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Critique de CaroGalmard


Alors que je peste régulièrement sur des titres qui tombent à côté ou n'ont aucun rapport avec le contenu du roman, celui-ci est vraiment bien choisi.
Pour les novices en musique classique, c'est le titre d'une symphonie de Anton Dvorak qui a pour thème la conquête de l'Amérique au début du XXème siècle.
Et ce thème se retrouve dans ce roman, où l'on suit la destinée de deux tchèques, en quête de nouveau monde chacun à leur façon et qui vont se croiser dans les tourments de la seconde guerre mondiale.

D'un côté nous avons un consul fraîchement nommé à Marseille, qui s'accroche à ses tampons et ses formulaires, pour faire vivre le consulat d'un pays qui n'existe plus, car annexé par les allemands. Pourquoi cet acharnement administratif me direz-vous ? Eh bien c'est tout simplement une forme de résistance. Car pendant que d'autres se battent avec des armes, lui il offre des visas, des passeports à tous les tchèques, juifs, et plus si affinité, afin de leur permettre de partir et de rejoindre éventuellement l'Amérique. On n'avait pas autant aimé l'administration tchèque depuis le Procès de Kafka. C'est d'autant plus original et intéressant que le personnage a réellement existé.

Et de l'autre côté, nous avons Bojena, jeune mère tchèque, en transit en France sur la route de l'Amérique. Cette partie de l'histoire est racontée de manière originale : c'est la poupée de la petite fille qui en est narratrice. Petit regret que ce principe narratif n'ait pas été un peu plus exploité. Il reste un gout de reviens-y.

Outre l'intrigue que je vous laisse le soin de découvrir, ce roman est joliment écrit, avec ce supplément d'âme slave. Les personnages sont comme des roseaux qui ploient sans jamais casser. Ce sont des marcheurs inlassables ; leur façon de se battre contre l'adversité n'est pas un sprint mais une course de fond. Petite page de vocabulaire :en tchèque marcheur se dit "chodek".
Et il se dégage de ces vies un peu du spleen tchèque : la litost, définie par Kundera dans le livre du rire et de l'oubli comme "un état tourmentant né du spectacle de notre propre misère soudainement découverte."
C'est beau. Et même si l'action se déroule principalement en France, on a l'impression d'être à Prague. Comme si les silhouettes du Pont Charles se reflétaient dans la Méditerranée.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Et écoutez la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak et partez en week-end à Prague. Je précise que je ne suis pas payée par l'Office du tourisme et de la culture Tchèque...

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