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Catherine Leterrier (Traducteur)
EAN : 9782357207141
Editions Hervé Chopin (19/10/2023)
4.38/5   100 notes
Résumé :
Amsterdam, 1640.
Un homme est excommunié de la communauté juive portugaise à Amsterdam pour avoir remis en question les Écritures. Le jeune Benoît de Espinosa assiste à la scène et l'épisode fait germer en lui un doute.
Et si ce que raconte la Bible était faux ?
Le soupçon va lancer Bento dans la plus grande quête intellectuelle qui soit. Qui a vraiment écrit les textes sacrés ? Quelle est la vérité sur Dieu ? Qu'est-ce que la nature ?
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Dès le départ, la ton est donné : « l'homme qui a tué Dieu », c'est souligner à quel point la pensée de Spinoza fut révolutionnaire et allait à l'encontre des idées et croyances de son temps.

Ce roman philosophique et biographique représente un tour de force, sous un aspect « romancé » il nous présente l'essentiel de la pensée de ce grand philosophe au travers de discussions qu'il a eues avec les penseurs et scientifiques de son époque, comme Hobbes, l'astronome Huygens et le philosophe allemand Leibniz.

Au départ, rien ne prédestinait Bento de Espinosa à devenir philosophe. Sa famille venait du Portugal. de confession juive, ils ont fui leur pays pour échapper aux persécutions religieuses, avant de s'installer à Amsterdam où est né Spinoza en 1632, il mourra d'ailleurs aux Pays-Bas également (appelés alors les sept Provinces Unies) en 1677, à la Haye, à l'âge de 45 ans.

Ses parents ne parlaient pas d'ailleurs le néerlandais, mais Bento va vouloir quelque peu s'affranchir de sa communauté. Ses professeurs remarquent vite ses dispositions intellectuelles exceptionnelles mais très vite, dans l'enseignement religieux qui lui est donné, Bento ( « Baruch » en hébreu, et « Benedictus » pour les Néerlandais) va poser des questions dérangeantes et poser un regard inédit sur les textes sacrés. Tout ce qui est écrit dans la Bible est-il vrai ? Quelle est l'influence des circonstances historiques sur la nature de ce qui y est écrit ? Ces questions rejoignent d'ailleurs les démarches actuelles qu'on retrouve par exemple chez les chercheurs historiens d'aujourd'hui.

Son questionnement, sa remise en cause des dogmes du judaïsme, tels que la Torah comme écrit venant de Dieu, l'immortalité de l'âme, l'existence des miracles, l'infaillibilité des lois de Moïse qui selon Spinoza, ne servent qu'à réguler la société, tout cela va lui valoir le « cherem » c'est-à-dire l'exclusion de sa communauté. Frappé d'interdit, il ne pourra même plus parler à ses frères et soeurs, car chaque membre de la communauté est sommé de le tenir à l'écart.

Spinoza luttera contre la réputation d'athée qui lui est faite. Il croit en un Dieu qui est en quelque sorte l'émanation de la Nature, un Dieu non surnaturel donc, et qui ne peut éprouver les passions humaines, loin donc de ce qui apparaît dans la Bible. Pour lui la loi véritable est gravée au fond de son coeur et le véritable enseignement consiste à respecter son prochain comme on voudrait être respecté.

Devenu paria de la Nation, rejeté de sa communauté, il va devoir arrêter le négoce familial et s'occupera de lentilles d'optique, ce qui renforcera son intérêt pour l'astronomie. C'est le seul cas de philosophe opticien que je connaisse d'ailleurs…
Notre philosophe opticien en paiera d'ailleurs le prix : la poussière qu'il va ingérer lors de cette occupation va irrémédiablement endommager sa santé.

