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Citations de Alain Mascaro (118)


La nourriture apportée par Anton n’y était pas étrangère : grâce à elle, Simon avait pu rétablir bon nombre de prisonniers, car une des pires maladies au Lager, c’était la faim. Mais il en existait une autre, presque aussi essentielle, la faim de l’esprit. Certains déportés étaient prêts à donner une ration entière de nourriture pour un morceau de papier, un bout de crayon, un livre, seuls moyens de repousser le Golem qui voulait les dévorer. 
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Dehors, la nature hésitait entre l’été et l’automne, il y avait encore quelques coquelicots dans les champs, la terre exhalait des senteurs de foin mouillé ; les chemins qui partaient à travers la campagne polonaise étaient comme de dangereuses invitations à la rêverie ou à la fuite.
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Il apprit assez vite à reconnaître ceux dont l’âme était presque intacte, enfouie comme une braise sous une gangue de cendre grise et froide, et à éviter ceux que le camp avait révélé cruels et sourds comme des mantes. 
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Il aima aussi La Vie antérieure de Baudelaire parce que ce sonnet formulait avec légèreté ce que lui-même pressentait avec force : que les hommes avaient éternellement la nostalgie d’un ailleurs qui n’était lui-même que le souvenir voilé d’un au-delà encore plus lointain. 
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C’était un fabuleux conteur qui connaissait par cœur des centaines de récits du monde entier, notamment et surtout ceux des peuples sans écriture. Il affirmait avec véhémence que la vérité du monde était tout entière inscrite dans les mythes et les contes de tradition orale, qu’ils procédaient par images, par figures, pour formuler les équations essentielles qui régissaient les existences humaines.
« Sais-tu ce que les guérisseurs navajos utilisent pour guérir les malades ? Des poèmes ! Parfaitement monsieur, des poèmes !  
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Pourquoi nous font-ils faire ça ? avait demandé un jour Hristo qui, bien que deux fois plus âgé qu’Anton, était toujours celui qui posait les questions.
— Pour que nous ressemblions à l’idée qu’ils se font de nous.  
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Qui n’a jamais vu la pluie d’automne sur la Pologne ignore ce qu’est la mélancolie
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Papu Jag, demandait par exemple Nanosh, y a-t-il des hommes dans la Lune ?
— Il n’y en a plus qu’un seul, hélas, répondait Jag. Mais autrefois, il y en avait beaucoup ! Ils menaient une vie facile : leur seul travail était d’entretenir le feu pour que la lune brille. À cette époque-là, elle était toujours pleine. Mais un mauvais homme, un gadjo qui n’aimait pas ses semblables les bannit de la lune. Depuis, le mauvais homme doit entretenir le feu tout seul, et il n’y parvient pas, c’est pourquoi la lune s’éteint régulièrement. Quand elle commence à se rallumer, c’est que le gadjo est en train de souffler sur les cendres. Quant aux hommes qu’il a chassés, ils se sont dispersés très loin dans le ciel et Devel leur a donné la mission d’allumer chaque jour les étoiles. Si vous regardez bien, vous les verrez qui portent des fagots…
Immanquablement, les enfants se mettaient alors à scruter les étoiles. 
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Katia traversa la piste sur un fil tendu, une ombrelle bleu ciel à la main, tandis que mouraient les dernières notes de l’"Engloutissement". Ce n’était pas une grande équilibriste, elle flirtait en permanence avec la chute, mais c’était cette maladresse qui rendait son numéro intense et émouvant. En bas, le sable de la piste semblait d’une dureté implacable et elle, si menue.
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D’un grand sac de tissu informe naissait soudain un éléphant, une autruche, un cheval ; de quelques morceaux de manche à balais rapidement reliés apparaissait un Pinocchio immatériel qui flottait dans l’air. Les objets du quotidien, ceux qui peuplent les maisons et qu’on ne voit plus, acquéraient soudain une autre forme, une autre destinée. Le parapluie devenait marabout ; le bidon de lait, quille ; la chaise, morceau de girafe ; la roue de vélo, rouage d’une gigantesque machine absurde qui dévidait des rubans de couleurs comme l’horizon des arcs-en-ciel. Personne ne riait mais tous les visages étaient étonnés, ouverts, naïfs à nouveau. C’était en cela que consistait la magie des clowns Bhaskar et Nava : ils redonnaient aux êtres et aux choses leur candeur première, radicale.
