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Citations sur Le corps n'oublie rien (58)

Les symptômes somatiques sans cause physique flagrante sont omniprésents chez les traumatisés, les adultes comme les enfants : migraines, fibromyalgie, problèmes digestifs, dyspnée, douleurs cervicales ou lombaires chroniques, spasmes/syndrome du côlon irritable, fatigue chronique -la liste est longue. Chez les enfants traumatisés, le taux d'asthme est cinquante fois plus élevé que chez les autres.
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Nous avons découvert qu'amener des traumatisés à trouver les mots pour décrire ce qui leur est arrivé les aide significativement - toutefois, en général, cela ne suffit pas. Le fait de raconter l'histoire ne change pas forcément les réactions automatiques, physiques et hormonales, d'organismes qui restent hypervigilants, prêts à être agressés ou violés à tout moment. Pour qu'il y ait un vrai changement, le corps doit réaliser que le danger est passé et apprendre à vivre dans le présent.
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Après un traumatisme intense - agression, accident ou catastrophe naturelle -, on a besoin de voix et de visages familiers, de contact physique, de nourriture, d'un refuge et d'un long sommeil. Il est crucial de communiquer, de près ou de loin, avec les êtres aimés, et de retrouver le plus tôt possible sa famille et ses amis dans un cadre apaisant. Les liens d'attachement sont la plus grande protection contre la menace. Par exemple, les enfants séparés de leurs parents après un événement traumatique risquent d'en garder durablement de graves séquelles. Des études menées en Angleterre, pendant la Seconde Guerre mondiale, ont montré que les petits Londoniens envoyés à la campagne pendant le Blitz ont été plus perturbés que ceux restés en famille dans la capitale, exposés aux nuits dans les caves, à la vue des immeubles en ruine et des corps des victimes.
Les traumatisés se remettent grâce aux relations humaines : avec leurs proches ou des thérapeutes professionnels. Le rôle de ces liens est de leur donner une sécurité physique et émotionnelle - contre leur sentiment de honte, de jugement ou de blâme - et le courage de supporter et d'affronter la réalité de l'événement traumatique.
Comme nous l'avons vu, une bonne partie des connexions des circuits cérébraux est consacrée à l'harmonie avec autrui. Pour venir à bout du traumatisme, il faut renouer avec ses semblables. Voilà pourquoi un traumatisme lié aux relations humaines est génėralement plus difficile à traiter que ceux dus aux accidents de la route ou aux catastrophes naturelles. Dans notre société, les traumatismes les plus courants des femmes et des enfants sont causés par les conjoints et les parents. La violence conjugale, la maltraitance et les abus sexuels infantiles sont tous infligés par des gens censés aimer leurs victimes. Cela brise le plus grand rempart contre le traumatisme : la protection offerte par les proches.
Si les gens dont on recherche naturellement le soutien sont terrifiants ou rejetants, on apprend à se fermer et à ne pas écouter ses sentiments.
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La manière la plus naturelle d'apaiser sa souffrance consiste à être touché, enlacé et bercé. Cela calme l'hyperexcitation et donne le sentiment d'être intact, protégé et maitre de soi.
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Les souvenirs traumatiques sont foncièrement différents des histoires que l'on raconte sur le passé. Ils sont dissociés : les sensations qui entrent dans le cerveau pendant le traumatisme ne sont pas réunis de manière à former un récit, un épisode autobiographique.
La plus grande découverte de notre étude a peut-être été que la remémoration du traumatisme, avec tous les affects qui l'accompagnent, ne le résout pas forcément, contrairement à ce qu'affirmaient Breuer et Freud en 1893. Elle n'a pas étayé la thèse que la parole peut remplacer l'action. La plupart des femmes que nous avons interrogées ont pu raconter une histoire cohérente et éprouver la souffrance associée à celle-ci, mais elles étaient toujours hantées par des sensations intolérables. La recherche actuelle sur la thérapie par exposition, une des techniques de base de la thérapie comportementale et cognitive, donne des résultats tout aussi décevants: presque tous les gens soignés par cette méthode gardent de graves symptômes de SSPT trois mois après la fin des séances. Comme nous le verrons, trouver les mots pour dire ce qu'on a enduré peut créer une transformation, mais ne permet pas toujours de supprimer les flash-back, d'améliorer la concentration, de mieux s'investir dans la vie, ou de réduire l'hypersensibilité aux déceptions et à ce qu'on perçoit comme des affronts.