Sa pensée révolutionnaire va lui valoir d'être poursuivi aussi par les redoutables predikanten, sorte de gardiens zélés protestants refusant la remise en cause des dogmes religieux.
Malgré ce climat d'oppression et de censure, Spinoza va quand même développer sa pensée, bénéficiant dans un premier temps du gouvernement libéral de de Witt. Tout ceci va être remis en cause quand ce dernier sera brutalement écarté du pouvoir (et même lynché, en compagnie de son frère !!)

Spinoza ne comprendra d'ailleurs pas pourquoi la population néerlandaise préférera un pouvoir monarchique religieux et centralisé avec l'arrivée au pouvoir de Guillaume III de Nassau-Orange, à la place du gouvernement précédent, libéral et plutôt tolérant.

Devoir écrire dans l'anonymat, indiquer un faux nom d'éditeur, écrire en latin plutôt qu'en néerlandais, employer le mot « Dieu » au lieu de « Nature » pour ne pas heurter les religieux zélés, rien n'arrêtera Spinoza pour échapper à la censure qui sera malheureusement de plus en plus impitoyable..
La force de sa pensée, selon lui, venait du fait qu'il maîtrisait parfaitement l'hébreu et reconnaissait qu'il y avait des termes idiomatiques dans les textes sacrés, qu'il ne fallait pas interpréter forcément littéralement.

Le livre est formidable, j'ai adoré comment l'auteur parvient à nous rendre accessible une pensée réputée difficile et tellement disruptive à son époque.

Particulièrement ce qui m'a semblé bien rendu dans ce livre :
- Spinoza a sans doute été l'un des premiers penseurs (pour ne pas dire le premier) à affirmer la nécessité de la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

- Il offre une vision du monde totalement différente de celle à laquelle les gens étaient habitués. Dieu n'est pas surnaturel, et n'est pas à l'origine de tout, selon lui, contrairement par exemple à ce que pensait Descartes qui pourtant l'a influencé dans sa jeunesse.

- L'homme subit aussi une forme de déterminisme, comparable aux lois de la Nature. Connaître ce qui nous détermine, c'est aller vers plus de liberté et vers une vie plus sereine qui nous permet d'accepter ce qui nous arrive. Seule la raison et la compréhension du pourquoi de nos actes nous libère. Quelle modernité, il avait plusieurs siècles d'avance !!


- Selon lui, Dieu est infini et nous sommes des extensions de Lui.

- Dieu n'a donc pas de sentiments humains, n'écoute pas nos prières, n'éprouve pas de colère (on comprend comment cela a pu choquer ses contemporains..)


- Enfin la création du monde n'obéit à aucune finalité et l'Homme n'est pas le centre de la création.

Voilà j'en ai dit assez.. vraiment je recommande ce livre à tous ceux qui s'intéressent à la philosophie ou à l'histoire de la pensée.. On découvre à quel point Spinoza était en avance sur son temps et le courage qu'il lui a fallu pour défier les autorités religieuses de l'époque.


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Tout au long de ce roman, nous ne cesserons d'achopper sur l'idée de “l'homme qui a tué Dieu” car au dix-septième siècle, Dieu était au centre de toutes les pensées et de la philosophie.

Spinoza était-il athée ? Il s'en défend constamment car dire que Dieu n'existait pas était interdit à l'époque et l'affirmer était dangereux pour sa vie.
Pourtant pour lui : “Deus sive natura” signifiant “Dieu ou la nature” s'apparente à “Dieu est nature”.
A notre époque, on parlerait du panthéisme de Spinoza à propos de cette phrase.
C'est avec subtilité qu'il évitait de se confronter aux esprits particulièrement obtus car “ce qu'il a écrit était si révolutionnaire et heurtait si directement et si brutalement les idées toutes faites de son époque que le rejet était inévitable.”
Ainsi jongle t-il avec les mots, c'est pourquoi on a parlé d'un “athéisme masqué”.

