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Critiques de Alain Deneault (27)
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La médiocratie

Le terrible et jubilatoire incipit de ce petit essai engagé, couplé à un visionnage d'une interview de l'auteur chez Taddei, m'ont donné envie de le sentir de plus près et de voir quelle pensée se déroulait derrière ce concept de "médiocratie", excédée que j'étais devant ces médiocres en effet de plus en plus nombreux depuis quelques années dans les cercles médiatiques et de pouvoirs.

Conquise par l'introduction limpide et percutante, je me suis un peu perdue dans les chapitres qui déroulent l'argumentation et qui vont du monde universitaire aux artistes en passant par celui de la haute finance, convaincue que j'étais que l'auteur allait se centrer sur le monde de l'entreprise, là où il me semblait que se concentraient le gros des troupes des médiocres qu'il visait.

Que nenni, la médiocratie a infiltré tous les univers de nos sociétés nous dit l'auteur, et ce qu'il en ressort c'est une non-pensée orwellienne centrée sur l'argent au service d'une oligarchie qui a tout corrompu, et qu'il s'agit maintenant de collectivement co-rompre.

Vaste programme! que ce petit essai sulfureux amorce en proposant de commencer par identifier les médiocres là où ils sont afin de se positionner par rapport à eux, ce qui permet déjà de redonner un considérable appel d'air à l'esprit!
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La médiocratie

Un essai édifiant sur une tendance qui se confirme à mesure que défilent les années : les médiocres sont au pouvoir, le moyen fait désormais autorité. Alors que le travail est devenu plus un moyen de subsistance qu'une réelle vocation, la paresse intellectuelle s'installe et se dissimule sous la perfection technique. Le goût du travail bien fait ou le simple sens des responsabilités sont considérés comme des défauts, le moins étant l'ennemi du mieux. Même le milieu universitaire est pervertie par les impératifs de rentabilité et de publicité. Les étudiants sont devenus des produits destinés à répondre aux besoins d'une clientèle spécifiques, les entreprises. Les chercheurs participent à cette manipulation du savoir à des fins commerciales en n'ayant d'autre choix que d'accepter les financements privés et deviennent partie intégrante du processus de lobbying. Une étude passionnante et terrifiante qui questionne le processus d'acculturation à l'oeuvre depuis des décennies.
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La médiocratie

Je n'ai jamais compris la popularité d'Alain Deneault, tant en France qu'au Québec. Pourtant, je partage une bonne part de ses convictions. En plus, il écrit d'une plume lapidaire qui cherche à enflammer les cœurs.



Mais chaque fois que je lis, je réalise que si je n'avais pas été d'accord d'avance, il ne m'aurait pas convaincu de revoir mes convictions.



Dans Médiocratie (à lire avec son autre essai de la même époque "Les Politiques de l'Extrême Centre"), il tente d'expliquer le règne de l'incompétence dans nos sphères politiques. La thèse est la suivante : on nous offre une illusion de choix politiques alors qu'en fait, tous les partis/politiciens sont identiques.



Pour en arriver à cette conclusion, il fait un tour de passe-passe sémantique : À peu près toutes les options politiques, même celles qui n'ont aucun point en commun, tirent leurs sources d'une forme ou une autre de libéralisme. Donc, puisqu'on peut tous leur accoler cette étiquette vague, on n'a pas réellement de choix.



Ça me semble plutôt de mauvaise foi. Il faut aussi noter que les exemples qu'il donne relèvent presque tous de l'économie : les Partis veulent séduire les détenteurs de capitaux.



Soit.



Mais pour accepter sa thèse, il faut donc ignorer complètement les différences fondamentales entre les positions des différents Partis sur la question nationale, l'immigration, les droits des minorités, des femmes, des personnes LGBTQ+, etc.



J'imagine que c'est juste un oubli malheureux... Attendez, on m'informe que le dernier livre de Deneault est un énième essai contre les "wokes".



