La disparition d'un lord-aventurier, un meurtre dans un manoir, la campagne anglaise... On retrouve dans ce deuxième opus un peu de l'esprit d'Agatha Christie que L.B. Hathaway cite dans ses inspirations. L'atmosphère de polar urbain du précédent tome cède donc sa place à des codes à la fois plus classiques et plus familiers, et c'est heureux ! Si la plume de l'autrice est bien sûr loin d'égaler celle de la Grande Dame du Crime, on apprécie de se sentir en terrain connu. Le décor anglais s'efface cependant rapidement au profit d'un voyage dans le Sud de la France, puis en Sicile et, enfin, en Egypte ; des cadres aussi idylliques qu'exotiques qui nous rappellent là encore l'univers d'Agatha Christie, mais aussi de façon plus large le goût pour le tourisme ensoleillé bien connu des années 1920. Notre héroïne monte d'ailleurs à bord du célèbre Train Bleu pour faire la grande traversée vers la Méditerranée, un véritable symbole de cette décennie hédoniste.
Outre Agatha Christie, "Le tombeau de l'abeille" nous a rappelé "Le tombeau les larmes", le film de "Miss Fisher" sorti en 2020, dont le scénario nous faisait voyager d'un pays à l'autre, entre manoirs anglais et désert du Moyen-Orient. On trouve ainsi quelques similitudes dans le livre de L.B. Hathaway (antérieur au film), dont une intrigue qui tient davantage du roman d'aventure que du stricte polar. Est-ce un souci en soi ? Absolument pas, car on se régale des tribulations de Posie aux quatre coins du monde et l'autrice excelle dans la reconstitution des paysages pittoresques de la réelle île d'Ortygie. Elle s'inspire en effet de décors véridiques de la Méditerranée, mais aussi de l'Egypte : si le "tombeau de l'abeille" raconté dans le livre n'existe pas en l'état, L.B. Hathaway explique en postface avoir nourri ses descriptions de la véritable sépulture de Pabasa, située à Thèbe.
Les lecteurs férus de polars anglais découvriront certainement qui est le coupable avant la révélation finale, mais reconnaissons que l'ensemble est plutôt bien orchestré et, surtout, un cran au-dessus du premier opus. Il reste encore quelques faiblesses et l'intrigue n’atteint certes pas la qualité des romans de Rhys Bowen ou de Sara Rosett, mais les personnages gagnent en densité autant que le scénario. On se réjouit notamment de voir que le soupirant un peu trop évident de l'héroïne est finalement relégué au second plan et que leur histoire, qui semblait toute tracée, se voit ici un peu chahutée. Mais, surtout, on comprend peu à peu qu'un vieil ennemi de Posie, dissimulé dans l'ombre, continue de la surveiller : notre supposition, à la fin du premier tome, d'un Napoléon du crime à la Moriarty se confirme...
En bref : Après un premier tome sympathique mais peut-être un peu lisse, Posie Parker, détective privée dans le Londres des années 1920, revient pour une enquête façon tour du monde. Dans "Le tombeau de l'abeille", deuxième opus bien plus réussi que le précédent, on voyage de l'Angleterre à la Sicile et de la Sicile à l’Égypte dans une ambiance de roman d'aventure. L.B. Hathaway donne peu à peu forme à sa série, dont les codes et éléments clés s'instaurent progressivement.
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