Spinoza risquait 30 ans de prison, la spoliation de ses biens, l'autodafé de ses livres, l'amputation d'un doigt pour ne plus pouvoir écrire et la langue brûlée au fer rouge “pour la publication d'un livre exposant certaines vérités qui offensaient les religieux”.
Vous mesurerez qu'un livre pouvait être jugé ignoble, hérétique, démoniaque, blasphématoire, satanique, impie, diabolique, sacrilège, parce qu'il ébranlait le dogme et le pouvoir religieux, s'appuyant sur la pensée magique qui asservissait la liberté des hommes alors que ces idées nous apparaissent aujourd'hui banales car sorties des ténèbres de l'obscurantisme.

Le point de vue n'est pas “sur Spinoza” vu avec notre connaissance actuelle mais celui “de Spinoza” in situ.
J.R. Dos Santos le place dans son contexte historique en le rendant accessible malgré la référence aux idées du dix-septième siècle où “La Bible était considérée comme la seule source d'information sur l'existence. Tout ce qu'il y avait à savoir y était écrit… et c'était aux religieux qu'il incombait d'arracher les secrets de l'existence à ses lignes mystérieuses et de les communiquer au commun des mortels.”

Vous accompagnerez la vie de Baruch d'Espinoza qui avait lu Machiavel, Galilée et Descartes, dont il m'explique le cogito (cf. citation).

Dans une note finale, J.R. Dos Santos dresse les cinq concepts fondamentaux avancés par le philosophe. J
e vous conseille de lire cette synthèse avant la fin de votre lecture, rien ne sera divulgaché mais vous pourrez mieux appréhender sa pensée d'autant que l'auteur s'affranchit de la contrainte de devoir s'exprimer comme à l'époque, il emploie ainsi des concepts élaborés postérieurement qui doivent beaucoup au philosophe (ex : panthéisme, anthropomorphisme…)

Avec ce livre, vous ferez un voyage historique aux Pays-bas, en vous imprégnant des mentalités et croyances du dix-septième siècle et en partageant la révolution que constitue la philosophie spinozienne.
Le philosophe juif portugais né à Amsterdam dynamite les croyances, les superstitions de la pensée religieuse dominante.

Tout en nous narrant la vie de Spinoza comme une épopée et une aventure trépidante pour conserver ses idées et sa vie sauve, J.R. Dos Santos nous propose une leçon de philosophie, une vulgarisation des idées du philosophe et de son influence sur ceux qui lui succédèrent.
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Un livre de plus de 500 pages portant sur un philosophe portugais du 17e siècle, une lecture entreprise avec une certaine appréhension.

Le récit commence doucement avec l'enfance du jeune juif dont la famille a fui le Portugal et l'Inquisition pour se réfugier dans les Provinces unies des Pays-Bas. Il est très intelligent, on le voit comme un futur Grand Rabbin. Mais avec ses études détaillées de la Bible, il s'aperçoit des contradictions qui l'amènent peu à peu à ne plus croire aux préceptes de sa religion (et de toutes les religions). S'il n'a pas véritablement tué Dieu, il a remis en question les rites religieux qu'il qualifie de superstitions. S'il dénonce les organisations ou les idées, il manifeste une grande tolérance pour les personnes proposant de « Ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire mais comprendre ».

Bien sûr, l'évolution de sa pensée n'est pas linéaire, elle comporte aussi ses contradictions. Jusqu'à sa mort à 44 ans de la tuberculose, il a continué à clarifier sa pensée et, malgré les risques de persécution, à écrire pour que tous puissent aussi utiliser la raison et accéder à la compréhension.

Malgré mes doutes de départ, j'ai bien aimé le roman, très instructif sur l'époque et sur l'histoire des sciences. Il y a inévitablement des passages décrivant les idées de Spinoza. C'est parfois un peu long si le sujet nous touche moins, mais ce n'est jamais hermétique, c'est écrit de façon très abordable.

