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Critique de ladesiderienne


Totalement frustrée par la fin du "Magicien d'Auschwitz", j'avais hâte de connaître le sort d'Herbert Levin, dit le grand Nivelli, magicien juif déporté avec sa famille à Birkenau. Je n'imaginais probablement pas qu'il était possible de s'enfoncer davantage dans les profondeurs de l'Enfer. En affectant son héros au Sonderkommando, lui faisant ainsi porter psychologiquement une part de responsabilités dans l'extermination de ses compatriotes, J.R. Dos Santos entraîne le lecteur un peu plus loin dans l'horreur de l'Holocauste.

Cet écrivain portugais a l'immense talent de mettre à la portée de n'importe qui, de façon claire et intelligible, toutes les recherches et tout le travail complexe, accumulés en amont de l'écriture de ses ouvrages, et cela, quel qu'en soit le sujet. Ici, à partir notamment du témoignage de Werner Reich, un des survivants d'Auschwitz, il bâtit une oeuvre romancée sans perdre de vue tous les faits historiques réels. Je découvre ainsi le rapport des nazis avec l'ésotérisme et toutes ses idées mystiques sensées justifier l'Aryanisme. On comprend d'autant mieux leur fascination pour les pouvoirs d'origine occulte qu'ils attribuaient à la magie et à ceux qui la pratiquaient.
Cette lecture est parfois insoutenable. Pourtant, au coeur même de l'horreur, il persiste une petite lueur d'espoir. Même au bord de l'anéantissement, enfermé, affamé, humilié, l'être humain n'abandonne pas. Je découvre ainsi cette date du 7 octobre 1944 où les hommes employés au Sonderkommando se sont révoltés. Ayant deviné qu'ils allaient être exécutés, les Allemands voulant effacer les témoins de "la solution finale" avant l'arrivée des alliés, c'est au nom de la Mémoire et de la Vérité qu'ils tentèrent cette rébellion, tout comme ils avaient dissimulés des écrits près des fours espérant qu'après eux, quelqu'un découvrirait la sinistre réalité du camp d'Auschwitz-Birkenau.

La postface du livre ajoute à la crédibilité du récit (si besoin est) car les photos jointes apposent un visage sur les protagonistes du récit puisque presque tous ont existé. Je terminerai avec le discours de l'auteur sur "l'édulcoration" non volontaire des différents témoignages, pour diverses raisons. Que ce soit dû au temps qui passe, à la honte ou à la pudeur, au sentiment de culpabilité du survivant, la mémoire fait son tri. N'oublions pas que seuls, ceux qui en ont réchappé, et c'était l'exception, ont témoigné. Comme J. R. Santos le dit lui-même "le pire du pire n'a pas laissé de témoins" c'est-à-dire que ceux qui ne sont pas ressortis de la chambre à gaz se sont tus pour l'éternité. Un 19/20 pour cette lecture aussi pénible qu'elle est indispensable.
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