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Pour triompher du malheur, il faut le profaner. Et quelle plus belle profanation que la vie elle-même ? Que la force vive de la vie ? Reprendre les voies du vent, faire des enfants, essaimer en tribus sur les chemins d'Europe et du monde, triompher de la mort en s'en riant !
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Ci et là encore, il avait croisé quelques survivants, de Łódź ou de « Lager », la plupart marqués dans leur âme et leur chair, tourmentés par le simple fait d’avoir survécu là où tant d’autres étaient morts. Il les reconnaissait presque du premier coup d’œil. Il lui arrivait de se retrouver en présence d’un parfait inconnu et de se dire que si l’autre relevait la manche de sa chemise, de son bleu de travail, de son costume, on verrait apparaître un numéro de matricule tatoué comme celui que lui-même avait sur le bras droit.
Seuls les bourreaux dormaient du sommeil du juste, c’était une constante, les victimes, elles continuaient à souffrir leur vie durant, jamais leur plaies ne cicatrisaient entièrement.
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haim Rumkowski n « est qu’un pantin qui se prend pour un ventriloque ! Il croit que nous sommes ses marionnettes. Il se joue de nous. Nous sommes ses choses. Mais qu’est-il lui-même ? Ne voit-il pas les fils qui partent de ses membres ? Ne sait-il pas qu’il est un jouet entre les mains des bourreaux ? Il est aveuglé par le pouvoir, ivre parce que les marks qui circulent au ghetto sont signés de son nom. Monnaie de singe en vérité ! Ce n’est qu’un tragique simulacre, un théâtre sordide et ridicule ! Un jour, tout ça s’effondrera, alors peut-être se verra-t-il tel qu’il est ! Le roi est toujours nu, mon garçon, toujours, ne l’oublie jamais !
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s semblaient si certains de leur force et de leur bon droit qu’il aurait été vain de protester, même lorsque l’un d’entre-eux avait pissé sur le marchepied d’une roulotte. Étrange comme la certitude hautaine de leur propre humanité peut amener certains hommes à se conduire comme des bêtes.
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Papu Jag, demandait par exemple Nanosh, y a‑t-il des hommes sur la Lune ?
- Il n’y en a plus qu’un seul, hélas, répondait Jag. Mais autrefois, il y en avait beaucoup ! Ils menaient une vie facile, leur seul travail était d’entretenir le feu pour que la Lune brille. À cette époque-là, elle était toujours pleine. Mais un mauvais homme, un « gadjo« qui n’aimait pas ses semblables les bannit de la lune. Depuis, le mauvais homme doit entretenir le feu tout seul, et il n’y parvient pas, c’est pourquoi la lune s’éteint régulièrement. Quand elle commence à se rallumer, c’est que le « gadjo » est en train de souffler sur les cendres. Quant aux hommes qu’il a chassés, ils se sont dispersés très loin dans le ciel et le « Devel » leur a donné la mission d’allumer chaque jour les étoiles. Si vous regardez bien, vous les verrez qui portent des fagots… »
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Il ne restait rien ,seule l'empreinte triste et sale de la douleur
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On s’était habitué à la mort à une vitesse effrayante. On s’était habitué à laisser les proches sur une charrette, sans cérémonie, presque sans pleurs. On était comme anesthésié, hébété. La mort était devenue banale.
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Oui, Anton eut le temps de s’imprégner de la beauté. Il la recueillait en lui au fil des chemins, il s’en nourrissait, il l’espérait sans cesse et sans cesse elle venait. Pourtant il savait qu’un jour elle lui serait retirée. Johann l’avait dit, son père le disait, Jag et les livres aussi. C’était dit, c’était écrit. L’histoire des hommes était ainsi faite qu’on ne pouvait pas faire un pas sans s’embourber dans un charnier.
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