C'est un roman qui parle du courage de ceux qui ont fait évoluer la science et les idées démocratiques, parfois au risque de leur vie, car n'oublions pas que même au 21e siècle, des écrits qui s'opposent au pouvoir politique ou religieux pourraient leur valoir d'être emprisonnés ou exécutés.
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Un nouveau Dos Santos, un bonbon.
Comme souvent chez l'auteur, la religion s'inscrit au coeur de ses romans. et ici il s'attaque à l'un des plus grands penseurs que le monde ait connu.
Il nous retrace la biographie de Spinoza, éminent philosophe portugais qui inspirera bien plus tard d'autres spécialistes de la profession comme Nietzsche ou Hegel.
Nous sommes à Amsterdam au milieu du XVII ème siècle et l'histoire nous conte le parcours d'un juif portugais du nom de Bento do Espinosa.
Dès l'entrée dans l'adolescence, le jeune Bento, élève brillant doté d'une intelligence remarquable, s'adonne à la lecture des textes sacrés, à commencer par la Bible et la Torah en hébreu. Très vite, il se pose des questions sur la véracité du contenu de ces Écritures sacrées.
Passionné de mathématiques et de philosophie, Bento se plonge dans les écrits des sommités de l'époque comme Hobbes et Bacon ( le philosophe et non le peintre) et surtout Descartes qu'il considère comme la référence absolue.
Il pousse le rationalisme à son paroxysme en s'avérant le plus cartésien des Cartésiens.
L'Homme trop souvent mu par sa passion ne devrait être guidé que par sa seule raison. La Bible n'est en aucun cas de source divine, les miracles n'existent pas ou si Dieu existe, il ne peut être que la nature. Ces propos révolutionnaires pour l'époque le conduiront à être aussi bien rejeté par les Juifs que par les Chrétiens.
Qualifié d'hérétique, Spinoza nous fait nous interroger sur bien des thèmes existentiels. Entre autres, L'âme n'est pas disjointe du corps et ne peut survivre à la mort humaine. Seules les idées survivent.
Précurseur par ses idées politiques, il décrètera, entre autres, que l'église et l'état doivent être séparés si l'on veut une vraie liberté de penser et de s'exprimer, ce que notre pays, par exemple, ratifiera bien des siècles plus tard.
Dos Santos réussit le tour de force de rendre accessible à tous les assertions de ce philosophe.
Il faut garder à l'esprit que Spinoza clame haut et fort ses idées en un temps où la Bible servait d'unique socle à tout mode de pensée.
Que l'on partage ou pas, un peu beaucoup passionnément la teneur de ses dires n'est pas l'essentiel. Cette vulgarisation scientifico-philosophique nous interpelle et le but est atteint.
Un sujet aussi ardu qui se lit comme un excellent roman relève d'un travail acharné.
Bravo et merci M. J.R. Dos Santos.
Un grand merci également à Babelio et aux éditions Hervé Chopin.
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Avec une écriture simple et efficace, l'auteur de ce roman , car il s'agit bien d'un roman, nous raconte la vie de Bento de Espinosa, l'un des plus grands philosophes de tous les temps. le récit commence à Amsterdam en l'année 1640, dans la communauté juive portugaise, majoritairement composée de juifs expulsés ou réfugiés de la péninsule Ibérique, fuyant les férocités de l'inquisition.
Spinoza à alors huit ans. Sa mère est morte lorsqu'il n'avait pas encore six ans. Son père est un marchand réputé dans l'import-export de fruits secs et d'huile d'olive, très actif dans la communauté. Bento vient d'être témoin de la punition infligée à Uriel Da Costa, trente neuf coups de fouet, pour avoir propagé des blasphèmes offensant Dieu. Cette punition, puis le suicide de Da Costa marquera à jamais Spinoza qui, très jeune, a déjà lu la bible et en a décelé les contradictions. Toute sa vie, Spinoza la consacrera à la recherche de la vérité : «c'est là tout l'engagement d'un philosophe. Il doit analyser la réalité telle qu'elle est réellement et la présenter de façon honnête.» Cette démarche rigoureuse, à une époque où toute critique de la religion est dangereuse, ne lui apportera pas que des plaisirs. Une tentative de meurtre et une excommunication pour cause d'hérésie lui apprendront à rester prudent (Caute) en toute circonstance, mais n'affaibliront jamais sa volonté de rechercher la vérité. Confronté aux dures réalités d'une époque dangereuse, guerres, peste, pression de la religion, Bento comprend que « toutes les émotions sont liées au désir, à la joie, à la tristesse et que seule la raison lui permettrait d'atteindre la perfection qui n'est rien d'autre que la joie authentique. » Après son exclusion de la communauté juive, il devient « philosophe-artisan » et gagne sa vie en polissant des lentilles optiques et commence à enseigner les principes de Descartes.
