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Citations sur Freud et Lacan, des charlatans ? (12)

Hans Eysenck, un des plus célèbres psychologues scientifiques, conclut son livre sur "l'empire freudien" par ces mots : "Freud était, sans aucun doute, un génie, non de la science, mais de la propagande, non de la démonstration rigoureuse, mais de la persuasion, non de la mise au point d'expérimentations, mais de l'art littéraire. Sa place n'est pas, comme il le prétendait, avec Copernic et Darwin, mais avec Hans Christian Andersen et les Frères Grimm, des auteurs de contes de fées. [...] La psychanalyse est une doctrine pseudo-scientifique qui a fait un tort immense à la psychologie et à la psychiatrie. Elle a également été néfaste pour les espoirs et les aspirations d'un nombre incalculable de patients qui ont fait confiance à ses chants de sirènes".
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Ainsi, au bout d'un certain temps, les patients des freudiens « découvrent » et croient que leur problématique essentielle relève de la sexualité, les patients des adlériens croient que le noeud de leurs difficultés réside dans des sentiments d'infériorité et dans la volonté de s'affirmer par des compensations, les analysés de Rank croient que leurs problèmes cachent l'angoisse de la séparation, les analysés des jungiens découvrent des archétypes, leur «ombre» et leur «anima», et ils croient que la racine de leur névrose procède du conflit entre la «Persona» et le « Soi». Les analysés des lacaniens confirment tous que «l'Inconscient est structuré comme un langage»: ils rêvent et associent en faisant des jeux de mots... Quand on lit successivement des cas publiés par Freud, Adler, Jung, Rank et autres dissidents, on constate que les histoires des patients en disent beaucoup plus sur la théorie du psychanalyste que sur le patient. La cure est un conditionnement au long cours, une lente initiation à la doctrine de l'analyste. Les patients deviennent des croyants, des disciples.
Par ailleurs, les analystes « vérifient » avec chaque analyse leur théorie et se convainquent eux-mêmes de plus en plus de sa vérité. La foi des analystes et celle des analysés se renforcent par des conditionnements bidirectionnels. En 1913, quand Freud annonça à Ferenczi la rupture avec Jung, il écrivit: «Je considère qu'il n'y a aucun espoir de rectifier les erreurs des gens de Zurich et je crois que, d'ici deux à trois ans, nous évoluerons dans des directions totalement opposées sans arriver à une compréhension mutuelle ». Quelques jours plus tard, il ajouta: «Nous possédons la vérité. J'en suis aussi convaincu maintenant qu'il y a quinze ans » (cité dans Jones, II, 158).
Nul thérapeute ne peut, de par ses paroles et ses silences, s'abstenir d'influencer des idées de son patient. L'essentiel est de prendre conscience de ce fait pour éviter de se laisser grossièrement piéger. Le problème est grave lorsque les interventions du thérapeute sont dogmatiques et qu'elles poussent un patient crédule dans une direction inopportune. C'est par exemple le cas quand la thérapie est consacrée à la recherche des souvenirs ou des fantasmes de la prime enfance alors qu'il serait infiniment plus utile d'apprendre comment se défendre face à un manipulateur comment se libérer de schémas de pensée démoralisants. (p.73-74)
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Alfred Hoche, professeur de psychiatrie à l'université de Fribourg, écrivait en 1908 : « il est certain qu’il y a du nouveau et du bon dans la doctrine freudienne de la psychanalyse. [...] Malheureusement, le bon n’est pas neuf et le neuf n’est pas bon ». (p 94)
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Le psychanalyste (dissident) Erich Fromm écrira au sujet de ces diagnostics: « C'est une réécriture typiquement stalinienne de l'histoire. Les staliniens démolissent la réputation des opposants en les qualifiant d'espions et de traîtres. Les freudiens le font en les traitant de “malades mentaux" » (cité dans Borch-Jacobsen & Shamdasani, p. 406).

À ma connaissance, Freud a reconnu une seule fois l'absence de valeur épistémologique de la psychiatrisation. Il écrit en 1913: « Le fait qu'une doctrine soit psychologiquement déterminée n'exclut nullement qu'elle soit scientifiquement correcte» (VIII, 407). Hélas, lui-même et ses suiveurs n'ont cessé de bafouer ce principe épistémologique élémentaire. Des exemples stupéfiants d'attaques ad personam ont paru en guise de réponse au livre Impostures intellectuelles d'Alan Sokal et Jean Bricmont, qui avaient visé Lacan, Julia Kristeva et d'autres « post-modernes ». Ainsi Philippe Sollers, dans une interview du Nouvel Observateur intitulée « Réponse aux imbéciles », « argumentait »; « Leurs vies privées méritent l'enquête : Qu'est-ce qu'ils aiment ? Quelles reproductions ont-ils sur leurs murs ? Comment est leur femme ? Comment toutes ces belles déclarations abstraites se traduisent-elles dans la vie quotidienne et sexuelle ? » (cité dans Sokal & Bicmont, éd. 1999: 24).

