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Critiques de Lénine (16)
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Tolstoi

Quand Lénine accuse Tolstoï en 1905 de mollesse révolutionnaire, c'est comme un extrêmiste de gauche qui si vous penchez légèrement à sa droite, alors vous serez immanquablement perverti à la cause, contaminé, voire un pestiféré ! Merci quand même à Lénine de distinguer le bon grain de l'ivraie et de voir pour le coup en Tolstoï la puissance idéologique d'un adversaire que tout oppose. le message qu'il révèle à son endroit n'est pas que tout faux comme si les grands de ce monde se rejoignaient pour un temps dans un dialogue de titans ..



Il eût fallu que l'intellectuel Lénine se réveille un peu et sorte de sa bulle révolutionnaire, même s'il recouvrait tous les aspects de celui qui voyait même dans les rideaux d'une vaste demeure bourgeoise l'émanation d'une bourgeoisie honnie qu'il fallait vaincre et exhumer de tous ses oripeaux.



Si Lénine a mis la barre sur Tolstoï, c'était bien entendu une contradiction qu'il lui fallait relever à lui l'intellectuel, compte tenu de ce que tout Tolstoï représentait de par son titre dynastique comme suppôt naturel de la chrétienté, de l'ordre ancien impérial russe bien ancré pour des siècles, à travers ses écrits politiques et philosophiques, mais pas seulement, toute sa littéraire au rayonnement interplanétaire dont pas un seul russe n'était pas fier de la performance du romancier et de l'artiste. Lénine ne pouvait pas brûler l'image de Tolstoï quand celui-ci brava 3 tsars et fut comme l'intouchable quand le risque était plus grand de l'enfermer sous les verrous que de laisser libre cours à sa propre liberté d'expression. Lénine savait pertinemment que ce cerveau là, il ne pouvait pas le laver. Cerveau fait de récif granitique calmant des temps immémoriaux de tempête parce que il est le langage absolu de la vérité contre le mensonge ! Alors Lénine a essayé mais d'un point de vue doctrinaire, historique, ça ne tenait pas la route, pour une raison simple c'est que ce n'est pas tolstoï qui n'a pas compris le bien-fondé de la révolution mais bien Lénine qui s'est fourvoyé en taxant tolstoï de bourgeois incorrigible, ce qui mérite d'après une analyse sérieuse d'être amplement tempéré. Lénine a mal lu tolstoï et n'a pas compris la personnalité de l'écrivain qui transpirait sous 36 peaux comme l'a écrit Henri Troyat dans sa biographie. De toute sa vie, Tolstoï n'a pas manqué de prévenir de quelque manière que ce soit la dérive des tsars, leur renoncement suicidaire à la réforme, leur surdité à toute tentative de changer le monde paysan qui était le peuple russe à 85% qui croupissait dans une pauvreté insupportable allant même jusqu'à gonfler les rangs du prolétariat de ville, en somme un choix imprévisible entre la peste et le choléra ; et si ce magma a fait le bonheur finalement de Lénine pour gagner opportunément sa révolution, il lui fut plus dur de calmer ensuite les ardeurs de ce peuple qui vit sa révolution confisquée en 1905 lesquelles furent maintenues sous perfusion idéologique et illusoire, policière, arbitraire comme on sait.



On sait que le réformiste tolstoï céda le pas au radical à partir des années 1880, mais c'est parce que tolstoï était frustré de ne pas avoir été entendu par les tsars successifs. le rôle de ce dernier ne s'est jamais démenti jusqu'à l'aune de la révolution de 1905, bien sûr qu'il y a matière dans les nombreux écrits de Tolstoï à y voir son vomissement de l'administration impériale et l'Eglise qui rappelons-le l'excommunia en 1901 à cause de Résurrection. Est-ce que pour autant l'écrivain russe rejeta sa foi chrétienne, certainement pas : il en réécrivit même les Evangiles au grand dam de Nietzche ! mais de cela bien entendu, Lénine n'en eut cure ! La preuve indéniable du jugement de tolstoï sur la révolution fut sa Lettre à un révolutionnaire qui est une profession de foi. Il y est question notamment des risques pris pour une société y compris vacillante quand un esprit révolutionnaire dans son sens le plus obtu passe aux effets pratiques qui ne sont que le calque coupable d'une nouvelle hiérarchie encore plus abominable ..
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L'Etat et la révolution - La doctrine marxist..

