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Citations de Caumery (32)


< < ... Et puis, c't'idée de l'appeler Annaïk ! Avec toutes les Annaïk qu'y a dans le village, ça fera de l'embrouille. Quand dans la rue, je crierai : Annaïk ! ça sera vingt fillettes qui arriveront.
Faut lui trouver un surnom > >
Le signal du départ arrêta ses réflexions.
Ce fut un beau baptême. La propriétaire du château Mme la marquise de Grand-Air, chez qui la mère d'Annaïk allait travailler en journée, vint assister à la cérémonie. Les Labornez ne furent pas peu fiers en la voyant arriver dans sa chevaux.
A la sortie de l'église l'oncle Corentin jeta à la volée des quantités de dragées et de sous aux gamins ; puis aux sons du biniou, on dansa sur la place.
Les deux petites filles avaient été installées à l'ombre d'un grand chêne. Annaïk riait de toute sa figure ronde, annonçant son heureux caractère, tandis que sa cousine était plus que jamais Marie Qui-Louche.
L'heure du dîner sonna. Tous les estomacs criaient famine, mais il y eu un moment d'inquiétude : l'oncle Corentin a disparu.
Qu'est devenu le parrain ? Il arriva enfin.
< < Pendant que vous dansiez, j'ai été chasser...
Tenez, ma nièce, mettez rôtir vivement ces bestioles. Ça ne fera pas le plus mauvais plat du dîner > >
Puis revenant à son idée d'avant le baptême et regardant Anaïk :
< < C'est-y dommage tout de même qu'elle ait pas au milieu du visage, un nez comme ces oiseaux-là ! > >
Ce disant, il prit une des bécasses qu'il apportait, cacha le corps dans sa large main, et présenta le bec devant la figure de sa filleule.
< < Une vraie petite bécassine, dit en riant Quillouch...
Eh mais ! oncle Corentin, le voilà le surnom que vous cherchiez ! > >
< < Oui, oui, cria toute l'assistance... Bécassine ! Bécassine !
Ma foi, avoua Corentin, ça lui va comme un gant ! > >
Et c'est ainsi que, malgré les protestations de la mère, Annaïk Labornez devint Bécassine.
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Sept coups ont tinté à ma pendule. Ça m'a fait ouvrir un œil. Et puis le réveil posé à côté de mon lit a lâché sa sonnerie. Alors, j'ai ouvert l'autre œil... je me suis dressée, étirée... J'ai murmuré :
< < C'est sept heures. Va falloir ouvrir aux ravaleurs > >
J'ai atteint ma robe de chambre, j'en ai enfilé les manches... sans quitter mon lit. J'ai ajouté :
< < Ils sont souvent en retard, les ravaleurs. Je peux me donner une petite minute de répit > >
Et sans doute, je me suis rendormie... profondément, car c'est seulement comme dans un rêve que j'ai entendu une nouvelle sonnerie venant de l'escalier de service. Mais, à ce moment, des coups frappés aux carreaux m'ont fait sursauter... bondir hors du lit, achever de passer la robe de chambre et d'installer ma coiffe.
Je suis allée à ma fenêtre. La tête et le buste d'un homme s'y sont encadrés.
L'homme avait grimpé par une corde à noeux. Des deux mains, il a empoigné l'appui de la fenêtre. Il a fait rétablissement et a sauté lestement dans ma chambre.
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Je commence ce nouveau volume de mes mémoires à Bonaccueil.
C'est une grande maison avec un joli parc. Les paysans d'alentour l'appellent le château, ce qui ne me parait pas justifié, vu que Bonaccueil n'a pas de tours. Or, comme je l'ai souvent expliqué au jardinier... chaque fois qu'au cinéma on présente un château, c'est un amas de tours à vous donner le tournis. Et les auteurs de cinéma sont des gens qui savent ce qu'ils font.
< < P't'être ben que vous avez raison, mam'selle Bécassine, mais y a quasiment trente ans que je dis le château. Je continuerai à dire de même, sauf votre permission > >
Et il s'est remis à son travail. Je le connais. Il est entêté comme sa pioche. Si je ne lui avais pas donné ma permission, ça n'aurait rien changé. Alors, je la lui ai donnée.
