Il y a des univers de la fantasy qui me fascinent et que pourtant j’ai trop peu lu, c’est le cas des fées. Avec sa promesse d’un univers féerique, cette dystopie signée Ariel Holzl, un auteur déjà lu et apprécié, me vendait du rêve. Je suis malheureusement restée en dehors, enfin ça c’était jusqu’au chapitre final qui m’a retournée !
Ces dernières années, j’ai lu deux autres romans jeunesses de l’auteur, mais peut-être plus purement jeunesse que celui-ci, ce qui fait que j’avais adhéré aux concessions de sa plume alors. Il s’agissait de Bpocalypse, histoire inaboutie qui aurait bien mérité un tome de plus, et surtout Pax Automata, dont l’univers steampunk m’avait charmée. Je m’attendais donc un peu à la même chose. Or, avec Les royaumes immobiles, nous nous retrouvons plus dans un Young Adult et vous connaissez mon problème avec cette tranche d’âge, cela s’est retrouvé ici…
Ariel Holzl propose une aventure pleine de féerie et d’action, ça je le lui reconnais, mais j’ai eu l’impression de la première à la dernière ligne de ne me retrouver dans une histoire qui était comme un décor de cinéma : fausse et superficielle. A aucun moment, je n’ai cru à ce qu’il racontait et mettait pourtant en scène avec panache et énergie. Il y a un vrai univers féerique invoqué, à base en plus de figure connue comme Oberon ou Titiana, mais c’était tellement un prétexte à une histoire mille fois revue, que ça n’a pas fonctionné avec moi. J’ai trouvé que l’auteur n’exploitait pas cette richesse qu’il déversait sous nos yeux. Il restait trop en surface pour moi.
Après pour l’amateur d’histoires dynamiques, ce premier volet : La princesse sans visage, est entraînant. On y suit Ivy, une jeune fille de 18 ans maudite par sa grande beauté qui rend littéralement fou et qui doit pour cela porter un masque. Elle est enlevée et sélectionnée pour participer à une sorte de concours pour devenir la prochaine souveraine d’un trône d’Automne resté vacant depuis trop longtemps, et elle va devoir affronter des rivales, sur le papier, impitoyables. Pour ceux qui ont déjà lu La sélection ou autre histoire un peu sirupeuse du genre, vous retrouverez les mêmes mécanismes, avec juste en prime, et ça reste appréciable, la noirceur et la méchante turpitude des petits complots des êtres féeriques. Ce n’est donc pas une saine émulation ou un gentil concours entre rivales mais des épreuves mortelles qui attendent l’héroïne, propulsée au milieu de ces têtes couronnées, elle qui serait l’enfant du mystérieux Roi Gris et d’une Rêveuse, bien loin des nobles enfants de Mab ou Titania, et des courtisans comme Puck, Hélionie ou Dahlia.
Pour ma part, je me suis totalement laissée porter par le récit sans jamais vraiment le vivre ou en ressentir l’urgence et le frisson. Nul doute que ça fonctionnera sur des lecteurs plus ouverts ou plus novices que moi. Moi, j’avais vraiment envie de plonger dans les noirceurs de ces royaumes, de ces êtres de multiples horizons que nous présente (trop) rapidement l’auteur. Parler de Changeling, de Bogling, de Leanan, de Sidhe, de Sylphe et tant d’autres, c’est chouette mais encore faut-il en faire quelque chose, idem pour les créatures comme les Dryades, les Faunes, Griffons ou Pixies. J’aurais tellement aimé les voir tenir une vraie place ici et pas juste servir de décor, de prétexte à une fausse guéguerre, dont le danger n’a réellement été ressenti que dans les ultimes pages. Celles-ci m’ont presque fait revenir sur mon appréciation de l’ensemble d’ailleurs, tant je les ai trouvées, enfin, vives, percutantes, dérangeantes, tranchantes. C’était ça qu’il nous fallait tout du long et pas juste au dernier moment pour nous pousser à lire la suite. On l’a tous compris le procédé 😉
Sous cette sublime couverture signée Germain Barthélémy, nous avons une superbe représentation d’une héroïne que j’aurais aimé aussi tranchante et secrète que son image, car j’ai trouvé cette aventure, bien qu’entraînante, trop convenue et déjà vue, avec un décor féerique sous exploité et manquant de noirceur, pour moi, hormis les ultimes pages. Je suis à la fois intriguée par le devenir d’Ivy après cet ultime renversement et blasée par l’aventure promise qui risque à nouveau de reposer sur des ressorts connus pour qui a déjà lu ce genre de récit princier, de récit de révolte. Vais-je lire la suite et fin ? L’hésitation est à son comble.
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