Le hacker repenti Rabbin des bois prédit un cyber-11 septembre
De nos jours, un branleur peut gagner dix fois plus qu'un mec qui se casse le cul, et ayant passé mon enfance à contempler mon père se casser le cul pour gagner de quoi survivre, j'ai très vite décidé que j'allais devenir un branleur très très riche.
Le truc concernant le hack est que les hackers ne parlent pas à la presse, donc ce que tu lis dans la presse est bien souvent très éloigné de la réalité, du Far West que représente Internet, des vies que ça peut détruire ou changer à tout jamais.
Dans notre milieu, il y a un proverbe très connu : Si tu donnes une arme à quelqu'un, il peut braquer un banque, mais si tu donnes une banque à quelqu'un, il peut braquer le monde entier.
Les enfants de nos jours ne rêvent pas de devenir astronaute, avocat ou pompier, mais YouTuber, Vlogger, Streamer. Ils veulent des abonnés, se filmer, se regarder, comme si dès leur plus jeune âge, ils étaient voués à une quête éternelle de reconnaissance.
La loi est la mère de l’ordre, et ici c’est le Far West – 0 ou 1, bandit de grand chemin ou shérif, shit du Rif ou flics à six du mat devant ton pif, encore une fois : binaire.
N’importe qui peut être n’importe qui, il suffit de jouer un rôle : ton aventure peut t’emmener sur la route d’un eldorado de bitcoins, tu peux devenir un digital-millionnaire et digital-nomade, mais tu ne finiras pas dans une digitale-prison.
Selon les miens, il n’y aurait que des 1 et des 0.
Le cœur de chaque moment serait en fait un choix – dire ou s’abstenir, croire ou douter, continuer ou s’arrêter.
Pour eux, le temps est un ensemble de possibilités.
Soit Tu lis la ligne d’après, soit Tu t’arrêtes à ce point.
Chaque être humain est une ligne de codes en perpétuelle écriture – un code fait de 1 et de 0 qui s’inscrivent à chaque choix validé.
Mais que se passe-t-il si le code prend conscience de son existence, de ce qui le compose ?
Au fond, je me demande s’il est vraiment possible de choisir le prochain 1 ou 0 – ou bien n’est-ce qu’une illusion ?
Pour moi, le temps s’envole.
Dix longues années se sont écoulées et je n’ai toujours rien compris.
Dans un monde où le clic a plus de valeur que la vérité [...] Le clic produit des euros, la vérité n'en produit pas.
On vit dans une société de jugement, dans laquelle ce que l'on aime nous détruit. On juge les autres, leur façon de parler, leur gueule, leurs habits, leurs idées. Plus on juge, plus on émet un avis, qu'il soit sous la forme d'un tweet, d'une étoile, d'un post, on crée de la donnée quotidiennement et tout ça parce qu'on est sollicité pour le faire. Par un clic sur la souris, par un glissement du pouce sur l'écran, on participe, on contribue à notre esclavagisme 2.0.
J’étais le genre de type qui raisonnait avec des “dans cinq ans”, le genre de personne qui n’aimait pas ses journées, mais faisait tout pour bâtir un lendemain meilleur.
En vain.
Désormais, je ne sais plus trop qui je suis.
Pour certains un étudiant, pour d’autres un hacker avec une sérieuse dépression clinique, de l’anxiété sociale, un passé morbide et un futur précaire.
C'est un autre monde, un royaume de dépressifs misanthropes, cassés par les désillusions de la vie. Il faut le vivre pour le comprendre, ça sonne triste là, mais c'est l'espoir d'un choix révolutionnaire, et si tu joues tes cartes correctement, tu peux changer ta vie à tout jamais.