Il n’y a pas à dire, la narration a beau être confusante, cette série me fascine par son univers géopolitique complexe et perturbé où chaque pays, puis empire, vient percuter le suivant en un conflit larvé sur base de recherche de pouvoir d’armures mystiques. J’adore ! C’est pour moi du sense of wonder version fantasy.
Je l’ai souvent écrit, je suis une amatrice de concepts. Et ici, les concepts avancés par Kaiji Nakagawa me fascinent. Alors tant pis si ce n’est pas toujours clair, s’il manque une vraie carte pour comprendre la géopolitique ou si les personnages ne sont pas introduits de manière assez claire pour comprendre qui est qui, il y a une atmosphère confusante qui me fascine. J’adore suivre les conflits larvés qui bouillent de plus en plus. J’aime voir ces affrontements de personnes qui sont en fait des affrontements politiques et territoriaux où chaque incursion est un prétexte. J’aime ce contexte de menaces pesantes et d’effroi où le pacifisme est quasi impossible. Ça me fait trembler !
J’ai vraiment un sentiment de fascination pour cet univers, fascination accentuée par le dessin très ethnique du mangaka qu’il continue à fort joliment porter, mais également par l’ambiance pesante et effrayante qu’il instille par moment, dessinant les psychopathes avec une grande force. Il avait un trait très carré, très figé, manquant un peu de mouvement dans ses précédentes oeuvres. Il se rattrape totalement ici avec même des mouvements très fluides et presque organiques sur les différents Hakusai (les armures), ce qui ajoute à ma fascination pour l’univers. Je me suis ainsi régalée des nouveaux designs croisés, des nouveaux combats orchestrés, des nouvelles frappes représentées.
Reste, et je dois bien le reconnaître, une narration un peu brouillonne qui a tendance à perdre le lecteur. Les personnages principaux qu’on pensait suivre ne font pas totalement leur job. L’auteur a tendance à sauter d’un lieu à l’autre, d’un personnage à l’autre, d’une entité géopolitique à l’autre sans forcément d’accompagnement ce qui nuit parfois à la compréhension, ne pouvant nous référer à une carte pour nous situer et situer les personnages invoqués. Soit on adhère et on se laisse porter, en espérant comprendre plus tard (c’est mon cas), soit on est frustré, on se perd et on lâche l’affaire. Ce serait dommage. Mais clairement, ce côté immersif d’un conflit qui surgit brusquement, sans prévenir, de tous les côtés peut être plaisant, mais ça le serait encore plus en comprenant qui est qui, et qui fait quoi et pourquoi. Il y a besoin au moins d’outils pour accompagner le lecteur en marge, pour saisir toutes cette valse des ambitions politiques et territoriales.
Monde fascinant, celui de Shadow of the Ring offre vraiment une fantasy de haute volée, avec de belles tensions géopolitiques qui se concrétisent aussi bien dans des affrontements violents parfaitement orchestrés ici, que dans des portraits de dirigeants glaçants et fascinants. J’ai adoré ce sentiment de vertige et d’instabilité, voire de flou, dans ce monde où la conquête du Hakukai est au coeur de tout. L’auteur malgré une narration confusante, offre un récit fascinant, immersif, percutant et parfaitement orchestré, notamment graphiquement. J’ai juste peur d’une conclusion peut-être trop rapide et encore plus confusante dans l’ultime dernier tome.
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