Citations de Beaux Arts Magazine (541)
La Favorite des puissants
Elizabeth Vigée-Lebrun, "Le grand homme" par Alain Vircondelet
Elle n'entra à la Cour ni pour son rang ni pour ses titres, pas d'avantage pour sa fortune ou son entregent, mais par l'unique mérite de ses dons et de son talent. L'avisée Marie-Antoinette repéra très vite en elle ses qualités de portraitiste et peut-être aussi la grâce de sa personne et le charme de son esprit, qui enchantaient déjà Paris. Inaugurant ainsi le règne de la méritocratie, que les révolutionnaires entendirent porter au pouvoir, elle imposa l'artiste à Versailles, la faisant entrer dans le fantastique projet qu'elle avait conçu de rassembler une cour féminine, projet qui accrut l'hostilité de ses ennemis et encouragea la propagande pamphlétaire dont la peintre fait aussi les frais. (p. 34)
Elles brillent dans l'art du portrait
Au sexe "faible", les arts mineurs ! Le genre du portrait, en tant qu'exercice consistant à tirer la plus satisfaisante ressemblance du modèle, est celui dans lequel les peintres femmes vont s'épanouir. Un espace de liberté dont elles vont profiter pour innover et renouveler l'expression. Dans les années 1800-1830, les femmes jouissent en plus de l'explosion de la demande de portraits pour les intérieurs privés. Chez les bourgeois, avoir son portrait est un"must" et il n'y a qu'à piocher dans les expositions publiques où les portraitistes abondent ! Pour décrocher des commandes, les femmes cherchent à se faire remarquer. Beaucoup ont recours à l'autoportrait, premier moyen d'autopromotion de leur génie et de leur joliesse. Au panthéon du portrait on trouve bien sûr les académiciennes Elisabeth Vigée Le brun et Adélaïde Labille-Giard , et, mais aussi, dans leur sillage, les pinceaux largement oubliés de Marie-Eléonore Godefroid, Marie-Victoire Lemoine, Jeanne-Elisabeth Chaudet... (...)
[Malika Bauwens ]
Entretien avec Martine Lacas
Peindre quand on naît femme, c'est donc d'abord une histoire de famille ?
Certes, oui, à l'instar de Marguerite Gérard, belle-soeur de Jean-Honoré Fragonard, ou de Marie-Eléonore Godefroid, petite-fille de restauratrice et fille de peintre.Dans les ateliers qui se créent pour accueillir les femmes, les mères, soeurs et compagnes des maîtres s'impliquent également. Mais vers 1800, il se passe quelque chose de nouveau: des femmes se lancent dans la carrière de peintre sans descendre d'une famille d'artistes... (p.7)
De son vivant, Fra Angelico fut une star de la peinture dont la renommée dépassa largement Florence et la Toscane, l'artiste étant appelé auprès du pape, à Rome.
À l’instar de la mode, le design est aujourd’hui dissous dans l’image, car il obéit à des diktats visuels qui ne doivent pas dater le film.
Graver sur un mur, c’est retrouver l’antique geste humain et aussi l’antique façon de découvrir le monde.
Venu du fond des âges, l’art paléolithique fascine et interroge. Une exposition inédite analyse le regard porté par les plasticiens sur ces premières formes d’art : une confrontation aussi stupéfiante que métaphysique.
L’art s’adapte au volume de son audience : fini les miniatures, les camées, les petites pièces particulières, il est censé s’adresser à tous. À tous, en même temps – fût-ce pour un bref moment.
OEuvres spectaculaires, oeuvres prométhéennes, oeuvres que l’oeil humain ne peut embrasser d’un seul tenant, le monumental est aussi une manière d’excès optique.
Les dernières statues de Khajuraho, en Inde, sont contemporaines d’un temple qui défie plus encore les lois humaines du temps et l’espace : le Bayon, construit à Angkor à la fin du XIIe siècle.
Le phénomène de la spéculation a été à son paroxysme entre 2012 et 2014. Les spéculateurs ont vu une opportunité d'influencer le marché, voire le manipuler.
Un trait reconnaissable entre mille, dans ses vibrations, dans sa puissance suggestive… Mort à 28 ans à peine, fauché par la grippe espagnole, Egon Schiele (1890-1918) a, dès ses premières esquisses, imposé son style et son désir. La fondation Louis Vuitton lui offre sa première rétrospective à Paris depuis vingt-cinq ans, faisant revivre dans ses salles l’Apocalypse joyeuse de la Vienne 1900. Enfant de Van Gogh et de Munch, complice de Gustav Klimt au sein de la Sécession, Schiele n’est pas si bien représenté dans les collections françaises.
J’ai toujours aimé les oeuvres qui portent en elles leur voyage, et qui te le font percevoir. Je ne veux pas être aveugle à ce voyage. C’est dans ce mouvement que l’oeuvre prend place.
Tandis qu’au Salon officiel de 1863, les peintres académiques livrent une vision fantasmée de la mer, à travers des Vénus lascives émergeant des flots, d’autres s’intéressent à ce qu’il se passe concrètement dans ses profondeurs.
En matière d’architecture et de design, la modernité française a souvent été réduite à quelques individualités fortes – Perriand, Le Corbusier, Mallet-Stevens ou Prouvé – occultant nombre de créateurs auxquels ils étaient pourtant liés. Le Centre Pompidou revient sur l’aventure méconnue de cette Union des artistes modernes (UAM) qui, des Années folles aux fifties, a voulu casser les codes et prôner l’épure. Récit d’une épopée collective, émaillée de contradictions.
Mi-hackers, mi-vampires, ils apportent du sang frais à la peinture en la nourrissant de sculpture, de cinéma ou encore de nouvelles technologies. Sans complexe et avec un aplomb extraordinaire.
Ils déplacent avec eux leur atelier, quand ils ne partent pas à l'assaut de vos murs, de votre sol, et bientôt de votre maison. Mais ces peintres-là occuperont si bien votre espace et votre esprit qu'il vous sera impossible de revenir à l'arrière.
Masaccio - Le météore de la Renaissance
Révélé à 25 ans, mort à 27, Masaccio a sidéré tous ses contemporains. Admiré secrètement par Michel-Ange, il a renouvelé la figuration du corps. Une superbe monographie revient sur cet artiste fondamental du quattrocento florentin.
Sidéré par ces œuvres qu'il avoue ne pas bien comprendre, il hésite même à les exposer après le tollé suscité par leur présentation su Salon d'automne en 1910. Mais il tiens bon, le faits venir à Moscou, où elles subissent les mêmes sarcasmes. Qu'importe Chtchoukine réaffirme à leurs auteur son soutien indéfectible. "J'aurai avec les deux grands tableaux à supporter la lutte... Le public est contre vous, écrit-il à Matisse. J'ai pleine confiance en vous et je suis sûr de votre victoire."
Un monde parallèle où la perception des choses se fait plus délicate, moins aveugle, moins rationnelle.