Château ou non, Bonaccueil appartient à une cousine de ma chère maitresse la marquise de Grand-Air, laquelle cousine s'appelle comme sa propriété. Nous avons fait chez elle, au printemps dernier... une entrée pas très brillante qui est racontée dans l'album l'Automobile de Bécassine, et il n'est pas question que nous en reparlions.
Nous, c'est Mme de Grand-Air, déjà nommée, et puis votre servante, et plus Loulotte, la fille par adoption de Madame, et ma fille à moi par le cœur.
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Par ce beau matin d'hiver, l'auberge du Soleil d'Or à Quimper, est si calme qu'elle parait déserte.
Au dernier coup de midi, un charrette franchit bruyamment la porte cochère et vient s'arrêter au milieu de la cour.
Une fillette s'est levé aussitôt de la banquette. C'est Anaïk Labornez, plus connu sous le nom de Bécassine. Aussi vite que lourdement, elle saute à terre. La cour est propre mais un peu de pluie de la veille est restée dans un creux de pavé. La malchance veut que Bécassine ait sauté juste dans l'unique flaque grande comme un mouchoir de poche.
< < Maladroite > > s'écrie l'oncle Corentin, conducteur de la charrette. Et Mme Labornez ajoute avec angoisse :
< < Ta robe neuve va être gâtée ! > >
< < Vous tourmentez pas, répond avec calme Bécassine : c'est pas de la boue méchante > >
On répare tant bien que mal le désastre avec un peu d'eau prise à la pompe... puis l'oncle Corentin décèle sa jument, la conduit à l'écurie, tandis que la mère de Bécassine entre à l'auberge pour commander le déjeuner. Bécassine restée dans la cour, se sèche au soleil. Survient maître Bogozier patron du Soleil d'Or. Bécassine le regarde puis se plantant devant lui :
- < < Vous me reconnaissez pas, m'sieur ?
- Pas du tout, petite
- Pourtant j'suis déjà venue
- Et quand donc ?
- Y a trois ans, un jour de marché. On a laissé la voiture ici pendant qu'on allait en ville > >
< < Qué drôle de petite bonne femme ! dit en riant Bogozier. Elle a passé chez moi cinq minutes, il y a trois ans un jour où l'auberge était pleine comme un œuf ; et faudrait la reconnaitre !
- Ben, pourquoi pas ? riposte Bécassine : moi, j'vous reconnais bien ! > >
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Annaïk Labornez destinée à la célébrité sous le nom de Bécassine, eut pour première demeure la métairie que ses parents cultivaient à Clocher-les-Bécasses, non loin de Quimper.
Sa naissance ne fut pas signalée, comme celle des héros de l'antiquité, par des tremblements de terre et des pluies de feu. On remarqua seulement à cette époque un fort passage d'oiseaux sauvages : oies, canards et bécasses.
Anaïk Labornez était un gros poupon, rose et dodu. Elle avait des yeux et une bouche minuscules, son nez était si petit qu'on le voyait à peine.
Et cela désolait ses parents qui chaque jour, mesuraient le pauvre petit nez :
< < Y pousse pas, disaient-ils. Quel malheur ! On va être la risée de tout le pays ! > >
On est en effet, persuadé à Clocher-les-Bécasses, que l'intelligence est en proportion de la longueur du nez. Cette croyance bizarre tient sans doute à ce qu'on voit dans le petit bourg, à l'époque des bains de mer, un grand savant, membre de nombreuses académies, qui est doté d'un appendice nasal formidable.
Ce nez trop court navrait d'autant plus les époux Lebornez que leur fille avait une cousine presque du même âge qu'elle, Marie Quillouche, qui ne laissait rien à désirer au point de vue du nez.
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Je mets la main à la plume pour écrire ce qui suis, qu'est peut-être les dernières lignes que je tracerai, vu que je me demande si les chagrins et l'inquiétude vont pas me conduire avant l'âge au trépas, et même plus loin.
C'est Isidore qu'est l'objet de mes désolations. Au début qu'il a été parti au régiment, il m'a écrit des lettres gentilles : qu'il travaillait bien, qu'il commençait à savoir se tenir sur son cheval sans trop le prendre par le cou... qu'il astiquait son canon si tellement brillant qu'il pouvait faire sa raie en se mirant dedans ; enfin tout ce que doit faire un bon militaire versé dans l'artillerie. Ça allait bien.
Et puis voilà qu'un jour il me marque dans sa lettre que son capitaine lui a parlé, qu'il lui a fait des compliments et qu'alors il espère passer bientôt brigadier.
