AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.75/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Pantin , le 07/12/1945
Mort(e) à : Paris , le 29/06/2022
Biographie :

Claude Eveno est urbaniste, rédacteur en chef de Monumental, revue des Monuments Historiques, Membre du comité d’orientation des éditions du Patrimoine, Membre du comité de rédaction des Cahiers de la Recherche Architecturale.

Chargé de mission pour l’élaboration d’une politique éditoriale et audiovisuelle de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.
Il enseigne à l'Ecole supérieure de la nature et du paysage.

Auteur de “Paris Perdu”, “Carnets de ville”, “le Jardin Planétaire” (avec Gilles Clément), “Un amateur d’architecture”, "Sur la lande" (2005), "Regarder le paysage" (2006), "Histoires d’espaces", "L'humeur paysagère" ou encore "Revoir Paris".

Source : http://www.ensnp.fr
Ajouter des informations
Bibliographie de Claude Eveno   (18)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Claude Eveno - Revoir Paris

Podcasts (2) Voir tous


Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
Maintenant, il s'était habitué à rechercher avant tout les œuvres explosives, propres à déclencher des séismes intérieurs.

(p. 13)
Commenter  J’apprécie          380
Un soleil bleu pâle et de plus en plus pâle, au fur et à mesure des kilomètres qu’il faut parcourir pour arpenter le parc de Saint-Cloud dans toutes ses dimensions – soleil d’hiver, lumière froide et acérée qui cernait les formes et permettait de les distinguer avec la plus grande netteté, un jour de semaine à midi, avant que de rares promeneurs emmitouflés viennent se croiser par-ci par-là dans les allées. À cette heure-là, le parc est le lieu parfait d’une merveilleuse solitude.
Commenter  J’apprécie          340
Un passage ! Le mot revient toujours, sans qu’on sache exactement d’où il vient, écho déjà lointain de la lecture de Benjamin ou résonance encore plus lointaine des promenades enfantines dans le dédale des passages parisiens. Peut-être n’est-il que le résumé d’une existence entièrement prédéterminée par les « images de pensée » d’un philosophe et d’un poète imaginaire, d’un Janus au double visage de Baudelaire et de Breton qui aurait nommé La Passante en l’appelant Nadia – des images qui auraient autorisé définitivement l’écart, le refus d’adhérer aux choses, pour seulement les entrevoir en espérant ainsi mieux les voir, et sans doute aussi pour se perdre dans une façon d’inconnu, d’indifférencié même, afin d’avoir la chance que quelque chose se profile soudain peu à peu hors de la masse accablante des édifices de l’immensité insaisissable des territoires ? Mais ce pourrait être la mort aussi qui enverrait son message depuis l’autre lointain, avec un seul mot, un mot-clé comme le mot « étendue » le fut apparemment pour Henri Michaux qui l’écrivit si souvent quand il sut que la fin était proche. Passage ! Tout ce qui fut regardé se résume-t-il bien là de manière réellement singulière ? N’est-ce pas tout autant l’expérience commune de l’architecture et du paysage, une affaire de seuils, de traversées de la lumière et des êtres, et le but constant du travail de l’architecte, malgré les affichages de la grandiloquence et les gestes de l’incongruité qui semblent aujourd’hui réduire ce travail au dépôt d’objets signés, au design à toutes les tailles, y compris les plus hautes comme en témoignent les projets en série de Franck Gehry ou de Daniel Libeskind, répétant la courbe ou l’oblique ainsi qu’un Buren distribuant des rayures ?

(pp. 35-35)
Commenter  J’apprécie          290
Il lui arrivait de souhaiter d’être aveugle et sourd pour ne plus avoir ces images sombres et cependant si ensorcelantes, ne plus entendre ces voix discordantes qui venaient d’outre-tombe et lui soufflaient qu’il devait en finir. La tentation de rejoindre la procession des défunts était souvent si forte qu’il lui fallait réprimer l’envie, devenue presque naturelle, de mettre le cap au pire.

(p. 34)
Commenter  J’apprécie          250
Une histoire dans l’Histoire, de portions de la ville et des champs pour accueillir la vie ensemble ou la solitude. Ça commence un jour en cherchant à transmettre – on ne sait trop quoi, malgré la situation banale de l’enseignement et le cadre obligé d’une « matière », d’un sujet : l’espace, une chose si abstraite, presque impalpable, et pourtant si réelle, chargée d’expérience émotionnelle, catégorie a priori de la connaissance, bien sûr, mais avant tout mémoire sensorielle inscrite dans le corps et l’esprit par le souvenir de dilatations de la conscience, celle qu’on éprouve en arpentant certains lieux découverts aux détours des lectures autant que des voyages.
Commenter  J’apprécie          230
Parfois une maison vous touche à la vitesse d’une conscience fugace. Quelques centimètres carrés dans le tableau panoramique du défilement autoroutier. Un petit volume dont on ne peut percevoir la complexité probable, mais qui appelle soudain, malgré l’attention flottante, une curiosité immédiate, et bientôt, alors que la silhouette lointaine a disparu, une intense rêverie, légère et nostalgique à la fois, regret d’un destin à l’écart des villes, proche de la vie dans les villages avant qu’elle n’y disparaisse, une vie rurale dont on a connu les derniers feux dans les années cinquante en en suivant les arpenteurs, un garde champêtre, un cantonnier, des chasseurs.