Est-ce toujours pertinent de lire Lénine en 2022 ?

Et bien indubitablement oui. Même si les personnes évoquées par l'auteur me sont pour la plupart totalement étrangers (les notes du préfacier sont les bienvenues) le propos est tout à fait clair et donne matière à penser la révolution prolétarienne.

Celle de 1917, forcément, mais peut-être aussi la prochaine. Qui sait ?
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Matérialisme et empiriocriticisme

Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, disait de ce livre :

"Nombre d'écrivains qui se réclament du marxisme ont entrepris parmi nous, cette année, une véritable campagne contre la philosophie marxiste. (...)

En ce qui me concerne, je suis aussi un « chercheur » en philosophie. Plus précisément : je me suis donné pour tâche, dans ces notes, de rechercher où se sont égarés les gens qui nous offrent, sous couleur de marxisme, quelque chose d'incroyablement incohérent, confus et réactionnaire."

Un débat qui a radicalement évolué depuis un certain 9 novembre 1989...

A vous d'en juger !
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Que faire ?

Lénine n'avait assurément pas idée que ce texte resterait dans l'histoire. Il le doit à son titre, sonnant comme une citation facile à replacer à tout propos, mais bien sûr et par dessus tout aux développements historiques qui l'installent parmi les premières pierres de la révolution bolchevique, définissant ce que doit être-faire un révolutionnaire (social-démocrate, dit-il). ce qu'il doit faire dans le moment "présent" de l'époque. Il n'y a pas de discours universel mais une alliance de la théorie à la pratique à des fins déterminés dans un moment précis. C'est la force du texte et ce qui limite son intérêt aujourd'hui. Pour une lecture curieuse ou historienne.
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L'Etat et la révolution - La doctrine marxist..

Si l'on veut savoir pourquoi il n'est pas inutile de relire ce texte de Lénine, relisons ce simple passage :

« Considérez ce qui s'est passé en Russie en six mois, depuis le 27 février 1917 (…) On n’a songé, au fond, à aucune réforme sérieuse. On s’est efforcé d’ajourner les réformes jusqu’à l’Assemblée constituante et cette Assemblée elle-même, petit à petit, jusqu’à la fin de la guerre. Pour la partage du butin, la prise de possession des postes de ministres, de sous-secrétaires d’Etat, de gouverneurs généraux, etc. on n’a pas perdu de temps ni attendu aucune Assemblée constituante ! Le jeu des combinaisons au sujet de la composition du gouvernement n’a été au fond que l’expression de ce partage et repartage du ‘‘butin’’ qui se fait de haut en bas dans tous les pays, dans toutes les administrations centrales et locales. Le résultat, le résultat objectif après 6 mois, du 27 février au 27 août 1917, est certain. Les réformes sont ajournées, le partage des sinécures administratives est accompli et les ‘‘erreurs’’ d’attribution ont été corrigées par un certain nombre de redistributions »

Remplaçons donc « Assemblée constituante » par « prochaines élections », « guerre » par « crise », « butin » par « travail » et/ou, indifféremment, « profit », « sources de revenu »... et vous verrez que le diagnostic reste d'actualité. De là à en conclure que la révolution reste à faire ? Je ne vous le fais pas dire...

Avec, bien sûr, une spéciale dédicace à l'auteur du dernier ouvrage intitulé Révolution ;-)
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De l'état

De l'Etat est une conférence faite par Lénine le 11 juillet 1919 à l'Université Sverdlov, ou il expose sa vision, et la vision communiste vis à vis de l'Etat.