Ah, je comprends maintenant. Ce n'est pas un oubli.
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Paradis fiscaux et souveraineté criminelle



La moitié du stock mondial d’argent est concentré dans les « paradis fiscaux ». Dès lors, les institutions publiques n’ont plus d’emprise sur la marche du monde et le cours historique des choses ne répond plus aux principes démocratiques. Dans les États de droit, des subalternes se prêtent « au cirque des campagnes électorales et au théâtre des assemblées législatives ». Au delà de l’évasion fiscale, il est question de politiques privées menées en dehors des lois, sans réglementation ni contrôle et en parfait anonymat.



Article complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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De quoi Total est-elle la somme ?

Pas d'équivoque, la quatrième de couverture annonce la couleur ; c'est un livre à charge contre les pratiques de la société pétrolière Total.



Historiquement, Total est la somme de deux sociétés pétrolières françaises et d'une société belge, PetroFina.

La première, la Compagnie française des pétroles (CFP), est créée par le gouvernement français après la première guerre mondiale pour s'affranchir de la dépendance des Etats-Unis en approvisionnement pétrolier. Elle se spécialise rapidement dans l'aménagement de partenariats libéraux avec d'autres grands groupes, la création de cartels. La seconde, l'Union générale des pétroles, crée à la fin des années 1950 et qui deviendra la société Elf, se spécialise dans la diplomatie parallèle et les rétrocommissions pour se donner les moyens de faire main basse sur les ressources de plusieurs pays d'Afrique.



Aujourd'hui privatisée, la multinationale française Total, seulement à 28% française, bénéficie du support total de l'Etat français (la visite du président François Hollande au Canada en 2014 commencera par une visite à Calgary, chez Total, pour soutenir l'industrie des sables bitumineux, quelques mois seulement avant la tenue à Paris de la COP21, la conférence internationale du climat) mais ne paye quasiment pas d'impôts en France alors que son chiffre d'affaires, en baisse, avoisinait les 150,000 milliards de $ en 2016.



Cet essai très documenté et très lisible explique comment cette multinationale a vu le jour et comment elle agit au travers d'un vaste réseau d'entités légales, ce qui lui permet d'être un pouvoir autonome.



Total, c'est un cas d'école, représentatif des agissements et de la puissance des multinationales, organisations de pouvoir incontrôlables, capable d'influencer les États, voir de dicter leurs règles.

Pour elles, affirmer « ne pas faire de politique » c'est se placer au dessus des lois.



Cet essai passionnant est conseillé à tous ceux qui veulent comprendre la place qu'ont pris les multinationales. Il est particulièrement conseillé à tous ceux qui veulent comprendre la présence de Total et de l'armée française au Mali ou en Libye, la présence de Total en Birmanie, ou encore comprendre comment une catastrophe comme l'explosion de l'usine AZF à Toulouse n'a pas été jugée, ni les victimes traitées avec le respect qu'elles méritaient.

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La médiocratie

Par et pour les chiffres, le rendement, l’humain est de plus en plus nié. Nié dans la globalité de ses capacités, nié dans la pluralité de ses connaissances, nié dans la complexité de son être. Machinisé, rationalisé, standardisé, il s’attèle aux tâches limitées et répétitives qui lui sont demandées. « Récompensé » d’un salaire toujours plus maigre, coupé de toute force vitale, de tout élan créateur, et écrasé par une vision managériale du « toujours plus », l’épanouissement individuel se réduit à peau de chagrin.



Dans cette ambiance qui est celle de notre vie moderne, tout serait devenu médiocre, moyen, fade et sans passion. Un auteur s’est intéressé au phénomène et vous livre sa réflexion dans La Médiocratie (éditions LUX).



Cet auteur, Alain Deneault, est docteur en philosophie et auteur. Pas du genre à “parler tiède”, il annonce d’emblée la couleur :



” Rangez ces ouvrages compliqués, les livres comptables feront l’affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l’aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Atténuez vos passions, elles font peur. Surtout, aucune “bonne idée”, la déchiqueteuse en est pleine. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le et décontractez vos lèvres – il faut penser mou et le montrer, parler de son moi en le réduisant à peu de chose : on doit pouvoir vous caser. Les temps ont changé. Il n’y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l’incendie du Reichstag, et l’Aurore n’a encore tiré aucun coup de feu. Pourtant l’assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir.”