(p. 31)
Commenter  J’apprécie          181
Oui, c’est bien cela qu’on peut aimer à l’automne, la discrétion du soleil et l’harmonie des couleurs qui tombent des arbres, quelque chose qui décline – un monde finissant passagèrement pour nous rappeler un monde finissant réellement.
Commenter  J’apprécie          160
L’or qu’il avait obtenu en pétrissant la boue n’était qu’une drogue qui signait sa dépendance. La mort était partout présente.

(p. 52)
Commenter  J’apprécie          150
Se poser la question de l’écriture pour avancer dans celle de l’espace ! Non seulement à cause des rencontres, mais parce qu’il s’agit de ça, fabriquer du destin avec des figures, écrire sur le monde avec des mots qui sont dessins, ou avec des dessins qui font des mots sur la terre, comme les idéogrammes et les caractères gravés sur les flancs de l’Himalaya – Om Mani Padme Hum – ou de manière impalpable, quand il arrive que la maison soit d’emblée une maison d’écriture, un choix d’être là avec la mémoire du lieu, celle d’avoir était l’abri d’un pêcheur devenu personnage de roman dans un livre de Pierre Loti, un balcon, une fois de plus, sur l’anse qui mène à Paimpol, sur le présent douceâtre mais aussi sur le temps d’une violence des départs vers les pêches lointaines et le risque d’en mourir. Le contraire de la maison de l’Estaque, un respect scrupuleux de l’héritage vernaculaire, avec les chambres encore intactes et la vie d’un exilé volontaire dans un paysage, un autre écrivain, taraudé par le besoin de construire la situation de l’écriture, la possibilité de l’écriture, la chance que l’écriture advienne, sans garantie sinon la certitude que ça passait par une « maison », devant une étendue marine, et par l’occasion permanente d’y naviguer pour apaiser les tensions de l’écriture. On a souvent connu cette maison, après avoir remonté la rue depuis la calanque des ostréiculteurs, pour y boire et parler entre la mer et une table de travail, en appréciant l’installation modeste et pourtant décisive pour assumer une vie entièrement vouée à être écrite, afin qu’elle soit offerte à la venue partagée d’un monde, du savoir qu’on en a eu, de la douleur de ce savoir et de ce qu’on peut tristement en dire. C’est ainsi, on aura mieux compris, avec des textes littéraires et des « hommes de lettres », de quoi il s'agissait pour y être, dans ce putain de monde, avec cette putain d’obligation d’être avec d’autres, sommé de trouver un emplacement pour gêner la vie et ne pas la gêner, conduit à laisser des traces pour assurer le passage de relais incertains, des formes sur le territoire, des géométries du souvenir laissées par soi sur le sol de l’existence, sur un morceau de terre, devant la mer ou une page blanche. Mais ça n’explique pas grand-chose.

(pp. 29-31)
Commenter  J’apprécie          110
Les civilisations sont périssables et quelque chose adviendra dont on ne sait rien encore, mais qui gardera peut-être en mémoire les traces dispersées de nos manières, certains livres et certains édifices, si usés d’avoir tant servi qu’on en connaîtra plus véritablement le sens et qui cependant provoqueront le trouble qu’on éprouve face aux témoins de la profondeur inconnue du passé.

[…]

Subtil passage du temps sur une forme pour qu’elle se déforme autant que se déforme le regard qu’on lui porte, si changeant, si éphémère, si peu sûr d’une quelconque fidélité aux choses, à ce qu’elles veulent nous dire et qu’on ne sait finalement qu’oublier. Et forte leçon sur la chance de cet oubli, sur les couches successives de l’oubli qui avait permis l’apparition d’un chef-d’œuvre de hasard, par une suite d’abandons, élagages de la pierre et des rituels, amenuisements de la mémoire pour qu’on puisse un jour recevoir le passé à nu, mystérieux d’avoir perdu les mots, les idées, les images qu’il avait fait naître, mais plus irradiant que jamais dans le silence de ce mystère. C’est le destin qu’on souhaite à ce qui restera de nos architectures, quand on ne saura plus grand-chose de ceux qui les avaient voulues comme de ceux qui les avaient imaginées, édifiées. Un pavillon de verre transparent, un bloc de béton noir, une tour de métal ajouré, une coque de titane scintillante…, des édifices dont on ne connaîtra plus l’usage, mais dont on percevra la présence comme jamais.

(pp. 66-67)
Commenter  J’apprécie          110

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Claude Eveno (26)Voir plus

Quiz Voir plus

Jacques Chardonne

Quel est le vrai nom de Jacques Chardonne?

Jacques Laurent
Jacques Barnery
Jacques Dutourd
Jacques Boutelleau

10 questions
10 lecteurs ont répondu
Thème : Jacques ChardonneCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}