Citations de Alain Bron (46)
En cette nuit tiède qui annonçait le printemps il savait que seule l'histoire de ces deux hommes ferait parler leurs corps meurtris et qu'elle le conduirait vers une aventure beaucoup moins simple que celle que les journaux relateraient le lendemain
La lendemain soir, lors de la réunion de brigade, Federico nous a désigné un objectif : voler des explosifs. "Où ?" j'ai bêtement demandé. Il a répondu : "A Trontano, dans le Piémond, et tu seras le responsable de l'opération. Deux camarades t'accompagneront." Francesca, pendue au bras de Camillierie, m'a souri. Un drôle de sourire qui disait, je ne sais pas trop, "Bravo ! Tu vas réussir !" ou bien "Ma, il ne fallait pas me confier tes souvenirs de jeunesse..."
L’informatisation à outrance des services avait abouti à des conséquences inattendues : impostures, quiproquos, faux, manipulations… Une commedia dell’arte numérique qui commençait à peine.
Mais, l’empathie c’est un moyen d’éviter l’autre en lui laissant croire qu’on est son semblable.
Les romans suivent l’état d’esprit de leur créateur, et souvent avec zèle. Mais, attention, ils ont le chic pour se détourner, se cabrer, se faufiler à la moindre occasion. A l’auteur de les reprendre au lasso et de les guider vers leur fin. A moins du contraire.
A l’époque, vous savez, on n’était pas embêtés par les avocats et tout le tremblement. On travaillait à la caresse. Les baffes, les coups de bottin dans la poitrine et les doigts tordus, ça y allait. Bon il a fini par cracher le morceau et le juge l’a inculpé. On a cru que l’affaire était pliée.
La pensée totalitaire, ajouta-t-il, fabrique des crétins capables de nier l’évidence, de mentir pour être dans la ligne, d’agresser les autres pour se prétendre supérieurs. Je crois que si on laisse faire les intolérants au nom de la tolérance, les tolérants seront balayés, et avec eux la société de tolérance.
En tant qu'écrivain, il prenait garde aux histoires des autres : elles pouvaient sans coup férir, devenir des romans. Il dirigea donc sa réflexion sur l'expérience de communication moderne qu'il venait de vivre et en tira une première conclusion. L'informatisation à outrance des services avait abouti à des conséquences inattendues : impostures, quiproquos, faux, manipulation... Une commedia dell'arte numérique qui commençait à peine.
La semaine précédente, Gianfranco l'avait repéré dans un restaurant du Carrousel, au Louvre. Etttore avait commandé un plat japonais, l'avait englouti en moins de dix minutes et s'était dirigé vers la station Musée du Louvre. Là, il avait tranquillement ouvert un portillon côté tunnel, et avait disparu dix mètres plus loin. Gianfranco n'avait plus qu'à planquer, ou mieux, demander de planquer, moyennant quelques billets, à une famille de sans-papiers roms. jusqu'à ce jour...
Il entendit soudain des cris étouffés. Une langue étrangère. Europe centrale, ou quelque chose. D'abord une femme, puis un homme. Et un silence. Lourd, menaçant.
Si on ne bouge pas, on meurt.
Les bouffons ne sont pas à côté de la société, ils sont les produits de la société.
Aussi longtemps que mon chef fera semblant de bien me payer, je ferai semblant de bien travailler.
L'idéologie du chiffre avant tout avait tracé son chemin silencieusement de mois en mois, sans aucune réaction visible.
Les gens parlaient peu dans la rame. Beaucoup finissaient leurs rêves.
Elle revint vers son bureau avec une tête de panda exilé.
Thierry la regarda avec un air de flibustier qui découvre une femme à bord.
En France un chef ne demande jamais de conseil, il demande à être rassuré dans les décisions qu'il a déjà prises.
Celui qui n'est pas le chef subit le temps du chef, de préférence en silence.
"J'ai l'impression d'avoir pris cette histoire en cours de route, un beau jour de printemps, avec un verre de jus d'orange et un gâteau bourratif."