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Dès qu'une mère en vient à considérer son enfant non comme un partenaire d'une relation d'écoute, mais comme un étranger irritant et frustrant, les conditions sont réunies pour qu'elle le maltraite. [... ] la distance affective et l'inversion des rôles (les mères s'attendent à ce que leur enfant s'occupe d'elles) provoquait, en particulier, un comportement agressif envers soi et envers les autres.
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La maltraitance familiale n'est pas la seule cause de l'attachement désorganisé : des parents tourmentés par un traumatisme - dû à une violence conjugale, un viol ou un deuil récent peuvent être aussi trop inconséquents et instables émotionnellement pour offrir suffisamment de protection et de réconfort. Tous les parents doivent être aidés pour donner un sentiment de sécurité à leur progéniture, mais les traumatisés tout particulièrement pour se mettre à l'écoute des besoins de leurs enfants.
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ll y a une vingtaine d'années, Mary Main et ses collègues de Berkeley ontcommencé à identifier un type d'enfants (environ 15% des sujes de leur étude) qui semblaient incapables d'entrer en en communication avec leur mère. Le problème crucial, ont-ils découvert, tenait au fait qu'elle était pour eux une source de terreur et d'angoisse. Les enfants de ce genre n'ont personne vers qui se tourner et se trouvent face à un dilemme insoluble ; leur mère est en même temos effrayante et nécessaire à leur survie. IIs «ne peuvent ni l'approcher ("stratégies" de réassurance et d'ambivalence), ni l'esquiver (stratégie "d'évitement"), ni s'enfuir ». Quand on les observe dans une crèche ou un laboratoire de recherche, on les voit regarder leur mère quand elle entre dans la pièce, puis détourner aussitôt les yeux. Incapables de choisir entre l'évitement et le besoin de contact, ils peuvent se balancer, se figer les bras levés, ou se lever pour l'accueillir avant de tomber par terre. Ne sachant pas à qui se fier, ils peuvent être très affectueux avec des inconnus ou ne faire confiance à per- sonne. Mary Main a appelé cette attitude l'« attachement désorganisé », ce qu'on pourrait aussi nommer : «la peur sans solution' ».
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La stratégie dite d'«attachement évitant » est celle des bébés que rien ne semble perturber : ils ne pleurent pas lorsque leur mère s'en va et ne prêtent pas attention à elle quand elle revient. Cela ne veut pas dire que sa conduite ne les affecte pas. En fait, l'élévation chronique de leur rythme cardiaque montre qu'ils sont constamment surexcités. Mes collègues et moi nommons cette tactique «s'adapter, mais ne pas ressentir». Apparemment, la plupart des mères des bébés évitants n'aiment pas toucher leurs enfants. Elles ont du mal à les câliner et à les prendre dans leurs bras, et ne font pas de mimiques ni de gazouillis pour créer avec eux un échange de rythmes agréables.
Une autre stratégie, l'attachement «anxieux » ou «ambivalent», est celle des bébés qui signalent sans cesse leur présence en se cramponnant, en hurlant ou en pleurant : ils «ressentent, mais ne s'adaptent pas ». IIs semblent être parvenus à la conclusion que, s'ils ne se donnent pas en spectacle, personne ne fera attention à eux. Ils sont bouleversés quand leur mère disparaît, mais tirent peu de réconfort de son retour. Et, même s'ils ne semblent pas jouir de sa compagnie, ils restent auprès d'elle, rageurs ou passifs, même dans les situations où d'autres bébés préféreraient jouer.
Les chercheurs pensent que les trois stratégies d'attachement «organisées » (solide, évitant et anxieux) fonctionnent car elles permettent d'obtenir, dans chaque cas, les meilleurs soins qu'une mère peut donner.
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Le besoin d'attachement ne faiblit jamais. La plupart des hommes ne peuvent pas supporter d'être isolés longtemps. Ceux qui ne peuvent pas communiquer avec des collègues, des amis ou des parents trouvent en général d'autres moyens - maladie, querelles ou procès – de créer des liens affectifs. Ils font tout pour échapper au sentiment de solitude.
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