Selon lui l'Etat serait un système mis en place pour la protection d'une classe particulière de la société. Pour faire simple, l'Etat serai un moyen de répression mis entre les mains de la classe dirigeante. Par exemple dans un Etat au service du capitalisme, donc au service de la bourgeoisie, les lois défendent le droit à la propriété privé. La loi défend donc ceux qui possède, et ceux qui aurait intérêt à ce que ce droit n'existe pas, donc les ouvriers, tombent sous le coup de la justice.



Même si cela est exposé en critiquant le système capitaliste, cela ne relève pas que de la société bourgeoise contemporaine. Car si j'ai bien compris les quelques textes marxistes que j'ai lu jusque là, pour atteindre l’idéal socialiste, cela se fera logiquement avec une transition. Transition qui prendrait le forme de centralisation à l'Etat. Dans ce cas l'Etat serai un moyen de répression de la classe ouvrière, sur la classe bourgeoise. Dans tout les cas, si ce programme de Transition s'applique, l'Etat existerait toujours, seul différence, la classe qui l'utilise.
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La maladie infantile du communisme (le ''ga..

Un petit ouvrage indispensable pour mieux comprendre cette époque charnière
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L'impérialisme, stade suprême du capitalisme

Un livre tres facile d'acces qui explicite la tendance du système économique à produire une concentration croissante de la production en un nombre restreint d'acteurs économiques. Un livre simple et visionnaire.
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De l'état

Très court petit ouvrage, qui est en fait le texte d'une conférence de Lénine à l'université Sverdlov en 1919 et qui a pour thème l'Etat. Sujet d'une actualité brûlante, pour l'époque !

Mais le texte est quelque peu décevant : Lénine, outre le fait qu'il ressasse par trois fois que la question de l'Etat est très embrouillée par les idéologues bourgeois mais que les élèves ne doivent pas désespérer de comprendre, et ce à force de lectures, Lénine donc, avec un ton très pédagogique, ne fait que reprendre les idées de Marx et Engels sur l'Etat et au final, il n'y a presque aucune référence à la construction du nouvel Etat russe. C'est bien frustrant car il aurait été intéressant de voir comment Lénine justifie l'état russe comme héritage du marxisme.

Le seul intérêt de cet ouvrage reste donc d'offrir une vision rapide de la question de l'Etat d'un point de vue marxiste.
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La maladie infantile du communisme (le ''ga..

Mais une maladie inévitable, il parait.
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Lénine la grande révolution socialiste d'octobre

Ce livre est un condensé des discours, écrits et articles de Lénine de la Révolution d'octobre de 1917 à sa mort. Sa plume est acerbe, éloquente, sans concession mais il garde en tête les erreurs et les fautes, même si il les minimise d'un point de vue humain. Grand connaisseur des théories marxistes, il mène la barque économique et a permis à la Russie de passer d'un féodalisme moyenâgeux à un égalitarisme anti démocratique assumé pour devenir deuxième puissance mondiale.
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De l'état

Cette "causerie", comme dit Lénine, a de bonnes qualités pédagogiques pour qui veut d'initier au communisme. Il y est question de l'Etat, (merci Verteflamme, c'est le titre), et Lénine rappelle, chose salvatrice, qu'à l'époque où l'on théorisait la démocratie (dans les fameux tableaux où on l'opposait à la tyrannie, à l'aristocratie, ect), la majorité était esclave et ces derniers étaient des choses sur le plan juridique. (D'ailleurs les Spartakistes tiennent leur nom de Spartacus).

Il est aussi question d'un historique communiste, c'est-à-dire dont le moteur est la lutte des classes, et Lénine donne le rôle de l'Etat dans tout cela : légitimer la classe dominante. Les parties sur les époques antérieures à l'Antiquité m'ont fait penser à Alain Testart, anthropologue pour qui c'est le stockage de la nourriture qui "crée" les inégalités.

J'ai apprécié, et je lirai sûrement le livre d'Engels sur l'Etat et la famille que Lénine recommande avec enthousiasme.