Cette couleur et ce phrasé fort, auxquels nous sommes de moins en moins habitués, désignent finalement un phénomène que nous sommes nombreux à ressentir sans parvenir à le distinguer clairement. Et pour cause, ses rouages sont à la fois discrets et surtout parfaitement intégrés au paysage social. Bienvenue dans un monde où même le subversif s’achète et se détourne pour mieux continuer à faire croire qu’il existe vraiment. Bienvenue dans un monde où la vie en entreprise atteint des sommets d’abrutissement et d’aliénation, où les médias portent en étendard une prétendue objectivité qui n’est qu’un outil de renforcement d’une classe dominante, où la télévision “casse le lien social réel” pour en proposer un “simulacre”, où l’art moderne incarne une vacuité vulgaire, symptomatique de la place réelle laissée dans notre société à la créativité et à l’expression réelle de chacun. Voilà le tableau peint par l’auteur… et l’image est laide.



(critique suivie d'une interview de l'auteur à lire sur le site)
Lien : http://www.ca-se-saurait.fr/..
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La médiocratie

Dans cet essai, le philosophe québécois Alain Deneault étaie l’idée du système étatique de la médiocratie. Axant son étude sur le cas du Canada, plus particulièrement du Québec, ce serait selon lui cet ordre dans lequel tout devient moyen qui caractériserait davantage le régime politique du pays, et non pas la démocratie, comme c’est pourtant officiellement et communément admis. Le principe de la démocratie est celui du gouvernement du peuple par le peuple, or l’auteur de « Gouvernance » croit que celle-ci, dans cette région du monde, « reste à faire bien plus qu’à préserver ».



La médiocratie est divisé en quatre courts chapitres dont les titres laissent croire à un travail académique bien en règle. En premier, on a « savoir et expertise », ensuite « commerce et finance », puis « culture et civilisation », pour ne nommer que les trois premiers, les principaux. Je reviendrai plus tard sur le dernier. Disons que le tout se présente sous la forme d’un essai essentiellement rhétorique comme on en voit souvent écrits par des bien-pensants qui se disent préoccupés par les questions « d’éthique » mais qui ne révèlent rien de consistant mises à part les capacités de leur auteur à se conformer au format prescrit pour les publications à l’ère de la médiocratie. Au contraire, cet ouvrage « comme les autres » en apparence s’en distingue sur le fond. Sur le ton de l’arrogance, il s’avance et il dérange, dénonçant les revers de la pensée dominante, regorgeant d’informations salées et compromettantes pour les institutions officielles, et qui aident le lecteur à mieux comprendre les rouages du pouvoir caché mais véritablement établi dans la société.



C’est donc sous des airs empruntés aux essais politiquement correct, pour ne pas dire « bée-bête », que Deneault rend l’exposé magistral de son érudition subversive. On remarque que si son savoir n’entre pas dans les normes de ce qui est permis, il est en revanche tout sauf « superflu », à l’opposé de ce qu’il dénonce être produit aujourd’hui dans les universités de la médiocratie, le plus souvent par des experts soumis au jeu de l’élite financière. Par ailleurs, non seulement le titre de La médiocratie est trompeur puisqu’il recèle la vision d’un intellectuel résistant à la pression de la médiocrité, prétendant à une certaine grandeur, mais, en plus, les analyses de ce dernier s’appuient sur un travail journalistique mené avec rigueur, des données statistiques, des faits et des exemples concrets, depuis la collusion des universités québécoises avec les firmes d’énergie transnationales jusqu’aux partys privés à Sagard qu’il nous rend impossible d’ignorer. En somme, son ouvrage est aussi divertissant qu’instructif et il fait un joli pied-de-nez à ces autorités.



