Alain Kervern

déferlantes sur la grève
dans la cuisine
les verres tintent

retour au port
le couchant
pue le mazout

Le poète est donc un miroir , et chaque mouvement de son esprit correspond à quelque chose qui bouge quelque part dans l'univers.

soleil couchant
du sable plein les yeux
ça pique

Iroise sauvage
nul n'oublie ce bout du monde
pas même le vent

  
  
Plus personne
sur la terre
sinon la pleine lune


//Yamazaki Jusseï (1947)

  
  
Descendus des collines
dans les rizières les oiseaux
automne tardif


//Hara Kyõ

La rivière en automne
Du monde flottant des hommes
se tient écartée

Tairo

Par le trou du mur
Le ciel du nouvel an
Est aussi beau

Issa

Au fond du vase
rempli d'eau de jouvence
de l'eau de l'an dernier

(Shiki Masaoka, 1867-1902)

Onze cavaliers
chevauchent sans retour
tempête de neige

(Shiki Masaoka, 1867-1902)

Ô mon pays natal
où que je regarde
la montagne me sourit

(Shiki Masaoka, 1867-1902)

Dans ce jardin le couchant
Sur les pierres s'attarde
A jamais

Takahama Kyoshi

Fukushima
la lune d'hiver brille
sur une ville morte

Shigemoto Yasushiko

Demain ne resteront
dans les décombres
que les pousses du printemps

Hoshino Tsunehiko

Bientôt par milliers
ces oiseaux ne sauront pas
que la forêt se meurt

Kaneko Tôta

L'herbe du vert de l'été
voici qu'elle tourne
au bleu de l'océan

Koga Akiko

Sous les cerisiers en fleurs
il n'y a plus
d'étrangers

Kobayashi Issa

Entre les serres brûlantes
du Roi des Enfers
l'archipel japonais

Kodama Chiyoko

La sombre illusion
d'un réacteur nucléaire
tombe tombe la neige

Ogawa Keishû