AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


Arnaldur Indriðason excepté, j'étais en pause polars nordiques, j'en avais trop lu sur une période courte et avais l'impression de tourner en rond. Elma a relancé mon intérêt pour le genre, tellement je l'ai trouvé abouti et subtil pour un premier roman.

Pourtant, ça démarrait très classique : une enquête sur le meurtre d'une jeune femme dont le corps est retrouvé au pied d'un phare, en reprenant tous les codes habituels du polar scandinave ( rythme lent sans ultra violence, réalisme sociétal, critique sociale derrière les apparences d'une petite ville où est parachutée un inspecteur solitaire et « abimé » ) avec la quasi systématique alternance passé / présent. Je me suis dit que cela allait être du déjà lu et vu, mais très progressivement, sans que je m'en rende compte, le plaisant ronron s'est transformé en harpon.

La ville d'Akranes sur la côte ouest islandaise compte seulement 7402 habitants, si peu que tout le monde connaît forcément la victime ( une femme qui avait fuit le lieu pour y revenir quelques heures avant sa mort ) et donc forcément le coupable. Eva Björg Ægisdóttir exploite parfaitement le potentiel atmosphérique des lieux. Avec un sens aigu des personnages, elle construit une trame à la Broachurch ou Mare of Easttown. le lecteur se croit au coeur de l'action mais il est à chaque fois à deux niveaux de pensée de protagonistes à la carapace aussi impénétrable que celle de la femme morte dont on découvre l'enfance et l'adolescence en parallèle dans des chapitres « passé » glaçant car terriblement allusif.

En fait, plus la lecture avance, plus la menace sourd de toutes parts. L'auteure a construit une intrigue complexe en différentes couches qui pétrissent le ressenti du lecteur dans un premier temps, puis le questionne dans un second autour des thématiques fortes de l'enfance maltraité, du deuil et surtout de la culpabilité, celle qui ronge ou pas ceux qui ont causé un drame ponctuel involontairement, ceux qui ont abusé de la confiance d'un enfant ou encore ceux qui ont été témoins d'actes odieux et se sont tus.

C'est lorsque les nombreux brins tissés par Eva Björg Ægisdóttir commencent à se rassembler que la petite communauté d'Akranes livre ses secrets honteux dans un contexte immuable de promiscuité oppressante, de loyautés délétères et d'alliances pernicieuses pour préserver les apparences tout comme la notabilité de certains.

Pour parfaire cet excellent polar, l'enquête repose sur un personnage féminin très intéressant, l'inspectrice Elma revenue dans sa ville natale après un rupture amoureuse douloureuse. Elle qui, comme la femme assassinée, avait fui sa ville natale, comprend mieux que personne comment le passé peut murmurer à l'oreille de ses habitants et ronger les coeurs des plus insoupçonnables. le dernier chapitre, vraiment très fort, complètement inattendu, la rend encore plus attachante et donne envie de la suivre dans le deuxième volet de ses enquêtes, Les Filles qui mentent ( qui vient de sortir ).
Commenter  J’apprécie          15917



Ont apprécié cette critique (144)voir plus




{* *}