L’esprit, le style de Deneault est inimitable. La façon avec laquelle, dans cet opus publié en 2015, les institutions et les dimensions de la vie publique sont passés au crible d’une analyse vitriolique qui la dépeint dans des figures comme celle de « l’analphabète secondaire » étudiant dans les universités ou encore de « l’ermite de masse » qui passe tout son temps isolé parmi les autres devant son écran de télé ou du professeur « Superman », rien n’échappe au regard critique de ce professeur de philosophie.



Cependant, à mon avis, celui qui se présente comme un « penseur » est avant tout un excellent humoriste ! En effet, malgré la lourde teneur des propos de Deneault, je ressors franchement satisfait à la fin de ce qui pourrait tout aussi bien être une œuvre de fiction, pourquoi pas, une satyre, marqué encore par ses images, ne serait-ce que ce fameux portrait des « colons » du Canada.



Enfin, je dois dire que le comble du comique se retrouve dans ce tout dernier chapitre, où le philosophe fait son appel à la prise de conscience universelle et au soulèvement… J’avoue que c’est là que mon rire s’est étrangement modulé. Dans le but, peut-être, de détourner l’attention de son lecteur sur sa grande influence marxiste, Deneault puise dans la pensée d’Aristote pour rallier son public autour de l’idée non pas d’une révolution à faire mais bien d’une « co-rruption ». J’hésite… Est-ce un bel exemple de prouesse d’humour au quatre-vingt-treizième degré ou une basse concession à la médiocrité ?
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La médiocratie

Trois textes réunis en un volume: "politique de l'extrême" où l'on voit que la politique est un produit de consommation de masse qui se vend bien à l'économie libérale quoiqu'elle dise s'y soustraire; "la médiocratie", comme un mauvais conte de l'évolution d'une civilisation qui ne croit plus qu'en un seul compte (bancaire!: le plaisir d'une société de se distraire plus que celui de se re-créer d'une manière moins hédoniste qu'elle ne veut le croire) et s'enferme peu à peu dans une sorte de déliquescence, d'abrutissement, de médiocrité; "gouvernance": sorte d'errance de la pensée matérialisant nos communs dans une forme de résignation à faire plutôt qu'être.

Bon avec tout ça, on ne peut que se révolter. Mais là encore, la révolte n'a plus cours que d'une façon marchande, une sorte de harangue qui dit le bien qu'on oppose au mal, qu'en toute chose existe son contraire sans qu'il n'y ait aucune nuance (pas même de "grey"!) possible.

Dire qu'on nous condamne à être moyen en tout. Dire qu'on nous entraine vers un absolu médiocre, qu'on nous endort petit à petit dans un monde évanescent de la consommation et de l'oubli de l'altérité pour ne connaitre en définitive que la défaite d'être unique, individualiste, pas même l'individu que je connais.

À lire en toute liberté.
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La médiocratie

Essai vraiment intéressant qui met des mots plus scientifiques à ce que j'observe depuis longtemps. La lecture peut être ardue pour quelqu'un qui n'est pas familier avec les références littéraires, politiques, culturelles qui sont nombreuses, le vocabulaire est également très soutenu.
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Noir Canada : Pillage, corruption et crimin..

14 lecteurs mais aucune chronique. J'aurais aimé en trouver une car figurez-vous que ce livre n'est pas en médiathèque du Val d'Oise, et vendu d'occasion à des prix prohibitifs, dernier en vue via la Fnac 548 € !! Le moins cher 53 euro sur Recyclivre. Sachant qu'il date de 2008. Comme diraient les jeunes : c'est abusé. ;))

Du grand n'importe quoi, ce n'est tout de même pas un incunable !

Donc bouteille à la mer si quelqu'un souhaite s'en délester à des conditions raisonnables.......
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L'économie de la nature

Un livre très court et facile à lire (un peu moins à comprendre) qui explique que le sens du mot "économie" a évolué à partir de la création et de la diffusion du capitalisme jusqu'à conduire à la définition que nous connaissons actuellement. Cette évolution du mot a entrainé la création de celui d'"écologie". Quelles sont les conséquences de tout cela ? L'auteur montre que l'être humain s'est extrait du fonctionnement des écosystèmes, qu'il a mathématisé pour pouvoir mieux les maitriser. Et c'est là que la bât blesse ! Comment envisager sans erreur le fonctionnement d'écosystèmes sans considérer que l'être humain en est une composante ?