Et dans les lettres d'après, il revenait tout le temps là-dessus : C'est mon rêve, qu'il disait, de commander des hommes de leur dire une, deux, une, deux, pour les faire marcher au pas... et d'avoir des galons sur les manches que quand je viendrai en permission, ça fera l'admiration de tout le monde dans la rue... Ça a commencé à m'inquiéter, vu que, comme chacun sait, c'est l'ambition qui perd les hommes.
Faut bien dire : l'ambition et les idées de grandeur c'est pas d'aujourd'hui que c'est le défaut de Zidore, la preuve que tout petit, quand il jouait à l'éléphant avec le fils de la charcutière... en se couvrant tous les deux d'une toile grise, il voulait toujours faire les jambes de devant, et ça amenait entre eux des disputes et des batailles.
Alors pensant à tout ça, je décide que je vais lui écrire sur les dangers de l'ambition en mettant des exemples historiques, vu que l'historique ça impressionne davantage.
Me voilà à chercher mes exemples dans les livres de Mlle Yvonne.
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< < Dis-moi, Zidore, pourquoi qu'y faut être inquiète en ce moment quand on est française ?
- Parce qu'y va peut-être y avoir la guerre, Mam'zelle Bécassine.
- La guerre ! Avec qui ?
- Avec tous les Boches de la Bochie !
- Ah ! > > fait Bécassine.
Elle croit devoir prendre la figure de quelqu'un qui a compris, et elle n'a rien compris du tout. La guerre elle ne sait pas au juste en quoi cela consiste ; les Boches et Bochie, elle n'en a jamais entendu parler. Mais elle se ferait hacher plutôt que d'avouer son ignorance.
Vite, elle monte dans la chambre d'Yvonne, se rappelant qu'il y a sur la table un atlas. Elle regarde longuement les cartes, la table alphabétique ; pas de Boches, pas de Bochie. Pourtant Mlle Yvonne lui a dit que tous les peuples du monde ont leur nom marqué là-dedans. Alors sa figure s'illumine et elle se précipite au salon.
Maîtres et domestiques y sont assemblés, très émus.
< < C'est la guerre dit Bertrand, qui vient du village. La mobilisation est affiché. Je pars demain.
- Moi, j'vais, m'engager, > > crie Zidore, Mme Grand-Air pleure doucement. Son chagrin navre Bécassine ; mais elle va la calmer.
Elle s'approche de sa maîtresse, et lui parlant à l'oreille :
< < Faut pas que Madame se fasse du mauvais sang comme ça. Possible qu'y aura la guerre, mais comme c'est avec des gens qui n'existent pas, ça ne présente guère de risques.> >
L'excellente Mme de Grand-Air, pour lui laisser passer une nuit paisible, n'a pas détrompé tout de suite Bécassine ; le lendemain seulement, elle lui a révélé que la Bochie c'est l'Allemagne, que la guerre sera terrible. Et Bécassine fond en larmes.
Mais Bertrand et Isidore entreprennent de la consoler.
< < Vous faites pas de bile, Mam'zelle Bécassine
- On les aura, les Boches
- Ben sûr qu'on les aura, avec des z'héros comme vous, > > affirme Bécassine, riant à travers ses larmes.
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Je reprends aujourd'hui le récit de mes aventures. Je reprends aussi mon stylo. Jamais il n'a aussi mal marché ; un porte-plume de deux sous serait bien plus commode ; mais comme cet outil de stylo m'a coûté les yeux de la tête, je ne me déciderai à le lâcher que quand il ne marchera plus du tout. Et encore !... Pour l'instant, il s'amuse à cracher son encre sur mon papier et sur mes doigts.
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Le porte-étendard haussa le drapeau.
Froissé, troué de blessures glorieuses, il claquait dans le vent, étincelait dans le soleil. Et c'était l'image de la France meurtrie, mais héroïque, sûre de son droit, forte de sa bravoure, confiante en la victoire.
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Je suis comme ça:j'ai trop d'idées, j'en ai souvent plusieurs ensemble, et pas pareilles; alors je fais des choses qui surprennent tout le monde.
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Les médecins, ça croit toujours qu'on est malade. Je sais bien que je le suis pas, vu que je dors des nuits de dix heures et que quand je me trouve en face d'un gigot, c'est pas lui qui me mange !
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C'est l'ambition qui perd les hommes.
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