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Karl Marx

Cette étude de Lénine, parue en 1914, dans l’encyclo­pédie russe Granat, est l’exposé le plus complet et le plus concis de l’ensemble du marxisme.



Après une courte biographie de Marx, Lénine aborde sa « doctrine philosophique et sociale », en exposant la conception matérialiste du monde et de la société.



Lénine expose ensuite la « doctrine économique de Marx ».



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La révolution bolchéviste

Ce livre regroupe le contenu des discours de Lénine, plus ou moins tracés dans leurs utilisations. Ces discours sont entrecoupés de notes historiques et contextuelles pour comprendre la cible et le but des discours. Ces notes sont au moins aussi importantes que les discours eux-mêmes. Elles apportent un éclairage nécessaire à la compréhension des discours et à leur progression. Les discours eux-mêmes sont fastidieux à lire. Ils comprennent beaucoup de répétitions, de redondances et d’analogies plus ou moins réussies, sauf quand Lénine se défend ponctuellement sur un thème précis.



Le mouvement que Lénine enclenche est d’une violence extrême, on ne parle pas de revendications, de grèves ou de manifestations. On parle de la spoliation complète de tous les biens, de l’annulation pure et simple de la notion de propriété et l’application de la devise : « celui qui travaille mange ». Le tout avec un salaire unique.

il déclare l’annulation de toutes les dettes contractées par l’empire russe d’avant et renie tout fonctionnement capitaliste.



Un livre qui apporte un éclairage brut et froid sur l'Histoire.


Lien : https://chronique-fiction.fr..
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Mieux vaut moins, mais mieux et autres text..

Dominique Colas est historien du Communisme et professeur des Universités à Sciences Politiques de Paris. Dans la première partie du livre l’auteur retrace quelques moments et événements clefs de la période Léniniste, en s’appuyant sur les textes et discours de Lénine. Dominique Colas établit clairement qu’il suffit de lire les propres Œuvres de Lénine pour se rendre compte de toute la dimension Dictatoriale à caractère Totalitaire du système mis en place par Lénine, Trotski, Staline et consorts terroristes de masse, durant la période Léniniste : du 25 octobre 1917 à 1923.

Dans la seconde partie du livre, Dominique Colas nous fait découvrir les derniers écrits de Lénine, en 1923, un an avant sa mort le 21 janvier 1924.



La seconde attaque cérébrale de Lénine en décembre 1922, sonne l’heure de la fin de sa présence physique au sein du Parti Communiste d’Union Soviétique, mais pas celle de son activité intellectuelle et de son incontestable autorité à la tête de Parti. Cependant, ne disposant plus de son autonomie physique, il se résout à communiquer essentiellement à travers des lettres dictées à ses secrétaires. Ses écrits les plus connus de cette dernière période sont ceux concernant les « Lettres au Congrès » et surtout son célèbre « Testament ». Mais il existe également cinq autres articles dont trois furent publiés avant le XIIe Congrès d’avril 1923, dans le journal de propagande du Parti Communiste : la Pravda (la « Vérité ») ; et les deux autres par la suite. Le dernier article publié de son vivant « Mieux vaut moins, mais mieux », l’est le 4 mars 1923. Le 10 mars, une nouvelle attaque cérébrale plonge définitivement Lénine dans l’aphasie et la paralysie jusqu’à sa mort le 21 janvier 1924.



Mais revenons à quelques grandes étapes qui ont dramatiquement marqué la période Léniniste…

D’abord, il y a le coup d’État Bolchevique (Communiste) du 25 octobre 1917 (ou 7 novembre, suivant le calendrier usité), suivi de la dissolution par la force de l’Assemblée Constituante réunie le 5 janvier 1918. Ensuite, la terrible politique du Communisme de Guerre décrétée au printemps 1918 (consistant principalement dans les réquisitions forcées des récoltes agricoles), couplée à la Terreur Rouge Bolchevique décrétée, quant à elle, officiellement le 5 septembre de la même année, déclenchent une Guerre Civile généralisée et extrêmement violente dans toute la Russie.

