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Pays perdu

Série de 2 livres (Terminée). Écrite par Pierre Jourde (2),

Pays perdu par Jourde
tome : 1
La première pierre par Jourde
tome : 2

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Pays perdu

Pierre Jourde sait écrire, et l'on rencontre ici ou là dans ce livre de magnifiques fulgurances littéraires. Son sujet est ici le hameau du Cantal dont son père est originaire, qu'il revoit à l'occasion, en tant qu'émigré de ces lieux, devenu citadin, comme tant d'autres.

L'occasion est triste et pénible: une petite fille est décédée. Tout le village, le réel et l'exilé, viennent, en ce jour d'hiver, l'honorer, l'enterrer.

L'auteur nous décrit ses souvenirs d'enfance, sous la forme de photographies des lieux, et de descriptions, hachées menues, de ses habitants, de leurs logis, de leurs moeurs. Et tout n'est pas rose. Insiste-t'il trop sur le côté noir de la vie d'antan dans ces campagnes? Probablement, certainement. Mais c'est lui qui écrit: il fait ce qu'il veut.

Les villageois bien réels lui en voulu, énormément, pour avoir insisté jusqu'au dégoût sur les effets délétères de "l'alcool, l'hiver, la merde, la solitude" sur les hommes et les femmes de ces contrées. Ils ont réagi, c'est leur droit. Trop violemment? Certainement. Mais comment répondre autrement à un homme qui a pour lui les éditeurs, la ville, les pouvoirs, quand on se sait loin de tout, humilié, et sans moyens? On attend la réponse.

Dès le début du livre, on note la similitude entre l'approche du sujet par P.Jourde avec celle de M.H.Lafon: même objet, même style, même qualité d'écriture. Mais, pour parler du monde paysan, il a manqué cette chose importante à P.Jourde et qui est - heureusement - constamment présente dans les livres de la dame de la Santoire: la délicatesse.
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Pays perdu

Le voyage intérieur se poursuit inexorablement dans ce pays montagneux du bout du monde. Le le titre du roman, en apparence si simple, si peu engageant, avec sa triste couverture, loin de nous perdre ou nous égarer, nous fait pénétrer dans un monde qui dévoile tout ce que nous avions ignoré ou oublié en faisant ressusciter un passé que l'on croyait enseveli ou qui n'avait peut-être jamais existé véritablement, cachant lui-même d'autres strates, d'autres palimpsestes encore plus mystérieux et inquiétants.



Les choses les plus insignifiantes deviennent "un opéra fabuleux". de la laideur et de la crasse, de cet alcoolisme et de cette brutalité, d'un coin d'ombre ou d'une éclaircie, tandis que surgit, à l'improviste, un souvenir rapporté par le narrateur, de toute cette "tristesse" parfois "majestueuse" naît une beauté singulière qui nous étonne et qui nous délecte.



Les portraits de villageois et villageoises, sortes de petits santons disposés tout autour d'une crèche provisoire et désaffectée, sont des chefs-d'oeuvres en miniature. le silence glacé qui règne, parfois, ou se disperse, quand la mort vient s'abattre avec injustice sur une jeune fille, fait sortir de leurs tombeaux vivants des êtres qui s'animent, de curieuse façon, et qui nous émeuvent.

Nous sommes dans le funèbre, mais le funèbre dont les feux follets n'ont pas fini de courir ici et là, pour révéler des secrets d'outre-tombe, qui semblent avoir choqué la plupart des habitants de ce village, après la parution du livre de Pierre Jourde.



La musicalité et le phrasé, ciselés par la main d'un orfèvre génial, nous laissent dans l'émerveillement que nous éprouvons au Louvre, devant les sculptures ou les tableaux des plus grands maîtres. Pays perdu - où chaque mot est médité et profondément recherché, à la manière de Flaubert - est un chef d'oeuvre, un acte de pur héroïsme et de liberté d'écrivain. Il aurait manqué à la littérature contemporaine, à la littérature universelle, s'il n'avait pas été écrit.

Merci, Monsieur le Professeur. On ne vous oubliera jamais
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