Je remercie les éditions de La Martinière et Babelio pour ce livre reçu via l'opération Masse Critique Non-fiction.
Livre très court que j'ai avalé d'une traite. Des chapitres eux aussi relativement courts, avec un ton direct, l'auteur-narrateur principal s'adresse d'abord à "Dieu", le tutoyant. Puis, à toi, moi, le lecteur. Parfois il s'agit de dialogues issus de conversations dans l'internet profond entre Rabbin des bois et son-sa mentor ou pivot ou je ne sais pas comment l'appeler et qui va accélérer son accession et ascension dans le monde des hackers.
Je suis un peu déçu parce que j'espérais plus de détails techniques justement, parce que je suis ultra nul. Je me suis donc retrouvé un peu attiré, un peu appâté par les propos et le parcours de ce type, et en même temps, impossible de me sortir de ma condition de mouton, de viande comme il dit. J'en sais un peu plus, mais je n'en sais pas assez, en fait je n'en sais pas assez d'un bout d'un début. Je dois donc acquiescer sur tout, parce que je suis incapable de comprendre véritablement ce qu'il se passe.
Oh, le sous-titre : "Les confessions d'un hacker", certes il relate les "faits", les explique en détail, en explique vaguement les ressorts "psychologiques" ou "sociologiques" : les banlieues et les clichés, une intelligence qui ne s'adapte pas à l'école, surtout le décès de sa mère, son père qui a bossé toute sa vie pour pas un rond, etc. Relativement habituel, convenu. Mais bon, si c'est là la réalité, on ne va pas la nier, ni la dénigrer.
J'ai apprécié le fait qu'il y ait un couac dans le parcours, et que bizarrement, c'est de ce couac que vient la suite, la progression.
Ce ne sont pas tout à fait des confessions dans le sens où il n'y a pas de volonté de contrition, de regrets, de demande de grâce de la part de Rabbin des bois, n'attendez pas des excuses, il explique. Point.
Clairement, il y a deux mondes (voire trois), le monde purement réel, l'internet qu'on voit, l'internet -deepweb- qu'on ne voit pas. Tout est interrelié mais sans que peu de gens sachent en comprendre toute la complexité. hormis l'un ou l'autre. Pour un temps déterminé, encore. On ne sait pas. de même que les identités éclatent, se multiplient, se divisent, se fondent, se refondent, on n'y voit plus très clair.
Dans tout ça aussi, beaucoup de "travail", il faut s'acharner. Si l'auteur se décrit comme un branleur au début, on ne peut que saluer la charge de travail qu'il s'inflige. Pour le fric ? Seulement pour le fric ? Alors pourquoi vivre chez son père, dans une pauvre banlieue ? Pourquoi vivre comme un pauvre quand on est riche.
Il y a un vrai A QUOI BON ? qui reste, qui n'arrête pas de planer, tant dans le livre que dans cette vie, qui est de plus en plus folle. Et on en est qu'au début, et il semble ne plus y avoir de retour possible dans un ancien monde, fini, dépassé.
Beaucoup de choses bizarres, violentes s'annoncent, une guerre techno déjà commencée, mais qui peut, va sans doute prendre une ampleur folle. Et dans tout ça, Rabbin des bois nous invite si on ne veut pas être largué à s'y intéresser, s'y intéresser grave et vite : "Lève-toi et code"... Nouveau mantra, nouvelle exhortation divine... sous-entendu "si tu veux pas crever en enfer."
On n'a aucune idée de ce qu'on aura fait des données recueillies de Sciences-Po, le chef d'oeuvre de Rabbin des bois, on ne saura pas ce qu'il devient... A vrai dire, sans doute vaut mieux pas qu'on le sache et qu'il le dise.
Enfin, si tout ceci est "vrai".
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Terrifiant. C𠆞st le mot. Une confession incroyable. J𠆞n est tellement la chair de poule. C𠆞st fort c𠆞st intelligent. Pour moi les hackers sont des génies. Mais version 2.0 . Cependant, au rythme de ma lecture on perçoit un jeune homme qui vie constamment dans la crainte de jouer à un jeux beaucoup plus fort que lui. Il a raison sur la plupart des choses qu’il met en évidence. Mais il y a un point où je reste en non accord : « je ne vais pas aider le monde je m𠆞n fou. »
Cette manière de penser ne peut qu’être dirigé par la peur et je lui souhaite de prendre confiance en lui pour aider ses semblables. Signé: « une viande avec un peu d𠆞sprit »
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Ce n'est pas un manuel ni un guide pour apprendre à hacker mais une incursion dans la psychologie d'une personne attachante, même si c'est " un voyou".
Comment dans cette société, ni libre, ni égale, ni fraternelle, évoluer et rentrer dans le moule ? Notre héros anonyme choisit la voie de l'arnaque, plus des banquiers et des puissants que des simples personnes comme lui. Un plaidoyer aussi qui sonne comme un avertissement de notre société de plus en plus numérique et de plus en plus surveillée à travers nos écrans.
Certains commentaires parlent de vulgarité, alors que nous somme dans un style littéraire qui peut nous emporter dans l'univers fantasque de l'auteur, d'un révolté, d'un punk des “temps modernes”. Certains termes, "codes" de langage sont compréhensibles de l'univers des geeks. Vrai ou pas vrai, cette histoire est riche de réflexion et d'attention que l'on peut porter au quotidien. A prendre comme une oeuvre littéraire, la maison d'édition de qualité peut certifier et être garante de ce choix.
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De nos jours, un branleur peut gagner dix fois plus qu'un mec qui se casse le cul, et ayant passé mon enfance à contempler mon père se casser le cul pour gagner de quoi survivre, j'ai très vite décidé que j'allais devenir un branleur très très riche.
Selon les miens, il n’y aurait que des 1 et des 0.
Le cœur de chaque moment serait en fait un choix – dire ou s’abstenir, croire ou douter, continuer ou s’arrêter.
Pour eux, le temps est un ensemble de possibilités.
Soit Tu lis la ligne d’après, soit Tu t’arrêtes à ce point.
Chaque être humain est une ligne de codes en perpétuelle écriture – un code fait de 1 et de 0 qui s’inscrivent à chaque choix validé.
Mais que se passe-t-il si le code prend conscience de son existence, de ce qui le compose ?
Au fond, je me demande s’il est vraiment possible de choisir le prochain 1 ou 0 – ou bien n’est-ce qu’une illusion ?
Pour moi, le temps s’envole.
Dix longues années se sont écoulées et je n’ai toujours rien compris.
La loi est la mère de l’ordre, et ici c’est le Far West – 0 ou 1, bandit de grand chemin ou shérif, shit du Rif ou flics à six du mat devant ton pif, encore une fois : binaire.
N’importe qui peut être n’importe qui, il suffit de jouer un rôle : ton aventure peut t’emmener sur la route d’un eldorado de bitcoins, tu peux devenir un digital-millionnaire et digital-nomade, mais tu ne finiras pas dans une digitale-prison.
Le truc concernant le hack est que les hackers ne parlent pas à la presse, donc ce que tu lis dans la presse est bien souvent très éloigné de la réalité, du Far West que représente Internet, des vies que ça peut détruire ou changer à tout jamais.
Dans notre milieu, il y a un proverbe très connu : Si tu donnes une arme à quelqu'un, il peut braquer un banque, mais si tu donnes une banque à quelqu'un, il peut braquer le monde entier.
Le hacker repenti Rabbin des bois prédit un cyber-11 septembre