En 1921, le pays est exsangue, et la population plongée dans une violence inouïe doit encore faire face à l’impitoyable et sanglant écrasement de l’insurrection des Marins de Cronstadt par Trotski. Ce qui permet au Pouvoir Totalitaire Communiste de « remporter », presque définitivement, la Guerre Civile. Mais Lénine prend alors conscience qu’il est contraint de libérer un minimum l’économie, et décide donc à contrecœur d’instaurer provisoirement la N.E.P. (la Nouvelle Politique Économique) lors du Xe Congrès de mars 1921. Pourtant, la Terreur de masse n’est pas atténuée pour autant ; et l’économie reste sous l’étroit contrôle du Parti Communiste. Et afin d’être certain de conserver le Pouvoir absolu, Lénine lance également une épuration au sein même du Parti Communiste. Qui plus est, le pays continue de s’enfoncer dans une effroyable et gigantesque Famine, celle de 1921-1922, qui provoque la mort d’environ 5 000 000 de paysans !

Ignominieusement, Lénine se sert même de cette Famine pour tenter d’éradiquer l’Église orthodoxe en Russie. Lors du Bureau Politique du 19 mars 1922, en pleine Famine, Lénine ordonne implacablement d' »écraser l’ennemi » (page 41) :

« C’est précisément maintenant et seulement maintenant alors que dans les régions où règne la famine les gens mangent de la chair humaine et que des centaines ou des milliers de corps jonchent le sol que nous pouvons (et donc que nous devons) conduire à bien la confiscation des richesses des églises avec l’énergie la plus sauvage et la plus impitoyable, et réduire toute résistance. »

L’argument classique de la sécheresse ne peut pas expliquer à lui seul, l’importance de cette Famine. La dernière grande Famine en Russie datant de 1891, sous le Tsar Alexandre III, avait engendré la mort de 400 000 à 500 000 Russes, ce qui est déjà phénoménal mais qui « ne représente que » 10 % de celle de 1921-1922. La tragique réalité, c’est que l’infâme politique du Communisme de Guerre par les réquisitions forcées des récoltes agricoles a extirpé de force au monde paysan, presque toutes ses ressources alimentaires.



En outre, Lénine se méfie de sa propre N.E.P. qu’il caractérise de « Capitalisme d’État ». Par conséquent, il veut… (page 40) :

« châtier lourdement tout capitalisme qui dépasse les bornes du capitalisme d’État, selon la conception et les tâches de l’État telle que nous les entendons ». Il appelle à l' »organisation de procès exemplaires » qui pourront conduire « au poteau d’exécution » ceux qui abusent (note n°48, Lénine, Œuvres t. 45, p. 485), attribuant une « signification éducative » aux tribunaux, d’où des procès dont les accusés sont condamnés à l’avance. »

Lénine ne s’embarrasse décidément d’aucun scrupule ni d’aucune contradiction aussi énorme soit-elle, en faisant appel à la N.E.P. et en réinstaurant ainsi partiellement le commerce privé, donc le Capitalisme. D’autant plus que son obsession est de mener jusqu’au bout, la Dictature du Prolétariat par le Communisme de Guerre et la Terreur de masse, en vue de lutter férocement contre le Capitalisme et les « bourgeois ». Et comme il n’est pas à une autre contradiction près, lui et Trotski sont eux-mêmes issus de la « petite bourgeoisie » et sont des pseudo-« intellectuels », c’est-à-dire les mêmes « ennemis de classe » qu’ils exècrent le plus au monde et qu’ils persécutent !