L'auteur imagine les rencontres et les échanges de Spinoza avec les hommes brillants de son époque comme Isaac La Peyrère, Henri Oldenburg, Leibniz, Franciscus van Den Enden, ses amis Cartésiens, les « collégiants », qui, petit à petit, lui permirent de forger sa philosophie, que l'auteur développe au fil de conversations imaginaires entre Spinoza et ses interlocuteurs, procédé de vulgarisation très efficace :
Pour Spinoza, « l'esprit et le corps sont indivisibles et Dieu qui est infini, esprit et matière, est aussi nature. le bien et le mal n'existent pas, seulement dans nos têtes. ». « L'homme n'a pas de libre arbitre, tout résulte d'une chaîne infinie de causes et d'effets. Or, une chose qui dépend d'autres choses pour exister n'est pas libre. Puisque l'homme dépend des lois de la nature, il n'est donc pas libre. Seul, l'homme guidé par la raison se libère grâce à la volonté en établissant des maximes de vie, en les mémorisant et en les appliquant : c'est l'Ethique »
En résumé, l'auteur décline l'apport de Spinoza à la philosophie en cinq grands concepts :
1) désacralisation de la bible : les Saintes Ecritures n'ont pas une origine Divine, mais humaine.
2) Il exclue toute intervention divine dans les processus naturels. Dieu ne joue aucun rôle.
3) l'âme, entité autonome, n'existe pas. Ce qui existe, c'est l'esprit qui n'est pas séparé du corps et qui n'existe qu'en tant qu'état de conscience qui disparaît lorsque nous mourons.
4) Il a retiré Dieu du centre de l'Univers ainsi que l'Homme qui est « aussi naturel qu'une souris, une pierre ou un grain de poussière.» Dieu est la nature.
5.) Il a proposé de remplacer les religions qui «prêchent des superstitions» par un système fondé sur la raison.
Alors, la question que pose l'auteur est la suivante : Spinoza a-t-il tué Dieu ? Pour certains, Spinoza n'était pas athée, mais pour d'autres, en comparant Dieu à la nature, ils considèrent qu'il a conservé le mot Dieu uniquement compte tenu du danger qu'il y avait à son époque de nier son existence.
Vaste débat qui, heureusement n'a plus cours aujourd'hui puisque personne n'a de doute sur la non existence de Dieu. Il n'y a donc plus aucun danger……. Comment ça, non ?
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
- Ce problème obsédait Descartes. Comment pouvait-il être sûr que les choses qu'il voyait autour de lui n'étaient pas le résultat d'un rêve ou d'un délire? Y avait-il quelque chose dont il pouvait être absolument certain? Qu'en penses-tu, Benedictus
Bento se gratta le menton pensivement. -Je ne sais pas, hasarda-t-il. Peut-être que si vous vous pinciez...
-Peut-être que si vous pensiez, répliqua aussitôt le professeur en se touchant la tempe avec l'index. Descartes réalisa qu'il s'agissait là de la bonne réponse. Penser. Peut-être ne s'appelait- il pas vraiment Descartes, peut-être que la France, où il était né. n'existait même pas, peut-être qu'il avait rêvé être venu vivre ici, dans la république des Sept Provinces-Unies. Il y a une chose, toutefois, dont il ne pouvait douter. C'est qu'il pensait. Il pensait. Même lorsqu'il doutait, il ne pouvait pas douter qu'il doutait. C'était là quelque chose de sûr, de solide, d'indiscutable. De cette vérification indiscutable, de cette première certitude, il pouvait déduire d'autres certitudes qui étaient la conséquence de la première. La deuxième certitude à laquelle il parvint s'imposa à qui lui tout naturellement.
Tenant toujours le livre de Descartes dans ses mains, il repérage une phrase qu'il avait soulignée au préalable. Il tourna ensuite la page vers l'élève.
- Cogito ergo sum, lit Benito. - Il fixa son professeur d'un air inquisiteur. - Je pense, donc je suis ?
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Note finale