Intéressant mais ce livre aurait eu plus d'impact s'il était plus facile d'accès.
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Le totalitarisme pervers

Un petit livre - preque un livret - intéressant, traitant du pouvoir de corruption inhérent aux puissances industrielles internationales avec démonstration sur background du groupe Total, exploitant (dans tous les sens du terme) les ressources terrestres (là encore, dans tous les sens du terme, humain compris).

Les faits et citations sont édifiants.

Je regrette, cependant, un style parfois inutilement lourd, d'autant que ce bouquin fait office de synthèse du livre "De Quoi Total Est-Elle La Somme ?" (réduit ici à 25% de son volume initial) : on est en droit de supposer que l'objectif était de rendre le travail de l'auteur accessible à un plus large public; le texte aurait gagné à lui aussi être épuré d'un style assez universitaire.

Toutefois, c'était très intéressant !

J'ai particulièrement apprécié le dernier tiers du livre - notamment les citations attribuées à Pierre FEDIDA - à propos de la loi, sa légitimité, sa violence. L'étude, ici d'ordre philosophique, de ce thème, explique aussi la complexité du texte, cohérente face aux notions abordées.
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De quoi Total est-elle la somme ?

Excellent essai. La prouesse ici, à mon sens, est de condenser en si peu de pages tout ce qui constitue puis découle de "l'univers TOTAL". Pour les néophytes, il y a de quoi piquer des crises de nerfs. Attention toutefois, tout ceci est présenté en surface.



Ce que j'apprécie le plus au niveau de ce bouquin, c'est que l'auteur a réussi a très bien articuler sa pensée. Il explique et démontre simplement et impitoyablement le système TOTAL.



Autre point fort de cet essai : l'auteur se concentre sur TOTAL mais en profite pour montrer les mécanismes inhérents aux autres multinationales, afin de véritablement montrer des stratégies politiques et économiques et ne pas considérer cela comme l'acte isolé d'une multinationale.





Enfin, des félicitations pour les notes. C'est assez rare pour être signalé, mais la mise en page est claire, le propos limpide et l'intérêt certain. Ce qui n'est pas toujours le cas dans ce genre d'ouvrage, loin de là...





Bref, je ne peux que vous conseiller "De quoi TOTAL est-elle la somme ?".
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Gouvernance : Le management totalitaire

Gouvernance, voilà un mot fréquemment utilisé de nos jours dans les médias, sans que l'on sache vraiment le définir. Il est probable que 99% d'entre nous peineraient à expliquer la différence avec gouvernement.



Ce terme de gouvernance, tombé en désuétude, revint en force dans les années 90, suite à une série de scandales et la chute de quelques entreprises mastodontes, les plus connues étant WorldCom et Enron.



Les principaux dirigeants d'Enron avaient mis en place un système complexe pour dissimuler certains des investissements et certaines dettes, ceci afin d'améliorer le bilan... et de faire monter le cours de l'action. Lorsque ces investissements perdirent de leur valeur, l'entreprise fit faillite, pénalisant les actionnaires... et aussi - surtout -, les employés, dont la retraite était basée sur les actions.



Des principes et des règles de gouvernance furent alors édictés, leur but officiel étant de protéger l'investissement des actionnaires en cas de malversation des dirigeants. Il est plaisant de constater que les actionnaires avaient eux-mêmes tendu le bâton pour se faire battre: en effet, rémunérés en actions, les dirigeants étaient fortement incités à faire monter le cours de Bourse.