Dominique Colas insiste, dans son ouvrage, sur un aspect assez méconnu dans la volonté de domination de Lénine : celui du processus d’alphabétisation, ce que Lénine nomme déjà une « révolution culturelle » (on pense évidemment à la tristement célèbre « Révolution Culturelle » lancée bien plus tard en 1966, en Chine, par Mao Zedong, qui a pour seul point commun avec celle de Lénine : la lutte des classes dans le cadre de la politique de Dictature du Prolétariat). Bien évidemment, Lénine n’a absolument pas comme objectif d’agir par simple altruisme envers son Peuple, mais considère plutôt que quelques centaines de dirigeants doivent détenir le Pouvoir et qu’il faut alphabétiser (le taux d’alphabétisation en Russie était, à cette époque, de seulement 25 %) les ouvriers et surtout les paysans pour pouvoir mieux les contrôler par la propagande, et édifier ainsi la société Communiste « parfaite ». Il ne veut donc pas éduquer le Peuple Russe, mais en réalité le ré-éduquer Idéologiquement. Pour Lénine, il faut détruire l’ancienne « psychologie » et rééduquer les masses. Ce dogme impérieux est bien connu sous les divers régimes Totalitaires Communistes : il s’agit de détruire l' »ancienne société » capitaliste pour créer la « nouvelle société » Communiste. Lénine veut rééduquer, annihiler et/ou exterminer « le Peuple ancien » pour recréer un « Peuple nouveau ». Tout ce processus est parfaitement bien décrit dans l’incontournable ouvrage de George Orwell : « 1984 ».

Mais dans son esprit totalement Idéologisé, Lénine estime la conversion de la paysannerie au Communisme, comme une tâche particulièrement ardue, car il se méfie et méprise les paysans, les considérant à la fois comme des « travailleurs » et des « spéculateurs », habitués depuis toujours à commercer. Sa condescendance et sa détestation envers le monde paysan est sans bornes, puisqu’il évoque les paysans en les traitant d' »abrutis, ignorants, isolés ». Dans son esprit dangereusement binaire et manichéen, Lénine ne considère l’être humain qu’en terme de « classe sociale ». Il pense que cette conversion au Communisme serait beaucoup plus aisée avec la population ouvrière qui, croit-il, d’instinct, adhèrerait au Communisme.



Lénine, en parallèle, et comme nous l’avons déjà vu plus haut, veut lancer une campagne propagandiste de lutte pour l’athéisme en combattant la religion. Son esprit Totalitaire transparaît une fois encore, dans sa volonté d’éradiquer la religion qui risquerait de lui faire une concurrence Idéologique.

La campagne d’alphabétisation n’a pas pour but d’éveiller l’esprit critique, mais bien au contraire de le formater et d’insuffler la doctrine Marxiste au sein du Peuple Russe pour le rendre servile à l’Idéologie Communiste. Pour Lénine, la lecture permettrait au Peuple Russe de pouvoir lire le journal de propagande du Parti Communiste : la Pravda .

Mais plus encore, en bon dictateur Totalitaire qui se respecte, Lénine a prévu d’exclure de sa campagne d’alphabétisation ses cibles Idéologiques qu’il estime non-rééducables et qui doivent donc être exterminées : les capitalistes, les « Koulaks » (catégorie de paysans inventée par Lénine), les prêtres, les intellectuels, les bourgeois, les artistes, les professeurs et les opposants politiques réels ou supposés. À ce rythme-là, la liste des personnes à persécuter allait devenir quasiment infinie. C’est ce qui devait pourtant se produire durant les 74 interminables années que dura l’infâme régime Soviétique…

Pour mener à bien sa campagne d’alphabétisation par la rééducation, Lénine définit deux catégories chargées de cette mission : les instituteurs pour l’alphabétisation, et les propagandistes professionnels pour promouvoir l’athéisme contre la religion.

Ici, nous sommes pleinement plongés dans les fondements mêmes du Totalitarisme : la rééducation Idéologique obligatoire pour toute la population et l’extermination de la partie considérée comme définitivement irrécupérable !

Mais l’irrationalité et l’inhumanité de Lénine se confrontent alors à un enchaînement de complications qu’il n’avait certainement pas prévu, dans son esprit étriqué et doctrinaire. En effet, l’opposition au Communisme ne relève pas d’une abstraite et arbitraire question de classe sociale, mais d’un choix individuel ! Conséquence prévisible, Lénine voit alors s’accumuler rapidement d’innombrables opposants à son régime Totalitaire. Qui plus est, quid du demi million d’instituteurs qui ne sont pas Communistes, alors qu’ils sont obligés, dans le plan machiavélique de Lénine, de Bolcheviser (Communiser) la population Russe ? !

