Critique de tiptop92


Stefan Zweig - Marie-Antoinette - 1933 : En plus d'être l'oeuvre d'un des plus grands écrivains du 20°siecle, cette biographie était aussi une formidable mise en situation psychologique de personnages qu'on avait jusque-là trop souvent étudiés superficiellement. Il fallait en savoir beaucoup sur l'être humain et ses ressorts pour faire une analyse aussi pointue de l'existence de Marie-Antoinette. Jeune femme élevée dans du coton, maintenue dans une certaine ignorance par une éducation délétère, caractérisée par une absence de gout pour les choses littéraires (Elle n'aurait quasiment jamais ouvert un livre de sa vie) et adepte des réjouissances et des fêtes, Marie-Antoinette se retrouvait bombardé à quinze ans reine de France. À ses côtés l'époux que la providence lui avait choisis n'était qu'un gros garçon timide dévoré par l'incertitude et par la peur d'embarrasser les autres. Louis XVI trimbala toute sa vie une timidité maladive et une paralysie au moment de décider qui se ressentira tragiquement à l'heure des choix cruciaux de son règne. de plus son incapacité pendant sept ans à honorer sa jeune épouse lui vaudra d'être toute sa vie en infériorité et redevable à cette reine dont tout le monde à l'époque ventait l'allure et la beauté. Alors que le roi fidèle à son caractère s'enlisait dans des actions que lui dictait la fange la plus extrémiste de la noblesse (Prélèvement d'Impôts supplémentaires, renforcement de certains privilèges) il emmenait de l'autre coté la France à la ruine dans une aventure américaine encouragée par les sujets les plus libertaires de sa cour. Incapable de faire les reformes qui auraient pu améliorer le sort de ses peuples, ravagé par la douleur d'avoir perdu son fils ainé pendant des états généraux qui actèrent les vrais débuts de la révolution, Louis XVI à aucun moment ne sut imposer une volonté qui aurait pu sauver l'essentiel de la royauté. Pendant ce temps Marie-Antoinette promenait sur la vie une insouciance qui lui valut très tôt la haine des français excités par les nombreux pamphlets et caricatures qui circulaient jusqu'au coeur du château de Versailles. Difficile à cette époque de trouver des excuses à cette femme qui se complaisait dans un statut de fashion victime habituée à ce que chacun de ses caprices soient exécutés. Elle n'était bien sûr pas responsable du déficit de la France comme on a pu le dire à l'époque mais les injustices liées à la misère et aux impôts faisaient passer ses dépenses comme autant de provocations. Responsable en partie moralement de la situation tendue qui amena les parisiens à prendre la Bastille, Marie-Antoinette trouva dans les épreuves subies la force qui fit enfin d'elle une souveraine. Stefan Zweig disséquait avec un implacable réaliste les évènements marquants de sa vie sans rien omettre de ses torts ou de ceux de son entourage. Il donnait une vision unique des moments les plus controversés d'une existence dédiée pendant longtemps à ses seuls plaisirs personnels. L'affaire du collier, sa liaison amoureuse avec le comte de Fersen, la construction et l'entretien de son hameau au petit Trianon, autant d'épisodes que l'illustre écrivain nous faisaient vivre de l'intérieur montrant la femme dans son plus simple appareil. Tout n'était pas négatif non plus dans ce récit qui soulignait aussi la simplicité de ce couple royal foncièrement bienveillant mais qui eut la malchance de ne pas être à sa place dans ce siècle. La deuxième partie du livre qui abordait les heures sombres de la révolution était la plus intéressante, elle dénouait avec une rare véracité le drame sous-jacent qu'on ressentait dès le début de la lecture. Dans l'emprisonnement, lors de son procès, lors de sa mort même Marie-Antoinette su enfin montrer la grandeur d'âme et l'empathie qui lui manquèrent tant durant sa vie… une des plus belles biographies historiques jamais écrite
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