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Critique de Chestakova


Il s'appelle Vadim Baranov. Sous les traits du narrateur, Giuliano Da Empoli s'intéresse à lui alors que l'homme après quinze années de bons et loyaux services dans l'ombre de Poutine a finalement renoncé à en être l'éminence grise, anticipant ainsi une disgrâce annoncée.
Baranov continue à alimenter des interrogations sans fin,dans les milieux moscovites bien informés mais il devient invisible. Notre narrateur se met donc sur sa trace et les réseaux sociaux vont bientôt lui permettre une prise de contact digne des débuts de la mort aux trousses ou de tout autre thriller, p 28 le voilà en face de Baranov, dans une résidence au luxe assumé, discret, de bon goût, loin du bling -bling des oligarques. Outre cette mise en scène plutôt convenue de l'apparition de Baranov dans la narration, nous entrons avec lui à partir de là dans un long monologue.
« Mon grand-père était un formidable chasseur » ainsi commence-t-il le récit de ces années, passées dans les sphères du pouvoir, le seul endroit qui vaille dans ce pays, où le statut d'un homme définit sa place et son rôle plus que l'argent même, un pays d'appareil et de structure étatique qui emprisonne et enserre une société qui étouffe. En dehors de quelques réflexions sur le pouvoir, lancées par Baranov dans son salon face au narrateur, la suite du récit est décevante sur la manière dont le pouvoir s'exerce et écrase en Russie. L'histoire de ce pays depuis l'implosion de l'URSS est brossée à grand traits, plus à la manière d'une revue de presse que d'une véritable analyse. On assiste à l'émergence de Poutine, sorti presque par hasard du KGB, se succèdent ensuite les épisodes les plus connus de son magistère pour ne pas reprendre la terminologie tsariste, facile, dont le récit est inondé. L'épisode de la Tchétchénie, l'obsession de la grandeur impériale, la volonté du paraître, qui trouve son paroxysme dans les jeux olympiques de Sotchi…Beaucoup de discrétion par contre sur les crimes dont le pouvoir est responsable…Le portrait de Baranov lui aussi est bien décevant, une histoire d'amour peu convaincante, des talents pour la mise en scène fastueuse, le sens du spectacle… le type de narration choisi par l'auteur : Baranov déroule ses souvenirs dans un monologue à sens unique, un procédé qui enlève toute profondeur au personnage, sans dialogues véritables, sans confrontation, sans véritable situation, il est bien pâle. Il cite dans son récit le personnage sulfureux que fut Limonov, cela m'a rappelé le roman d'Emmanuel Carrère, autrement plus réussi pour donner vie à ce personnage.
J'attendais beaucoup de ce roman, je suis restée sur ma faim, ni la narration, ni l'écriture ne m'ont convaincue, peu goncourable à mon humble avis.
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