AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de RChris


Tout au long de ce roman, nous ne cesserons d'achopper sur l'idée de “l'homme qui a tué Dieu” car au dix-septième siècle, Dieu était au centre de toutes les pensées et de la philosophie.

Spinoza était-il athée ? Il s'en défend constamment car dire que Dieu n'existait pas était interdit à l'époque et l'affirmer était dangereux pour sa vie.
Pourtant pour lui : “Deus sive natura” signifiant “Dieu ou la nature” s'apparente à “Dieu est nature”.
A notre époque, on parlerait du panthéisme de Spinoza à propos de cette phrase.
C'est avec subtilité qu'il évitait de se confronter aux esprits particulièrement obtus car “ce qu'il a écrit était si révolutionnaire et heurtait si directement et si brutalement les idées toutes faites de son époque que le rejet était inévitable.”
Ainsi jongle t-il avec les mots, c'est pourquoi on a parlé d'un “athéisme masqué”.

Spinoza risquait 30 ans de prison, la spoliation de ses biens, l'autodafé de ses livres, l'amputation d'un doigt pour ne plus pouvoir écrire et la langue brûlée au fer rouge “pour la publication d'un livre exposant certaines vérités qui offensaient les religieux”.
Vous mesurerez qu'un livre pouvait être jugé ignoble, hérétique, démoniaque, blasphématoire, satanique, impie, diabolique, sacrilège, parce qu'il ébranlait le dogme et le pouvoir religieux, s'appuyant sur la pensée magique qui asservissait la liberté des hommes alors que ces idées nous apparaissent aujourd'hui banales car sorties des ténèbres de l'obscurantisme.

Le point de vue n'est pas “sur Spinoza” vu avec notre connaissance actuelle mais celui “de Spinoza” in situ.
J.R. Dos Santos le place dans son contexte historique en le rendant accessible malgré la référence aux idées du dix-septième siècle où “La Bible était considérée comme la seule source d'information sur l'existence. Tout ce qu'il y avait à savoir y était écrit… et c'était aux religieux qu'il incombait d'arracher les secrets de l'existence à ses lignes mystérieuses et de les communiquer au commun des mortels.”

Vous accompagnerez la vie de Baruch d'Espinoza qui avait lu Machiavel, Galilée et Descartes, dont il m'explique le cogito (cf. citation).

Dans une note finale, J.R. Dos Santos dresse les cinq concepts fondamentaux avancés par le philosophe. J
e vous conseille de lire cette synthèse avant la fin de votre lecture, rien ne sera divulgaché mais vous pourrez mieux appréhender sa pensée d'autant que l'auteur s'affranchit de la contrainte de devoir s'exprimer comme à l'époque, il emploie ainsi des concepts élaborés postérieurement qui doivent beaucoup au philosophe (ex : panthéisme, anthropomorphisme…)

Avec ce livre, vous ferez un voyage historique aux Pays-bas, en vous imprégnant des mentalités et croyances du dix-septième siècle et en partageant la révolution que constitue la philosophie spinozienne.
Le philosophe juif portugais né à Amsterdam dynamite les croyances, les superstitions de la pensée religieuse dominante.

Tout en nous narrant la vie de Spinoza comme une épopée et une aventure trépidante pour conserver ses idées et sa vie sauve, J.R. Dos Santos nous propose une leçon de philosophie, une vulgarisation des idées du philosophe et de son influence sur ceux qui lui succédèrent.
Commenter  J’apprécie          592



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}