D’autant plus que Lénine se montre totalement schizophrène, puisque son plan de rééducation doit être appliqué par ces mêmes instituteurs, rétifs au Bolchevisme. Pour couronner ce délire schizophrénique, il les considère comme « hostiles au prolétariat », car élevés « dans les habitudes et les préjugés bourgeois ».

Par conséquent, la tâche devient insurmontable, car il faut commencer par rééduquer les instituteurs destinés à former une « armée nouvelle », comme l’Armée Rouge de Trotski, afin que ces instituteurs puissent à leur tour rééduquer toute la population Russe. Et par qui les former ? Extrêmement compliqué tout cela ! Et bien Lénine prévoit de créer parallèlement à la Direction de l’instruction, une Direction générale de l’éducation politique en charge de la propagande et composée d’un personnel intégré à la structure, et d’une institution spécifique missionnée pour former de « vrais communistes ». Bref, son fanatisme doctrinaire se transforme en une véritable usine à gaz Idéologique…

Finalement, l’objectif ultime du Parti-État Unique Communiste est de détenir et conserver le Pouvoir absolu grâce au monopole sur toutes les grandes institutions du pays : l’information, l’imprimerie, les bibliothèques, les journaux, la radio, et bien sûr les institutions éducatives.



Lénine impose également le « samedi communiste », un travail que les ouvriers doivent fournir gratuitement. Pour un soi-disant défenseur de la « classe prolétarienne », c’est pour le moins ahurissant ! Mais ce n’est pas tout, car il va jusqu’à justifier les méthodes productivistes du Taylorisme. Et il expérimentera même les méthodes de « militarisation du travail » prônées par Trotski dans son livre « Terrorisme et Communisme », méthodes qui ne relèvent ni plus ni moins que de l’esclavagisme moderne.



Lénine est un adepte de la maxime de Ferdinand Lassalle, selon laquelle : « Le Parti se renforce en s’épurant ». Ce qu’il fait, non seulement, au sein de son propre Parti Communiste, mais également au sein de la société Russe tout entière, en persécutant tous les opposants réels ou potentiels au Communisme.

D’ailleurs, en juillet 1922, Lénine fait expulser de Russie des élites intellectuelles, par l’intermédiaire de la Tcheka (la police politique du régime fondée dès le 20 décembre 1917) et dirigée par Félix Dzerjinski. Cette opération est supervisée par un certain Iossif Vissarionovitch Djougachvili plus connu sous le pseudonyme de Staline, qui a été promu, par Lénine en personne, au poste suprême de : Secrétaire Général du Parti Communiste d’Union Soviétique, le 3 avril 1922.



Depuis le début de la Première Guerre Mondiale, l’objectif de Lénine est de transformer cette Guerre Mondiale en Guerre Civile, afin d’instaurer le Communisme en Russie, puis de l’exporter dans le monde entier. Son coup d’État d’Octobre 1917, ainsi que la toute aussi anti-démocratique dissolution par la force de l’Assemblée Constituante, puis la signature du traité de paix avec l’Allemagne à Brest-Litovsk en mars 1918, lui laissent le champ libre pour tenter d’atteindre cet objectif. Il n’a que faire de la Paix, seul compte pour Lénine de mener (page 38) :

« la guerre de classe dans toute sa dureté » (…) « nous faisons maintenant la guerre contre la petite bourgeoisie, contre les paysans, une guerre économique qui est pour nous beaucoup plus dangereuse que la guerre passée ».

Concernant la Justice Pénale, en 1922, Lénine ordonne au ministre de la justice de se montrer particulièrement pugnace (page 39) :

« (…) dans la : « répression contre les ennemis politiques du pouvoir soviétique et les agents de la bourgeoisie (spécialement les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires) » et même d’organiser des procès contre la « canaille » communiste, celle qui parade sans travailler ».



