AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Une autre histoire de la littérature française : Coffret .. (22)

Je crois que la littérature, qui est probablement bien autre chose, est d'abord source de plaisir. Je crois, comme Corneille, comme Molière, comme Boileau, comme Racine, qu'il s'agit de plaire au lecteur et au public, qui est le juge suprême.
A ce souci de retenir le lecteur et de lui donner un peu de bonheur en compagnie de ce qu'il y a de mieux dans notre pensée, dans nos passions et dans leur expression, se joint une préoccupation, n'ayons pas honte de le dire, franchement didactique et pédagogique. J'ai pensé, je l'avoue, aux jeunes gens que les manuels, souvent excellents, qu'on leur propose font bâiller et qui voudraient pourtant en savoir un peu plus, sans se décrocher les mâchoires, sur les textes à leur programme : dans la gaieté, dans l'allégresse devant le génie ou le talent, ces portraits visent à fournir sur les auteurs un minimum d'informations.

(extrait de l'avant-propos, par l'auteur)
Commenter  J’apprécie          260
Stendhal est dur avec Lamartine : "Dès que Lamartine sort de l'impression de l'amour, il est puéril(...). C'est toujours et uniquement un coeur tendre au désespoir de la mort de sa maitresse." Et Flaubert : "C'est à lui que nous devons tous les embêtements bleuâtres du lyrisme poitrinaire (...). Il ne restera de Lamartine de quoi faire un demi-volume de pièces détachées. "
Je ne suis pas sûr que Lamartine répondrait quoi que ce soit. Il avait l'âme trp haute et la tristesse trop noble.
Commenter  J’apprécie          160
A propos de Boileau :

A première vue, un emmerdeur. Un pion, un pédant, un régent de collège qui ne jure que par les règles.
Regardons-y d'un peu plus près : c'est un bon compagnon. Avec trois autres amis, il forme la bande des quatre, la première bande des quatre, et ils vont, tous ensemble, bras dessus, bras dessous, s'enivrer d'avenir, de poésie et de vin à "La Pomme de pin" ou au "Mouton blanc".
Cette bande des quatre-là, c'est la fameuse "école de 1660" qui aura pour règles la nature, la raison, la vérité et le plaisir du public.
Ils s'appellent Molière, La Fontaine, Boileau et Racine. Et le moins sympathique des quatre n'est sûrement pas Boileau. Je crains que celui dont on ferait bien de se méfier ne soit le grand Racine : le caractère de Racine n'est pas à la hauteur de son génie. Il fauche sa maîtresse à Molière, il trahit ses amis.
Boileau reste fidèle à tous et, d'une certaine façon, il est leur maître à tous.
Commenter  J’apprécie          90
A propos de Voltaire :

S'il avait vécu encore plus vieux, ou s'il était né plus tard, il aurait été adulé en 1789 et guillotiné en 1793. Mais, malin comme il était, il n'aurait pas, lui, le grand homme, raté sa fuite à Varennes. On l'aurait vu, toujours subtil, à Mayence ou à Londres. D'ailleurs, il est mort à temps pour reposer au Panthéon.
C'était un bon historien du passé et de l'avenir, un philosophe aimable, un fameux financier, un conteur sans égal, un délicieux correspondant. Le génie poétique ne l'avait pas touché de son aile. C'était un journaliste de génie.
Commenter  J’apprécie          80
Ce qui m'a incité à écrire ce petit livre, ce n'est pas une connaissance approfondie de notre littérature : c'est son inquiète méconnaissance. Ne racontons pas d'histoires : j'ai très peu lu. Sur cette littérature française où je me propose de vous introduire, je sais assez peu de chose. Surtout, n'ayez pas peur : vous en savez, lecteur, presque autant que l'auteur.
Commenter  J’apprécie          40
Le Siècle des lumières s'établit en réaction contre l'absolutisme du Roi-soleil. Le romantisme s'installe parce que l'aventure a pris fin dans la plaine de Waterloo. L'Empereur est tombé. Que faire? (...)
On s'ennuie. On est triste. On n'a plus rien à faire. On presse les pieds des femmes sous la table chez Musset, on prend la main d'une femme pour passer le temps chez Stendhal, et pour montrer qu'on est un homme.
L'amour a cessé pour longtemps d'être un plaisir. C'est une douleur. C'est une croix. Et ça ne marche jamais.
Commenter  J’apprécie          40
Il n'y a, en fin de compte, qu'un seul mystère du classicisme : c'est la multiplicité inouïe des génies et des talents.
Pourquoi naissent-ils et se développent-ils tous dans un si petit nombre d'années? Pourquoi semblent-ils pousser tous dans le même sens au lieu de se combattre et de s'éparpiller?
Il y a Louis XIV, c'est une affaire entendue, mais ce n'est pas lui qui fait naître en même temps La Fontaine, Molière, Pascal, Bossuet, Boileau et Racine.
Le mystère de la cumulation des succès est aussi troublant que celui, à d'autres époques, de la cumulation des échecs.
Commenter  J’apprécie          40
Le classicisme est français avant de s'étendre sur l'Europe. Le romantisme est allemand, anglais, écossais, européen avant de se faire français. Les fantômes l'envahissent. Il est peuplé de tombeaux. On se porte des toasts funèbres dans les églises de campagne ou au fond des forêts agitées par la tempête. On parle beaucoup de se tuer - mais seul Nerval se pend.
Dans sa lutte contre les classiques, le romantisme échoue à effacer le passé. Mais, jusqu'à Barrès et Aragon, il réussit à conquérir l'avenir.
Comme avant, plus qu'avant, nous admirons les classiques. Et nous sommes tous des romantiques.
Commenter  J’apprécie          30
Au confluent de la littérature, de la culture juridique et de la science expérimentale, étranger à toute théologie et à toute transcendance, moins religieux encore que les athées qui au moins s'occupent de Dieu, ne serait-ce que pour le nier, philosophe du cours des choses et de la marche du temps, héritier à la fois de Bossuet et des libertins, aristocrate et moraliste politique, Montesquieu reste un grand nom de la pensée historique et sociale :
"Je puis dire que j'y ai passé ma vie. Au sortir du collège, on me mit dans les mains des livres de droit; j'en ai cherché l'esprit".
Commenter  J’apprécie          30
S'il faut situer Pascal dans la culture de son temps et dans l'histoire des idées, on pourrait dire que les mondains, les esprits superficiels et le bon sens quotidien pensent que le bonheur est hors de nous; que les stoïciens et les philosophes pensent que le bonheur est en nous; et que Pascal, dans la lignée de Saint Augustin plutôt que de Saint Thomas d'Aquin dont se réclamaient les Jésuites, veut nous convaincre que le bonheur est à la fois hors de nous et en nous - parce qu'il est en Dieu.
Toute la force du Pascal des "Pensées" est dans ce va-et-vient perpétuel entre un Dieu tout-puissant, mais crucifié, et un homme misérable, élevé au-dessus de lui-même par la grâce et la charité.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (89) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Jean d'Ormesson

    Dans quelle ville Jean d'Ormesson a-t-il vu le jour?

    Paris
    Rio de Janeiro
    Lyon
    Bucarest

    10 questions
    79 lecteurs ont répondu
    Thème : Jean d' OrmessonCréer un quiz sur ce livre

    {* *}