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Critique de Esorlecram


Bouquin hors norme d'une autrice hors norme.
Luce d'Eramo a rassemblé ici quelques textes écrits à différentes périodes entre 1953 et 1977, relatant des souvenirs de l' incroyable parcours que fut sa vie pendant la seconde guerre mondiale, de 1943 à 1945. Impossible de résumer un tel parcours en quelques lignes !
Fille de fascistes italiens hauts placés, fasciste elle aussi, elle commence à s'interroger sur ce régime à la chute de Mussolini et décide d'aller voir sur place ce qui se passe : elle s'engage comme travailleuse volontaire dans un camp allemand. Pas banal pour une fasciste !
L'éclairage qu'elle donne des camps est tout à fait original. Pour moi, camp allemand signifiait surtout extermination des Juifs et chambres à gaz. d'Eramo nous apprend qu'il y a plusieurs sortes de « lager » et dans son camp de travail, elle vit dans des conditions déplorables, certes, mais semble plutôt libre. Etrange.
Cette impression bizarre est renforcée par le fait que ces récits ne suivent pas l'ordre chronologique. Je me suis parfois demandé quel était son véritable statut, pourquoi elle était là. Car elle entame chaque récit sans introduction aucune, sans transition, et décrit sa vie quotidienne avec ses compagnons sans la relier à la situation politique. Elle montre que ce qui préoccupe ces malheureux, c' est moins l'espoir d'être libéré que d'avoir une croûte de pain à grignoter. Et le rire retentit souvent dans ces baraquements ! Luce est un personnage déroutant, doté d'une énorme volonté qu'elle met au servive des autres, mais est capable aussi de comportements très égocentriques et imprévisibles.
Tout cela donne un ensemble assez confus, d'autant plus qu'elle avoue, dans son dernier récit, qu'elle a omis de raconter plusieurs événements : cela devient un puzzle plein de trous. Frustrant ! Cette dernière partie, la plus longue, fut aussi pour moi la plus ennuyeuse. Luce essaye de voir clair en elle-même, mais n'y arrive pas vraiment. Les phrases tournent en rond dans un verbiage sans fin. Elle tente d'expliquer qu'elle a finalement compris que la lutte collective qu'elle a menée n' a pas servi à grand-chose, et que c'est individuellement qu'il faut se battre dans la vie.
Personnalité déroutante donc, qui condamne fermement le comportement des nazis, ne condamne pas vraiment les sous-hommes qui effectuent ces actes monstrueux, car ce sont aussi des victimes , et ne pipe jamais un mot sur le fascisme lui-même.
Si j'ajoute que son style n' a rien de remarquable, on aura compris que je ne lirai pas ses autres romans.
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