Le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis commence par ces mots : "Le Congrès n'adoptera aucune loi relative à l'établissement d'une religion, ou à l'interdiction de son libre exercice." C'est là une phrase courte, mais extrêmement puissante. Ce postulat juridique a représenté une coupure épistémologique entre le passé et l'avenir, car il a remis en question l'ancienne et dangereuse relation de complicité entre I'État et la religion, et établi un principe fondamental de l'État de droit, aujourd'hui consacré dans de nombreux pays. La liberté de culte.
Ce que beaucoup ignorent, c'est que ces mots fondateurs trouvent leur origine chez Spinoza, l'un des inventeurs du Siècle des Lumières.
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Vous dites que Dieu est au ciel pour nous protéger ?
L'homme pense que toutes les choses ont été conçues pour servir son ouvrage, et que la nature d'une chose est bonne, mauvaise, saine, putride ou corrompue selon la manière dont il est affecté. Puisque les choses n'ont pas été conçues par l'homme, et que l'homme ne croit pas qu'elles se soient créées d'elles-mêmes, il présume qu'il y a quelqu'un d'autre qui les a conçues pour son usage.

L'homme en déduit donc qu'il y a quelqu'un qui règne sur la nature, quelqu'un qui possède une liberté semblable à la sienne, quelqu'un qui a tout arrangé en faveur de lui et qui a tout conçu pour son usage.

C'est pourquoi il dit que les dieux ont tout fait au bénéfice de l'homme, afin que l'homme soit reconnaissant envers les dieux et leur rende hommage.

Ainsi, chaque homme a conçu dans sa tête sa propre façon d'adorer Dieu, afin que Dieu l'aime plus que tous les autres, et mette la nature au service de sa stupide cupidité et de son insatiable avidité.

C'est ainsi que cette idée s'est transformée en superstition et s'est profondément enraciné dans les esprits.

JR Dos Santos, "Spinoza, l'homme qui a tué Dieu".

Le livre sort le 19 octobre 2023 et est déjà disponible à la précommande.

Je vous fais une courte présentation du livre ici - avant une présentation plus complète le jour de la sortie du livre : https://youtu.be/dfF0avULzsY?si=_RvcORdoMhXuIlyN

En attendant voici l'interview que l'auteur m'a accordé : https://youtu.be/zNBmuHlyaJU?si=dB-xoe9Ledp0B5tU

Le livre de l'année dernière sur la Chine présenté ici par mes soins : https://youtu.be/HZ-u_tHmvOk?si=JD8LJ6NSstH8sA5Z
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Tous les maux étaient arrivés parce que les êtres humains faisaient dépendre leur bonheur des choses qu'ils apprécient, qu'il sagisse du désir de richesse, de l'ambition d'être célèbre, ou même des plaisirs sensuels. Lorsque, au contraire, on ne désir pas une chose, il n'y a pas de conflit autour d'elle, pas de tristesse ou de haine ni, à proprement parler, de perturbation de l'esprit. Tout les maux naissent, en fin de compte, du désir pour les choses éphémères.
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Il n’avait jamais imaginé qu’une telle barbarie était possible dans son propre pays, sa chère république, patrie du capitalisme et de la liberté, terre de tolérance et de diversité

(Hervé Chopin, p.485)
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