Mais fermons la parenthèse. La thèse d'Alain Deneault est beaucoup plus inquiétante. Il nous montre que la gouvernance, originellement limitée à l'entreprise, s'est étendue à la politique, et à toute l'économie. En un mot, ce principe de protection des investisseurs, s'applique désormais à l'ensemble des individus. Elle dépossède les gouvernements de la possibilité de choisir d'autres politiques, plus favorables à leurs administrés. Tiens, par exemple, les décisions sur les retraites, la gestion du secteur hospitalier, de l'éducation, sans parler de l'agriculture, sont elles prises en fonction de l'intérêt général, ou d'intérêts particuliers?



On entend toujours parler de "bonne gouvernance", mais les caractéristiques de celle-ci sont plutôt nébuleuses, malgré le nombre important d'instituts qui travaillent sur le sujet, et les financements privés juteux qu'ils reçoivent. Et pour cause: les apôtres de la gouvernance avancent avec des intérêts masqués. C'est par exemple au titre de la "bonne gouvernance" que l'on continue à exploiter des ressources dans les pays dits "en voie de développement" en leur versant une toute petite partie des revenus de cette exploitation, et, au passage, en se faisant exempter le plus possible d'impôts et de taxes.



Alain Deneault met en exergue les contradictions de ces principes, par exemple lorsqu'ils promeuvent benoîtement la discussion avec les "parties prenantes", tout en insistant sur la nécessité d'une organisation extrêmement hiérarchisée, et d'une prise de décision totalement centralisée. La ressemblance avec le récent épisode de la réforme des retraites me semble exactement correspondre à ce schéma pervers.



C'est également à ce titre que des universités - financées par le secteur privé - se voient orientées vers des recherches dont l'intérêt est évalué en fonction de leur potentiel commercial.



Je viens de consulter le site de l'ONU, et l'on y découvre que le principal ennemi de la 'bonne gouvernance' serait la corruption, qui officiellement, engloutirait au bas mot mille milliards de dollars chaque année. Donc, sans surprise, il est recommandé de lutter contre ces pratiques... mais, comme le souligne Alain Deneault, pour corrompre, il faut être deux: le corrompu et le corrupteur. Si certains gouvernements sont régulièrement accusés d'être corrompus, on s'intéresse bien moins à ceux qui les corrompent...



L'idée de la bonne gouvernance est que toutes les décisions devraient être prises par des experts. Or, quels meilleurs experts que les managers d'entreprise? Les autres, gouvernements, citoyens, sont aimablement désignés comme des "parties prenantes" dont le but, on l'aura compris, doit aller dans le bon sens: un partenariat. L'exemple du Congo est éclairant: un rapport de 60 pages signé Banque mondiale et intitulé "la bonne gouvernance dans le secteur minier comme facteur de croissance" fait appel à des experts et des consultants géologues travaillant également pour des sociétés minières...



Pire encore, lorsqu'une entreprise fait faillite, ou commet des fraudes, alors, on accuse les États de ne pas avoir posé les bonnes barrières pour l'éviter. De ne pas avoir mis en place une "bonne gouvernance". La faute est donc rejetée sur les gouvernements. Imparable!
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Bande de colons

Qu’est-ce que le Canada, sinon une création commerciale et juridique, née de la conquête britannique de 1763? Dans cet essai percutant, Alain Deneault présente le “plus meilleur pays du monde” (dixit Jean Chrétien) comme une simple entreprise destinée à maximiser le rendement sur l’investissement des hommes d’affaires anglais (les colonisateurs) qui ont tiré un immense profit du travail de la population (les colons) attirée par ce territoire arpenté depuis des siècles par les Premières nations (les colonisés).
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Moeurs : De la gauche cannibale à la droite v..

Je sors un peu mitigé de cette lecture. J'ai souvent entendu Alain Deneault dans des entrevus et je le trouve intéressant et pertinent. là j'ai été par moment confuse et surprise. L'auteur veut dénoncer les débats trop polarisés, mais son argumentaire n'était pas toujours objectif (se basait sur des expériences personnelles). C'est un essai d'actualité puisqu'il dénonce des éléments de la pandémie de la Covid-19, mais semble supporter certaines théorie du complet en citant le podcast de Joe Rogan (je ne veux pas partir de débat ici!). J'ai aussi été un peu dérangé par un philosophe qui se cite lui-même. Ça n'empêche pas que je suis d'accord avec certains éléments dénoncés, mais pas toujours avec les arguments apportés. Et certains des chapitres m'ont juste fait sourcillé. concernant le style, j'ai l'impression de lire quelqu'un qui écrit ses pensées et ne pas avoir nécessairement un texte qui est construit de sorte à bâtir son argumentaire.
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De quoi Total est-elle la somme ?

