[De l'effet des prodiges]
Au reste, tout le monde craint pour soi d'être l'objet d'imprécations; de là l'usage quand on a avalé des œufs ou des escargots d'en briser aussitôt les coquilles, ou de les percer avec la cuiller (...) Beaucoup croient aussi que les ouvrages de poterie se brisent par les paroles; d'autres admettent que les serpents mêmes répondent à l'enchantement par l'enchantement.
(Histoire naturelle)
Livre XXVIII !?
Vivre c'est être réveillé.
Quelques-uns ont des parties du corps douées de propriétés merveilleuses : par exemple Pyrrhus, dont le gros orteil droit guérissait par le contact les affections de la rate. On rapporte que cet orteil ne put être brûlé avec le reste du corps, et qu'il fut renfermé dans une niche d'un temple.
Apelle avait de l'aménité, ce qui le rendit particulièrement agréable à Alexandre le Grand ; ce prince venait souvent dans son atelier et, comme nous avons dit, il avait défendu par un décret à tout autre artiste de la peindre. Un jour, dans l'atelier, Alexandre parlait beaucoup peinture sans s'y connaître : l'artiste l'engagea gentiment au silence, disant qu'il prêtait à rire aux garçons qui broyaient les couleurs ; tant ses talents l'autorisaient auprès d'un prince par ailleurs irascible. Au reste, Alexandre donna une marque mémorable de considération qu'il avait pour lui. Il l'avait chargé de peindre nue, par admiration pour sa beauté, la plus chérie de ses concubines, nommée Pancaspé ; en accomplissant son ordre l'artiste devint amoureux ; Alexandre, s'en étant aperçu, la lui donna : c'était de la grandeur d'âme et un empire sur soi plus grand encore, de la part d'un roi à qui une telle action ne fait pas moins d'honneur qu'une victoire, car il se vainquit lui-même.
Il [Parrhasius d'Éphèse] peignit aussi de petits tableaux obscènes, se délassant par ce badinage impudique.
On fait sortir les épines et autres corps étrangers par les excréments de chat, par la crotte de chèvre dans du vin, par une présure quelconque, mais surtout par celle de lièvre, avec de la fleur d'encens et de l'huile, ou avec un poids égal de glu, ou avec la propolis. On ramène à la couleur du reste du corps les cicatrices noires, avec du suif d'âne; le fiel de veau échauffé les efface; les médecins y ajoutent de la myrrhe, du miel et du safran, et le gardent dans une boîte de cuivre; d'autres y mêlent de la fleur de cuivre.
Zeuxis peignit un enfant qui portait des raisins : des oiseaux étant venus voleter près d'eux, il se fâcha contre son ouvrage et dit : " J'ai mieux peint les raisins que l'enfant ; car si je l'avais aussi bien réussi, les oiseaux auraient dû avoir peur. "
Extrait du livre XXXV La peinture
Admirant un tableau de Protogène d'un travail immense et d'un fini excessif, il [Apelle de Cos] dit que tout était égal entre lui et Protogène, ou même supérieur chez celui-ci, mais qu'il avait, lui, un seul avantage, c'est qu'il savait ôter la main d'un tableau : leçon mémorable, qui apprend que trop de soin est souvent nuisible.
Vous placé au faîte le plus élevé parmi les hommes, vous, doué de tant d'éloquence, pourvu de tant de savoir, ceux qui viennent vous saluer ne vous approchent, je le sais, qu'avec un respect religieux.
Rendre, en peignant les corps, le milieu des objets, c'est sans doute beaucoup, mais c'est en quoi plusieurs ont réussi ; au lieu que faire les contours des corps et bien terminer la limite, là où s'arrête l'objet que l'on peint, voilà qui se trouve rarement exécuté avec succès. Car le contour doit tourner et finir de façon à promettre autre chose derrière lui, et même à faire voir ce qu'il cache.