Il semble que Freud ne se soit jamais posé la question de l’implication de sa vie sexuelle dans sa théorie de la sexualité.

(p.83)
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Le succès de la psychanalyse en France tient à plusieurs facteurs dont le principal est la façon dont Lacan a facilité l'accès au titre de psychanalyste de son École: nul besoin d'un diplôme de psychologie ou de psychiatrie: une «didactique», l'assistance à des séminaires et des «contrôles » suffisent. Jean Clavreul, fidèle lieutenant de Lacan, a bien décrit comment ce dispositif a fait exploser le nombre de lacaniens à partir de 1964: «Le prestige de l'École freudienne fut tel qu'il y eut de plus en plus d'adhésions, à tel point les demandes d'adhésion devinrent aussi importantes que le nombre d'adhérents, plus de six cents à ce moment-là. Cela était dû au fait que Lacan ne prononçait jamais d'exclusion. Pendant quinze années, l'Ecole freudienne n'a jamais exclu personne » (p. 79). Lacan était un champion du marketing psy. Il disait: «La psychanalyse présentement n'a rien de plus sûr à faire valoir à son actif que la production de psychanalystes - dût ce bilan apparaître comme laissant à désirer » (Annuaire de l'École Freudienne de Paris, 1965), «j'ai réussi en somme ce que dans le champ du commerce ordinaire, on voudrait pouvoir réaliser aussi aisément: avec de l'offre j'ai créé la demande » (1966:617). Il jubilait du coup porté à l'IPA: le nombre des lacaniens a rapidement submergé celui des freudiens orthodoxes. La psychanalyse française est devenue essentiellement lacanienne.

(p.232-233)
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Lorsque d'authentiques scientifiques se trouvent en désaccord sur l'observation ou l'explication de faits, ils dialoguent et poursuivent des recherches. Freud, lui, croyait en sa supériorité intellectuelle. Il estimait détenir les véritables explications et considérait les autres comme des expressions d'affects ou de troubles mentaux.

(p.75)
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Dans les lettres à Fliess, on découvre que Freud harcelait ses patients pour qu'ils disent ce qu'il voulait entendre. Il les menaçait d'arrêter le traitement s'ils "résistaient" à se rappeler les sévices sexuels "refoulés". On lit aussi qu'il se demandait pourquoi les récits de ses patients rappelaient ceux obtenus par les inquisiteurs : "Pourquoi les aveux sous la torture ressemblent-ils tant à ce que me communiquent mes patients dans le traitement psychique ?" (17-1-1897)
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Une théorie ne peut être considérée comme scientifique que si sa formulation permet, en principe, de la réfuter par des faits d'observation (ce qui ne signifie pas qu'elle sera effectivement réfutée). Les psychologues scientifiques utilisent une poubelle pour les hypothèses qui sont réfutées et gardent provisoirement celles qui sont confirmées. Les freudiens orthodoxes gardent tout ce qu'a dit le Maître. Ils ne peuvent quasi rien jeter sous peine d'être accusés de "résistances". Ils n'utilisent la poubelle que pour les théories des dissidents. Ils peuvent toutefois ajouter de nouveaux éléments, tout aussi irréfutables. C'est ce qu'ils appellent les "progrès" de la psychanalyse. Lorsque des énoncés de freudiens apparaissent contradictoires, ils invoquent des degrés différents de "profondeurs".
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Popper, qui avait assisté à une conférence d'Einstein où le physicien expliquait
la difficulté de trouver une observation précise pour démontrer sa théorie, s'est alors étonné qu'Adler et Freud pouvaient, chacun de leur côté, "confirmer" leur théorie avec n'importe quel cas clinique.
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L'utilisation d'associations d'idées pour trouver des significations cachées est loin d'être une idée nouvelle. Freud s'est probablement inspiré de cette pratique courante dans la tradition mystique juive (cf. à ce sujet Freud et la tradition mystique juive de David Bakan, éd. Payot). On trouve ce procédé dans d'autres courants mystiques et ésotériques. Par exemple, Sainte-Thérèse d'Avila a décrypté par une suite d'associations le sens caché du Cantique des cantiques. Lorsqu'elle lut que l'Epouse dit à l'Epoux : "Fortifiez-moi avec des pommes", elle associa : "qui dit "pomme" dit "pommier", qui dit "pommier" dit "arbre", qui dit "arbre" dit "croix". Ainsi, selon elle, la véritable signification de "Fortifiez-moi avec des pommes" c'est : "Donnez-moi des épreuves, Seigneur, donnez-moi des persécutions" (cité dans Pommier, 2011 : 15)
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