Alain Deneault dénonce la dérive de certaines multinationales dans "De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit", un livre enquête très bien écrit, bien documenté et très complet.

Il décrit le cas Total mais on peut certainement appliquer ces constats à toutes les entreprises du secteur et assurément à bien d'autres.

Comploter, coloniser, collaborer, corrompre, conquérir, délocaliser, pressurer, polluer, vassaliser, nier, asservir, régir, autant de verbes pour autant de chapitres mettant en exergue les comportements d'un groupe qui se croit au dessus des lois, et qui, pour le moment, semble bien l'être...

Un livre qui se lit comme un roman ai-je lu quelque part, et c'est bien vrai, une fois commencé on a de la peine à le lâcher...

J'ai été un peu moins conquis par le court essai intitulé Le Totalitarisme pervers que l'on trouve à la fin et qui tente de mettre en perspective le fonctionnement des multinationales, trop conceptuel et trop ardu pour moi, dommage le reste est parfaitement digeste.

Un livre nécessaire, à lire à large échelle, permettant de tirer la sonnette d'alarme sur les dérives d'un certain système et les perversions du droit, qui parfois se trouve bien loin de l'éthique et de la morale...



Ouvrage reçu lors d'un Masse critique, merci à Babelio et aux éditions Rue de l'échiquier pour cette belle découverte
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De quoi Total est-elle la somme ?

Je ne saurais vous résumer de quoi Total est la somme (je n'en ai pas la prétention), mais il n'y a pas à dire : c'est une sacrée somme. Il a tout d'abord fallu que je m'accroche sérieusement à cet ouvrage, non parce qu'il est ennuyeux, mais parce qu'il aborde des domaines que je ne maîtrise pas du tout : l'économie et la politique. Dur !



Intéressant, pourtant. Je savais à quoi m'attendre : clairement, il était question de magouilles de multinationales. Je dois avouer que j'ai été sincèrement horrifiée de voir le pouvoir et la mainmise que s'arrogeaient certaines entreprises (Total en particulier), mais également certains États - dont La France !



Pour moi qui suis profondément optimiste, (mais non aveugle pour autant) il y a de quoi être chamboulée que de voir tout ce qui peut se passer en coulisses, loin du citoyen lambda... J'apprécie donc d'autant plus ce genre de livres.



Je mets 4 étoiles cependant pour une question pratique : j'aurais apprécié des schémas qui parlent à l’œil, parfois plus efficaces pour le néophyte !
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La médiocratie

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Paradis sous terre

Un livre récent, qui prend la relève du livre du même auteur, "noir Canada" qui a dû être retiré de la vente sous la pression financière de certaines industries minières. Les auteurs analysent avec précision, en s'appuyant sur une énorme documentation, le fait minier au Canada, et notamment ses dérives. Ils montrent que le modèle économique est toujours celui d'une colonie, dévolue à l'exploitation minière. Peu d’impôts et peu de législation attirent à Toronto près de trois quarts des industries minières du monde. Elles peuvent en toute impunité, et dans le monde entier, se livrer à l'extraction des minerais. Elles n'enrichissent ni les pays hôtes, ni le Canada, seulement leurs actionnaires.

Ce livre est une analyse décapante d'un certain capitalisme sauvage, qui gangrène les démocraties. Les auteurs font preuve de courage, car les compagnies dont ils dévoilent les méfaits ne sont pas de enfants de choeur.

Un livre dérangeant, inquiétant, mais qui développe le sens critique de ses lecteurs, et peut les aider à devenir des citoyens moins naïfs.
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