En conclusion :

On constate aisément que dans le dictionnaire « Le Petit Larousse illustré », édition 2014, en page 895, la rubrique sur le Totalitarisme présente toujours le Nazisme et…, le Stalinisme. Or, si la doctrine du Nazisme est bien…, le Nazisme (ou National-Socialisme), en revanche, la doctrine du Stalinisme n’est pas le Stalinisme mais bel et bien…, le Communisme (Bolchevisme devenu Marxisme-Léninisme). À mon sens, le dictionnaire devrait donc plutôt présenter les deux grands systèmes Totalitaires du XXe siècle de la manière suivante : les Totalitarismes Nazi et…, Communiste. Mais pour cela, il faudrait d’une part, assimiler enfin le Stalinisme au Communisme, et d’autre part, remonter à l’origine de la création du système Totalitaire Communiste réel, c’est-à-dire à la période Léniniste !

Car, si effectivement, Staline a eu le temps (à partir de 1925 et jusqu’à sa mort le 5 mars 1953) d’étendre sa Terreur de masse Communiste à un niveau jamais atteint dans l’histoire humaine jusqu’au début de cette période, les fondations du Totalitarisme Communiste, elles, ont bien été posées entre Octobre 1917 et la mort de Lénine. Rappelons les principaux items du Totalitarisme : l’Idéologie obligatoire, le Parti-État-Unique Bolchevique, le liberticide généralisé à toute la société, le Communisme de Guerre, la Dictature du Prolétariat, la Guerre Civile, l’ouverture des premiers camps de rééducation et de concentration, etc.. On peut encore ajouter à cette lugubre litanie de concepts tyranniques : le processus de propagande haineux envers d’innombrables catégories sociales, comme à l’encontre des Koulaks (dont Staline reprendra à son compte la gigantesque et barbare opération de « Dékoulakisation » à partir de 1930), les « bourgeois » (catégorie, elle aussi, purement Idéologique donc indéterminée puisque indéfinissable et absurde !), les intellectuels, les prêtres, les professeurs, les intellectuels, les ouvriers grévistes, les Cosaques (la « Décosaquisation ») du Don et du Kouban, etc, etc..

Il serait donc grand temps de dépasser, en France, la seule notion de Stalinisme pour l’inclure sous la bannière générale du Communisme. C’est tout à fait révélateur et symptomatique du traitement hémiplégique Franco-Français, des Totalitarismes Nazi et Communiste : le « mauvais » Nazisme et le soi-disant « bon » Communisme. Absurde et surtout historiquement totalement faux !

De même que perdure encore aujourd’hui en France, dans notre inconscient collectif : le « bon » Lénine et le « méchant » Staline. Nous avons démontré que c’est tout aussi absurde, et que ce procédé relève purement et simplement du Révisionnisto-Négationnisme !



Heureusement qu’il existe les témoignages de survivant, les Archives de Moscou et d’ailleurs (partiellement ouvertes depuis 1992), et les historiens comme Dominique Colas et tant d’autres pour œuvrer à faire en sorte qu’un jour, enfin, l’Histoire du Communisme s’inscrive dans toute sa dimension monstrueusement Totalitaire, c’est-à-dire depuis…, le coup d’État Léniniste du 25 Octobre 1917 !
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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La commune de Paris

Ce livre est un assemblage d'extraits de lettres et de discours de Lénine. Prenant pour exemple la Commune de Paris, Lénine en profite pour appuyer sa théorie de la mise en place d'un état soviétique, citant allègrement Marx et Engels. N'étant pas familier de ces deux auteurs, j'ai du mal à me rendre compte si ces citations sont sorties de leur contexte ou pas. La théorie reste cependant de très haut niveau dans ce livre. Par contre il se dégage une telle haine de la bourgeoisie, des sociaux démocrates, des anarchistes que les millions de déportés et de morts qui ont jalonnés l'histoire de l'union soviétique n'ont plus rien d'étonnant.
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